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BON

de Bourbon, Comtesse de Savoye ; Bonne Sforce. Reine de Pologne ; Bonne, femme de Pierre de Brunoro, toute paysanne qu’elle avoit été, fut une illustre guerière, & une véritable héroïne au XVe siècle.

Bonne. s. f. Terme du style familier par lequel on désigne la gouvernante d’un enfant. Cet enfant demande sa bonne. Où est la bonne ?

Bonne, Voyez Beuve.

Bonna. Bonna. Ville d’Allemagne, sur le Rhin, à quatre heures au-dessus de Cologne, capitale de l’Electorat, comme Cologne l’est de l’Archevêché. Bonne est une ville ancienne. On prétend qu’elle a été bâtie au plus tard par Drusus, sous l’empire d’Auguste. Bonne s’est appelée anciennement Colonia Julia, Verona, & Ara Ubiorum, à ce que l’on prétend. Hoffman a donné à cette ville 28° 48’ de longitude, & 50° 42’ de latitude. M. de l’Isle ne la met qu’à 24° 40’ de longitude. Il ne faut point écrire Bon, comme a fait Maty, mais écrire & prononcer toujours Bonne ; c’est l’usage.

Bonne. Ville maritime d’Afrique, en Barbarie, au royaume d’Alger, dans la province de Constantine.

Bonne. Bonna. Petite ville de Savoye, dans le Faussigny, sur le ruisseau de Menoi.

BONNEAU. s. m. Terme de Marine. Morceau de bois, ou de liége, qui flotte sur l’eau, & qui marque l’endroit où l’on a mouillé l’ancre. C’est aussi quelquefois un baril relié de fer. On l’appelle autrement Gaviteau, ou Hoirin.

☞ BONNE-COMBE. Abbaye de France, dans le Rouergue, diocèse de Rhodez, ordre de Prémontré.

BONNEMENT, adv. D’une manière, bonne, sincère, naïve. Simpliciter, bonâ fide. Il a confessé sa faute naïvement, bonnement, à la bonne foi.

Il marque quelquefois de l’incertitude. Je ne saurois bonnement dire où j’ai appris cette histoire. Je ne sais pas bonnement la date de ce contrat, c’est-à-dire, précisement.

☞ BONNE-ESPÉRANCE. Abbaye du Hainaut, diocèse de Cambray, ordre de Prémontré.

☞ BONNESTABLE. Ville de France, dans le Maine, à cinq lieues du Mans. On l’appeloit autrefois Malestable, ou mauvaise auberge.

BONNET. s. m. Habillement qui sert à couvrir la tête, & qui en a quelquefois la figure. Pileus, pileum. Bonnet d’enfant. Bonnet à l’Angloise. Bonnet de femme. Il y a des bonnets de plume, des bonnets ronds, des bonnets de fer, ou salades. On voit fur diverses médailles des bonnets à la Phrygienne.

C’est dans l’entrée de Charles VII à Rouen, le 10 de Novembre 1449, ou du moins sous ce règne, qu’on commença à voir en France l’usage des chapeaux, & des bonnets, qui s’y introduisit depuis peu-à-peu à la place des chaperons, desquels on s’étoit fervi de tout temps. P. Dan. Tom. II, p. 1204. M. Le Gendre, dans les Mœurs & Coût. des Fr. page 234, remonte plus haut. On commença, dit-il, sous Charles V, à abattre sur les épaules l’aumusse & le chaperon, & à se couvrir d’un bonnet ; si ce bonnet étoit de velours, on l’appeloit mortier ; s’il n’étoit que de laine, on le nommoit simplement bonnet. L’un étoit galonné, l’autre n’avoit pour ornement que des cornes peu élevées, par l’une desquelles on le prenoit. Il n’y avoit que le Roi, les Princes & les Chevaliers qui se servissent de mortier : le bonnet étoit la coiffure du Clergé & des Gradués : le mortier fut peu à la mode : les bonnets y ont toujours été, avec cette différence, qu’autrefois ils étoient de laine, & que depuis environ cent ans, on ne les fait plus que de carte, que l’on couvre de drap ou de serge.

