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BRU

lent ardemment pour ce qu’ils souhaitent, & se lassent bientôt de ce qu’il possedent. Il y a des personnes louables qui semblent nées pour le bien général du monde, & qui ne brûlent que du desir de rendre les autres heureux. Vill. On est bientôt las de brûler pour ceux qui ne sont pas en état de brûler pour nous.

Je ne veux pas brûler pour une abandonnée. Mol

Or vous donc, qui brûlant d’une ardeur périlleuse,
Courez du bel esprit la carrière épineuse. Boil.

Bruler est aussi réciproque, & signifie comme dans le neutre, être brûlé. On ne peut toucher cela sans se brûler.

Quand on se brûle au feu que soi-même on attise,
Ce n’est point accident, mais c’est une sottise. Reg.

Bruler, se dit proverbialement en plusieurs phrases. Graissez les bottes d’un vilain, il dira qu’on les lui brûle ; pour dire, qu’il y a des gens qui ne connoissent pas les bons offices qu’on leur rend. On dit aussi, qu’un homme brûle sa chandelle par les deux bouts ; pour dire, qu’il fait des dépenses de plusieurs sortes qui le ruineront bientôt. On dit aussi, qu’il s’est venu brûler à la chandelle, quand il est sorti d’un lieu où il étoit en sûreté, pour se faire prendre en un autre : ☞ ou lorsque voulant simplement s’amuser auprès d’une jolie personne, il en devient amoureux. On dit que la chandelle se brûle, quand on avertit un homme de doubler le pas pour arriver de jour au gîte. On dit aussi, que le rôt se brûle, pour avertir quelqu’un d’achever vîtement une affaire, pour songer à une autre plus importante qui cependant dépérit. On dit aussi entre joueurs, que le tapis brûle, pour exciter quelqu’un à l’arroser ; c’est-à-dire, à mettre au jeu. On dit, je viendrai à bout de cette affaire, où j’y brûlerai mes livres ; pour dire, je la veux poursuivre avec la dernière opiniâtreté. On dit, qu’un homme brûle à petit feu, quand il languit après quelques chose importante qu’on lui a fait espérer, & qui ne vient point. On dit en badinant, qu’un homme brûle le jour, lorsqu’il fait amende honorable, la torche au poing. On dit d’un homme inquiet & impatient de faire quelque chose, d’aller quelque part, que les pieds lui brûlent. Acad. Fr.

BRULÉ, ÉE. part. & adj. Ustus, exustus, adustus, combustus. On dit de l’eau-de-vie brûlée, du vin brûlé, quand on y a mis le feu avec un papier allumé. Du pain brûlé, de la viande brûlée, quand ils sont trop cuits.

Brulé. Terme d’Astrologie judiciaire : Qui n’est pas plus éloigné du Soleil que de la moitié de l’orbe de sa lumière ; ensorte que Mars, par exemple, sera brûlé toutes les fois qu’il ne sera pas éloigné du soleil de plus de six degrés.

On appelle figurément Cerveau brûlé, cervelle brûlée, un fanatique, un homme qui porte tout à l’excès. Acad. Fr.

Brulé se prend aussi substantivement, & signifie alors l’ odeur d’une chose qui brûle ou qu’on a brûlée. Ce pain sent le brûlé, a un goût de brûlé.

☞ BRULEUR. s. m. Celui qui brûle. On appeloit Ustor celui qui brûloit les corps des morts. Ce mot ne va jamais seul, & ne se dit que dans cette phrase, brûleur de maison, incendiaire. Incendiarius, incensor. On dit proverbialement & figurément d’un homme mal vêtu, qu’il est fait comme un brûleur de maisons.

☞ BRULLOIS. petit pays de France en Gascogne, entre le Condomois & la Garonne.

☞ BRULLON. petite ville de France, dans le Maine, au-dessus de Sablé.

