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moyens à lui possibles encouragoit le Roi à cette entreprise) qu’elle étoit la source des hérésies ; mais quand on trouva que Beda condamnoit un langage duquel a grande peine connoissoit-il la première lettre, Beda fut déclaré bedier. Henri Etienne, Disc. prélim. sur son Apologie pour Hérodote, page xiij & ix.

Deniers avancent Bediers,
Et des premiers font les derniers.

Dit un vieux proverbe, en parlant de la vénalité des charges, tirée du recueil de Gabriel Meurier. Ce n’est qu’un Bedier. M. Duchat, dans ses remarques sur l’Apologie pour Hérodote de Henri Etienne, d’où j’ai tiré tout cet article, dit que ce mot vient d’abecedarius, Becedarius, Bediarus, Bédier. Ce mot est aussi dans Nicod.

☞ BEDIFORD. Ville de la grande Bretagne, au royaume d’Angleterre, en Devonshire. C’est un port de mer, sur le Turridge.

BEDILLE. Voyez Belilli.

BEDON. s. m. Homme gras, replet. Obesus, pinguis. Il n’est en usage qu’en ces phrases populaires. Mon gros bedon. Mon petit bedon.

Bedon, signifioit aussi autrefois une sorte de cloche ou un tambour. Exiguum tympanum. La punition des ribaudes à Paris étoit de les mener publiquement avec la flûte & le bedon jusqu’à leur asile du Heuleu avec un chapeau de paille, montées sur un âne, le visage tourné vers la queue, qu’elles tenoient en main en guise de bride. Cette coutume a lieu encore à Bruxelles.

☞ BEDONER. v. Tambouriner. Nicod.

BEDONIQUE. adj. Joachim du Bellay a appelé un Poëte burlesque, un Poëte bedonique, pour montrer que ces vers se pouvoient chanter au son du bedon ou petit tambour. Aussi de tels Poètes avouent que leurs muses n’ont pas besoin de luth ni de viole, que ce sont des musiciennes à castagnettes ou à cliquettes, & à tambours de Biscaye. Sorel, de la connoissance des bons livres, p. 229 p. 230. Le grand Dictionnaire François-Latin in-4o. Paris, 1618, explique bedonique par bouffonique qui n’est pas plus en usage, mais qui s’entend mieux. Du Bellay, fol. 149 de ses Œuvres Françoises, in-8o. Paris 1574, a joint ces deux mots dans le titre de son Ode pastorale à Bertrand Bergier de Montembeuf, natif de Poitiers, Poëte Bedonique, bouffonique.

BEDOUAN. s. m. Vieux mot Blereau. Nicod.

BEDOUÏNS ou BEDUÏNS. s. m. pl. C’est ainsi qu’on appelle des troupes d’Arabes, ou des pastres qui vivent comme les Arabes. Il s’en trouve dans le Diarbek, qui est la Mésopotamie des Anciens, & le long de l’Euphrate ; ils se retirent dans les rochers, volent les voyageurs & les marchands, lors même qu’ils sont en caravanne, sur-tout la nuit, s’ils ne font une garde exacte. Tavernier. Le Roman d’Aubery parle des Bédouins.

Auque payen ne Turc ne Beduïn,
Ne me sorsirent vaillant un Angevin.

Quelques Auteurs croient que ce sont les Arabes Scenitæ, des Anciens : ils n’habitent en effet que sous des tentes qu’ils transportent d’un lieu à l’autre, selon la commodité des pâturages. L’Auteur de l’Histoire de l’expédition de Frédéric I les nomme Bedewini. Tous les Arabes qui habitent sous des tentes, ne sont pas Beduins ; mais ceux qu’on appelle proprement Beduïns, se tiennent dans les montagnes qui sont à l’Orient de la Mecque & de Médine. Quelques-uns disent qu’ils habitent sous des tentes ; & Abraham Echelsensis, dans l’Histoire des Arabes, ch. I. prétend que ce sont eux que Strabon appelle Scénites, de leurs tentes. Volaterran dis qu’ils combattoient sans armes, disant qu’ils ne mourroient point, ou qu’ils ne pourroient éviter de mourir selon que leur destinée étoit réglée ; qu’ils rapportoient tout au destin, & qu’ils adoroient le Soleil, couverts de boue. Joinville, Pasquier, & Mézeray les confondent avec les Assassins. Voyez les Notes de Du Cange sur Joinville. Ils étoient dans une extrême perplexité, si un Beduin ne leur eût promis de leur montrer un gué. Mezer. Ces Beduins sont Arabes de nation, & hérétiques dans le Mahométisme, qui se vantent d’être de la race d’Heli, oncle de Mahomet ; mais au reste sont diffamés par les trahisons, & prêts à toute heure de vendre les Mahometans, aussi-bien que les Chrétiens. Id. Voyez Pasquier, Rech. Liv. VIII. ch. 21. On trouve aussi Baduïns, Baduïn, & selon Abraham Echeliensis il vient du nom du désert Badia, où ils habitent, Voyez sur les Bédouins, le voyage de M. le Chevalier d’Arvieux, donné au public en 1717 par M. de la Roque.