Ménage dérive ce mot de l’anglois bonnet, ou de l’allemand bonnit. Le P. Pezron prétend que bonnet est un mot celtique. Pasquier dit qu’il est venu par corruption de bourrelet, parce que les chaperons, qui étoient autrefois la couverture de la tête, que les gens de robe ont quitté les derniers, étoient environnés d’un bourrelet rond qui couvroit la tête ; & le surplus pendoit d’un côté & d’autre : & comme il étoit inutile, on l’a retranché pour en faire des bonnets ronds, que depuis on a changés en bonnets carrés, de l’invention d’un nommé Patrouillet. Ils furent aussi appelés bonnets à quatre brayettes. On appeloit aussi Bifurcati Canonici les Chanoines qui portoient des bonnets carrés. Il dit aussi, que quand on a donné le bonnet dans les Universités aux écoliers, c’étoit pour montrer qu’ils avoient acquis toute liberté, & n’étoient plus sujets à la verge des Supérieurs, à l’imitation des Romains, qui donnoient un bonnet à leurs esclaves, quand ils les vouloient affranchir. C’est aussi pour cela qu’on les appelle maîtres.

Le bonnet sur les médailles est le symbole de la liberté. Elle le tient de la main droite, par la pointe, & il a la forme de ceux que portent nos matelots. Voyez les Antiq. de Nismes, de Paradin, p. 177. Les esclaves, à qui l’on donnoit la liberté, prenoient ce bonnet ; d’où venoit le proverbe, vocare servos ad pileum. Voyez Erasme, Adag. Cent. I, n. 27. Aulu-Gelle, L. VII, c. 4, & Budé sur la dernière Loi, ff. De Orig. Jurisdict.

Quoiqu’on ait mis dans la définition de bonnet, qu’il a à peu près la figure de la tête, cela n’empêche pas qu’on ne donne ce nom à des habillemens de tête qui n’en ont guère la figure. Tel est celui des Chinois. Ils n’ont point l’usage du chapeau comme nous, mais ils portent un bonnet, que la civilité leur défend d’ôter. Ce bonnet est différent, selon les différentes saisons de l’année ; celui dont on use en été a la forme d’un cône, c’est-à-dire, qu’il est rond & large par le bas, mais court & étroit par le haut, où il se termine tout-à-fait en pointe. Le dedans est doublé d’un beau satin, & le dessus couvert d’une natte très-fine, & très-estimée dans le pays. Outre cela on y ajoute un gros flocon de soie rouge qui tombe tout à l’entour, & qui se répand jusques sur les bords ; de sorte que quand on marche, cette soie flotte irrégulièrement de tous côtés, & le mouvement continuel de la tête lui donne un agrément particulier. Quelquefois au lieu de soie, on porte une espèce de crain d’un rouge vif & éclattant, que la pluie n’efface point ; & qui est sur-tout en usage parmi les cavaliers. En hiver on porte un bonnet de peluche, bordé de zibeline, ou de peau de renard ; le reste est d’un beau satin noir, ou violet, couvert d’un gros flocon de soie rouge comme celui d’été. Il n’y a rien de plus propre que ces bonnets ; on les vend quelquefois huit & dix écus ; mais ils sont si courts, que les oreilles paroissent toujours découvertes, ce qui est très-incommode au soleil & dans les voyages. Quand les Mandarins se trouvent en cérémonie, le haut du bonnet est terminé par un diamant, ou par quelqu’autre pierre de riz assez mal taillée, mais enchâssée dans un bouton d’or très-bien travaillé. Les autres ont un gros bouton d’étoffe, de cristal, d’agate, ou de quelque autre matière que ce soit. P. le Comte.

Bonnet, est quelquefois un ornement, une marque de quelque caractère. Un bonnet rouge est un chapeau de Cardinal. Un bonnet de Docteur, est un bonnet qu’on donne à ceux qui reçoivent le Doctorat. Les Docteurs vont toujours en robe & en bonnet aux cérémonies.

On dit, prendre le bonnet de Docteur. Et absolument ; prendre le bonnet, pour dire, se faire recevoir Docteur. Et donner le bonnet à quelqu’un, pour dire, lui mettre le bonnet de Docteur sur la tête. Acad. Fr.

Bonnet Quarré, ou Carré, est le bonnet que portent les gens d’Eglise, les gens de Justice, & les gens de Collège, qui sont Gradués. Pileus quadratus, où si l’on veut se servir de l’expression de Wiclef, pileus bifurcatus ; car cet Hérésiarque, dans son Trialogue, art. 10, appelle les Chanoines bifurcati, à cause de leurs bonnets carrés. Pasquier & du Vair racontent le changement qui est arrivé dans la forme de ces bonnets. Il dit qu’on les appeloit bonnets ronds de son temps, quoiqu’ils fussent carrés. Ils disent qu’à ces bonnets, qui étoient ronds, on commença de donner je ne sais quelle forme de quadrature grossière & lourde, qui fut cause qu’on les appeloit bonnets à quatre brayettes ; que le premier qui y donna la façon fut un nommé Patrouillet, lequel se fit riche Bonnetier aux dépens de cette nouveauté.

Le P. Lobinaeau, dans l’Histoire de Bret. T. I, page