BRULOT. s. m. Terme de Marine. C’est un vaisseau qu’on emplit de feux d’artifice, de matières combustibles, & qu’on attache à de grands vaisseaux ennemis pour les brûler. Navis incendiaria. On l’appelle en quelques lieux navire sorcier. Un Capitaine de brulot est pendu quand il se laisse prendre. On peut comparer certains Aventuriers de parti, aux brûlots qu’on ne se met guère en peine de perdre, pourvû qu’on fasse sauter un gros vaisseau ennemi. P. Dan

Brulot, est aussi une certaine machine dont les Anciens se servoient pour lancer des dards, à laquelle étoit attachée une matière combustible, qu’on leur vouloit darder. Catapulta incendiaria. Perrault. Vit.

Brulot, se dit figurément & burlesquement d’un morceau de pain, de viande, ou d’autre chose, chargé de sel & de poivre, qui brûle le gosier de celui à qui on le donne à manger. Buccea incendiaria.

En parlant d’un homme ardent, inquiet, & qui est une espèce de boute-feu, qu’un parti détache contre un parti opposé on dit figurément, que C’est un brûlot. Acad. Franç.. Expression du style familier.

BRULURE. s. f. Solution de la continuité des parties causées par l’impression du feu : marque qui reste sur une chose brûlée. Adustio. Il lui est resté sur la joue des marques de sa brûlure. Les Charlatans vendent de l’onguent pour la brûlure. La brûlure est légère lorsqu’il s’éleve seulement sur la peau quelques pustules, avec rougeur & séparation de l’épiderme d’avec la véritable peau. Le second degré de brûlure est lorsque la peau est brûlée, dessechée & retirée, sans qu’il y ait pourtant de croûte ou d’esquarre. Le troisième degré est lorsque la chair, les veines, les nerfs, &c. se retirent, & font une esquarre. Degori. Amatus Lusitanus dit qu’un bon remède pour la brûlure, est un onguent fait de cendre de feuilles de laurier brûlées avec de la graisse de porc qu’on fait dégoutter dessus. Le même Médecin dit encore que c’est un bon reméde que de froter la partie brûlée avec de l’onguent populeim, & de mettre des feuilles de vigne dessus. Panarole dit que la boue étant mise sur la brûlure aussi-tôt qu’elle est faite, adoucit fort la douleur. On dit qu’en Hollande les Brasseurs de bière se servent de décoction de lierre, pour se guérir de la brûlure.

BRUMA. Voyez Brama. C’est le même.

☞ BRUMAL, ale. adj. Brumalis. qui vient l’hiver, ou qui appartient à l’hiver. Ce mot est peu usité. Les Jardiniers appellent plantes brumales, celles qui viennent pendant l’hiver. On appelle solstice brumal, le solstice d’hiver. Voyez Solstice. Fêtes brumales, que les Romains célébroient l’hiver en l’honneur de Bacchus. Voyez l’article suivant.

BRUMALES. s. f. pl. ou adj. Fêtes Brumales. brumalia. Ce mot se trouve dans le Calendrier Romain, traduit par M. Blondel ; c’est le nom que l’on donnoit chez les Romains à une fête de Bacchus. Les Brumales duroient trente joues. Les Brumales commençoient le vingt-quatrième jour de Novembre, & finissoient le vingt-cinquième jour de Décembre. Les Brumales furent instituées par Romulus, qui avoit coutume durant ce temps-là de donner à manger au Sénat. L’Empereur Constantin Copronyme célébroit la fête païenne des Brumales en l’honneur de Bacchus, & assis dans une galerie avec ses courtisans il jouoit de la lyre, & faisoit des libations profanes. Fleury.

Le nom de Brumales vient de bruma, qui veut dire hiver, parce que cette fête tomboit au commencement de l’hiver : d’autres dérivent le nom de Brumales de brumus, ou bromius, qui sont des noms qu’on donnoit à Bacchus, en l’honneur de qui on célébroit les Brumales. Voyez le Calendrier des anciens Romains, Cœlius Rhodiginus, Rosinus, Lilius Giraldus, &c. La fête des Bru-