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BUI

bobine sans bords, qui se met dans la poche de la navette, & sur lequel buhot on devide une portion du fil destiné à former la trame d’une étoffe.

Ce terme est aussi en usage à Abbeville, pour signifier une partie de la chaîne dont les étoffes sont composées.

BUHOTS. s. m. pl. Terme de Plumassier. Ce sont des plumes d’oie peintes, qui servent d’étalage & de montre sur les boutiques des Plumassiers.

BUI.

BUJALEUF. s. m. C’est le nom qu’on donne en Angoumois à la poire de virgoulé. La Quint. Voyez Virgoulé.

BUIES. s. m. & pl. Boii. C’est, selon M. de Valois, le nom qu’on donne aujourd’hui aux peuples qui habitent en Gascogne le pays des anciens Boiens. Voyez Boien.

BUIRE, ou BUYE. s. f. Espèce de broc d’argent, ou d’étain, pour mettre des liqueurs. Hydria, urceus.

☞ BUIS. s. m. On disoit autrefois bouis ; & ce mot s’est conservé dans quelques phrases proverbiales. On s’en sert encore pour exprimer un instrument de Cordonnier. Voyez Bouis.

Buis, (le) Buxum ou buxus, est un arbre de moyenne grandeur, & qui est toujours couvert de feuilles. Sa racine est ligneuse, noueuse, fort dure & bien veinée ; c’est pourquoi on la recherche pour les ouvrages du tour. Elle donne quelques jets de différentes grosseur & hauteur suivant leur âge, branchus & couverts d’une écorce raboteuse, blanchâtre & très-amère. Le bois en est très-dur, sans moëlle, d’une couleur tirant sur le jaune & fort pesant. Ses branches sont garnies de feuilles opposées près-à-près, portées par des queues assez courtes ; elles sont vertes, oblongues, séches, fermes, d’une odeur & d’un goût assez désagréables. De leurs aisselles naissent des bouquets de fleurs, dont les unes sont stériles & les autres fertiles ; les stériles sont composées de trois à quatre étamines à sommets jaunes qui naissent des échancrures d’une rosette coupée en quatre quartiers, & soutenues par un calice à trois ou quatre petites feuilles d’un jaune tirant sur le vert. Les fleurs fertiles n’ont point d’étamines & poussent de leur centre un fruit qui ressemble en quelque manière à une marmite renversée, verdâtre, gros comme une petite noisette, & divisé en trois loges, dans chacune desquelles il y a une capsule cartilagineuse, qui par sa contraction pousse ordinairement avec violence ses semences noirâtres & luisantes. Les feuilles du buis sont quelquefois panachées de jaune ou de blanc.

Il y a une espèce de buis qui ne s’éleve jamais plus haut d’un pied ou deux : ses feuilles sont plus arrondies que celles du grand buis : comme on se sert de cette espèce pour les bordures des parterres, on l’a nommé ’buis à parterre. Le buis ordinaire s’éleve dans les jardins, & on le taille en pyramide ou en boule. ☞ On en fait aussi des palissades, des allées, des labyrinthes. Le buis se trouve communément aux environs de Lyon, du côté de Genève, de Nantua, de S. Claude, & au pied des montagnes du Dauphiné. On a cru que le bois de buis & sa rapure étoient aussi bons que le gayac pour les tisanes dessiccatives. On recommande l’huile de buis pour les maux de dents. On dit couleur de buis, d’une couleur jaune qui approche de celle du bois de buis.

Ce mot buis vient du latin buxus, d’où s’est fait d’abord bux, ensuite buix, & enfin buis, ou bouis, en prononçant l’u en ou. De bouis, ou buis, se sont formé les noms de Boucey, Bussy, Poussy, Poissy, Poussey, Possey, la Bussiére, Busserole, Bouquesolle, Boussigny. Buxetum. Buxiacum, Buxaria, Buxariola, Buxaliola, Buxiviacum. Huet. Le P. Pezron prétend que buis vient de beus & box mots celtiques. Voyez Bouis.