Ce mot vient de bedouy, qui en arabe signifie champêtre, habitans du désert.

BEDUN. s. m. Voyez Bédouïns. C’est la même chose. Joinville dit Bédun. Les Beduns ne croioient point en Mahomet, comme font les Turcs ; mais ils croioient en la loi d’Hély, qu’ils disent être oncle de Mahomet, & se tiennent en montagnes & déserts, & ont créance que quand l’un d’eux meurt pour son Seigneur, ou autre quelque bonne intention, que son ame va en un autre meilleur corps, & est à plus grande aise que devant. Et pour ce ne font compte de mourir pour le commandement de leurs anciens & supérieurs. Ces Beduns ne demeurent ne en ville ne en cité, mais gisent toujours aux champs & aux déserts ; & quand il fait un mauvais temps, eux, leurs femmes & leurs enfans fichent en terre une façon d’habitacle qui est fait de tonnes & cercles liés à des perches, ainsi que font les femmes à sécher les buées, & sur ces cercles & ces perches, jettent des peaux de grands moutons qu’ils ont, qu’on appelle peaux de Somas, corroyées en alun, & les Béduns même en grandes pelices, qui sont à grand poil, qui leur couvrent tout le corps. Et quand se vient le soir, ou qu’il fait mal temps, ils s’encloent & retirent en leurs pelices ; & ont leurs chevaux, ceux qui suivent les guerres, la nuyt paissans auprès d’eux, & ne leur font que ouster leurs brides & les laisser paître. Puis le lendemain ils étendent leurs pelices au soleil, & les froutent quand sont seiches, & ne pert point qu’elles aient été mouillées. Ceux qui suivent les guerres ne sont jamais armés, parce qu’ils dient & croient que nul ne peut mourir que à son jour, & pourtant ont-ils entre eux cette façon, que quand ils maudient leurs enfans, ils leur disent : tu sois maudit comme celui qui se arme de paons de mort. En batail ne portent-ils que le glaive fait à la mode de Turquie, & sont presque tous vêtus de lings ressemblans à sourpelix. Et sont laides gens & hideux à regarder : car ils ont tous les cheveux & les barbes longs, & tous noirs, ils vivent de l’affluence du lait de leurs bêtes ; & y en a si grand nombre, que nul ne les sauroit estimer ; car il y en a au Royaume d’Egypte, de Jerusalem, & par toutes les terres des Royaumes Sarazins & mescreanz auxquels ils font tributaires. Joinville.

BÉE.

BÉE. adj. f. Qui se dit proprement avec le mot de gueule, pour signifier une futaille ouverte, ou défoncée par un bout. Hians, apertus. On dit aussi, qu’une porte, qu’une fenêtre est ouverte à geule bée ; pour dire, qu’elle est tout-à-fait ouverte.

On appelle vues bées celles qui regardent de côté sur le voisin. L’article 202 de la Coutume de Paris veut que personne ne puisse avoir de vues droites sur son voisin, s’il n’y a six pieds de distance ; & des vues bées & de côté, s’il n’y a deux pieds.

Bée, se dit aussi pour fenêtre, ou ouverture. Quand on toise un pan de bois, on rabat toutes les bées, & portes. On doit écrire baies.

☞ BÉE-GUEULE. Vieux mot synonyme avec sot, niais.

BÉELLER, Voyez Bêler

BÉELPHÉGOR. s. m. Idole des Moabites & Madianites. Isidore, dans ses Origines, en parle ainsi : Béelphégor est le même qui est appelé simplement Phégor, ou Phogor, dans l’hébreu au chap. XXII de Josué