Chez les Anciens, le buis étoit consacré à Cibèle, parce qu’on en faisoit des flûtes, comme on en fait encore. Stace, L. IX, de sa Thebaïde, p. 479, semble aussi à Pitiscus marquer qu’il étoit consacré à Bacchus ; mais il se trompe. Cum Bacchica mugit Buxus, signifie seulement les flûtes, dont on jouoit aux fêtes de Bacchus, & buxus est pris là pour flûtes, comme la matière ordinaire dont on les faisoit, & non pour un arbre consacré à Bacchus. Vossius, De Idol. L. V, C. 48, dit que le buis étoit aussi consacré à Cérès chez les Romains.

☞ Le jour des Rameaux, on porte à l’Eglise, en guise de palmes, des branches de buis bénis.

BUIS. s. m. Contrée de France dans le Dauphiné, appelée communément le Bailliage de Buis, ou les Baronnies. Bruxiensis, tractus, ou ager, Baroniæ. Voyez Baronnies.

Le Buis, Buxium, petite ville qui est un des principaux lieux du Buis, & lui donne son nom.

BUISART, ou BUSART. s. m. Oiseau de proie. Buteo. Voyez Buse.

BUISINE. s. f. Vieux mot, qui signifioit autrefois un instrument de musique. Buccina pastoritia. Quelques-uns prétendent que c’est un fifre, comme on le trouve en quelques Dictionnaires : d’autres que c’est une trompette, & le dérivent de buccina, de bucca & de cano : d’autres que c’est un hautbois, & le derivent de buis, dont il est fait. Quoi qu’il en soit, c’étoit un instrument qui faisoit beaucoup de bruit, & dont les anciens croyoient que se serviroit l’aAnge de l’Apocalypse qui annonceroit le jugement.

BUISSE. s. f. Petite branche d’arbre que le peuple nomme buchette.

Buisse. s. f. Terme de cordonnier. Billot de bois dans lequel est un creux qui sert à donner la forme aux semelles de souliers qu’on bat sur ce billot avec un marteau.

BUISSERIE. s. f. Espèce de mairrain, propre à faire des muids, & autres ouvrages de tonnellerie.

☞ BUISSON. s. m. Ce mot signifie proprement une touffe d’arbrisseau sauvages épineux. Dumus, dumetum. Buisson d’épines, de houx, de genêts. Dieu apparut à Moyse dans un buisson ardent.

Buisson, se dit encore, par opposition à forêt, d’un bois qui n’a pas assez d’étendue pour être appelée forêt : & l’on appelle boqueteau celui qui est moindre que le buisson. Silvula. Les Vocabulistes observent que le buisson ne doit pas avoir au de-là de quinze cens arpens. Il faut avouer qu’un bois de cette étendue fait un assez joli buisson.

Buisson ardent, ou Pyracanthe. Arbrisseau épineux qui porte de petites baies ou fruits d’une belle couleur de feu, d’où lui vient son nom. On le cultive par cette raison dans les jardins, & l’on en fait des palissades, ou on les laisse en boule. Plusieurs Botanistes l’appellent aubépin, & en latin axyacantha Dioscoridis. Les Rabbins disent que le buisson en feu que Moïse vit, étoit d’aubépin, d’où cet arbrisseau a pris son nom.

Buisson. Terme de Jardinier. Arbre que l’on tient bas & petit, & que les Jardiniers, par le moyen de la taille, obligent à prendre la figure qu’ils veulent. Arbor coactæ brevitatis. Voilà des buissons bien conduits. Ces buissons sont tout estropiée. Des buissons de romarin, de chévrefeuil, &c.

On le dit sur-tout des arbres fruitiers, que l’on nomme autrement arbres nains, arbres en buisson & que quelques Provinciaux appellent arbres en bouquet. Les buissons ont cinq ou six pouces de tige, & on leur donne de l’ouverture au milieu, de l’étendue sur les côtés, pour en faire des arbres d’une agréable figure. C’est ce qui les distingue des grands arbres fruitiers, qu’on appelle à plein vent. Un buisson, pour être d’une belle figure, doit être bas de tige, ouvert dans le milieu, rond dans sa circonférence, & également garni sur les côtés : de ces autres conditions la plus importante est celle qui prescrit l’ouverture du milieu ; comme le plus grand défaut est celui de la confusion de trop de bois dans ce milieu. La Quint. Resserrer un buisson qui s’évase trop. Id.