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mée, qu’il a le commandement beau ; pour dire qu’il commande de bonne grâce.

On dit aussi, avoir les armes belles ; pour dire faire bien des armes.

On dit en termes de Manége, qu’un cheval a un beau partir de la main, quand on veut exprimer la vigueur avec laquelle un cheval part de la main sur une ligne droite, sans s’en écarter depuis son partir jusqu’à son arrêt. On dit encore d’un cheval, qu’il porte en beau lieu ; pour dire qu’il porte bien la tête.

On dit en termes de jeu de Paume, ou de jeu du Volant, donner beau ; pour dire, présenter une balle de manière qu’il soit aisé de la prendre. Et figurément, le donner beau à quelqu’un, c’est lui procurer une occasion favorable de dire, ou de faire ce qu’il désiroit. Ainsi on dit, vous l’avez beau.

☞ Donner beau jeu à quelqu’un, au jeu de cartes, c’est lui donner des cartes qui sont un jeu favorable. Au figuré, c’est la même chose que le donner beau.

Beau, & Belle, en termes de fleuriste, entre dans les noms de plusieurs fleurs. Ainsi le beau de nos jours, le beau roturier, la belle Déesse, la belle de jour, la belle Hortense, la belle Iris, sont des noms d’œillets violets. La belle Agnès est un ancien œillet marqué de peu de violet sur un blanc passable. Le beau roturiers est un violet sur un fin blanc, qui vient d’Amiens, la fleur est large & ses feuilles bien rangées ; sa plante est fort délicate, mais fort hâtive à porter fleur ; il est sujet au blanc & à la pourriture. Le beau cramoisi est un œillet cramoisi, dont le blanc le pourroit disputer avec la neige ; les panaches sont emportés, & extrêmement détachés, sans mouchetures, sa fleur très-large, garnie de très-grande quantité de feuilles ; sa plante est vigoureuse & d’un beau verd ; il vient de Lille ; il ne lui faut laisser que six boutons ; il ne graine point ; sa fleur n’est point hâtive. Le bel inconnu, est un œillet rouge clair sur un beau blanc ; sa plante est délicate, sujette aux taches grisâtres, & prend difficilement racine ; trois boutons suffisent pour son maître dard. Le beau trésor est un beau rouge sur un grand blanc ; sa fleur est ronde & large, ses panaches détachés ; il graine, ne crève point, se trouve à Lille, est hâtif, abondant en marcottes, sujet à dégénérer, & au blanc : quatre boutons lui suffisent ; il s’appelle autrement la belle Ecossoise. Le beau Daumont, autrement l’Incarnat Laubinoy, ou l’Epicier, est un très-bel œillet élevé à Paris : sa couleur est de feu assez vif, son blanc n’est pas des plus fins, mais un peu carné ; sa fleur est large, quoique plate ; il graine facilement, il a de gros panaches d’une couleur fort recherchée ; sa plante est délicate, sujette au blanc, & même à la pourriture ; quoiqu’il ne créve point d’ordinaire, il ne faut lui laisser que cinq boutons. La belle Douce est un œillet blanc, dont la fleur est grosse & large, garnie de beaucoup de feuilles, la plante forte & vigoureuse, & qui avec cinq ou six boutons ne créve point. Le beau piqueté est piqueté de pourpre clair, fort gros & large, mais sujet à créver si on ne lui laisse six ou sept boutons. Tout de même parmi les Tulipes les Fleuristes appellent la belle d’Anvers une tulipe qui est gris de lin, pourpre & blanc. La belle Hélène, rouge enfoncé, ou rouge de bœuf, & blanc d’entrée. La belle Morine, sang cramoisi, & beaucoup de blanc d’entrée. La belle la Barre, pourpre, rouge & blanc. La belle Perlée, incarnadin, éclatant & beaucoup de blanc d’entrée. Le beau Courroy est pourpre obscur, violet clair, & blanc terni. Le Beaupré, rouge & blanc. Il y a encore la belle mignone, la belle callite, la belle Tragède, la belle marinière. Cult. des Fl.

Beau, se dit proverbialement en ces phrases. Il lui fait beau beau ; pour dire, il fait semblant de l’aimer. La belle plume fait le bel oiseau ; pour dire que les beaux habits relevent la beauté. On dit aussi qu’un homme passe pour beau, quand il ne paye point dans les parties de divertissement. On dit aussi il fera beau temps quand je l’irai voir ; pour dire je n’y veux jamais aller. On dit aussi ironiquement, il vous fait beau voir ; pour dire, vous avez mauvaise grace de faire telle chose. On dit aussi il est rentré de plus belle ; pour dire, il a recommencé à parler de la même matière qu’il avoit quittée. On dit encore il nous la baille belle ; pour dire, il nous en fait bien accroire. On dit, voilà une belle équipée, lorsqu’on n’a pas réussi dans quelque entreprise. On dit encore des choses qu’on méprise, c’est un beau venez-y-voir. On dit aussi, à beau jeu beau retour, pour dire, que chacun à son tour trouve occasion de se venger. On dit aussi d’un débauché, qu’il se fait beau garçon, quand il ruine sa santé, ou sa fortune. On dit encore, qu’on donne beau jeu à quelqu’un, quand on lui donne quelque occasion de faire ce qu’il souhaite, soit en bien soit en mal. On dit aussi quand on refuse d’admettre quelques raisons, tout cela est bel & bon, mais je n’en veux rien faire. On dit encore, il a mis cela en beau jour, en beau début ; pour dire il l’a bien expliqué, ou il a fait voir une chose par son plus bel endroit. On dit, il n’y a point de belle, prison, ni de laids amours. Il l’a mis en beaux draps blancs ; pour dire, il en a parlé fort désavantageusement. On dit aussi, qu’on l’a échappé belle ; pour dire, qu’on a couru un grand danger. On le dit aussi d’un homme qui a épousé une laide femme. On dit aussi, il n’est ni beau ni bon ; il n’est point fardé.

BEAUBEC. Abbaye d’hommes de l’Ordre de Cîteaux, & de la filiation de Savigni, fondée en 1128, dans le pays de Brai, au Diocèse de Rouen. Descript. Géogr. & Hist. de la Haute-Norm. Tom. I. p. 152.

BEAUCAIRE. Ville de France, située dans le bas Languedoc sur le Rhône. Belloquadrum, Quelques Géographes la prennent pour l’ancien Uggernum. Maty. Beaucaire est célèbre pour la foire qui s’y tient toutes les années le 22 de Juillet, où il y a un grand concours de Marchands de toute l’Europe, & même d’Afrique & d’Asie. On dit qu’il y a de Beaucaire à Tarascon un chemin soûterrain qui passe sous le Rhône. Voyez Catel. Hist. de Lang. p. 343. Cette ville est à 22°, 8′, 3″ de longitude, & à 43°, 47′, 0″ de latitude. Acad. de Montpellier.

BEAUCE, ou BEAUSSE. Province de France que les Modernes appellent Belsia, & les Auteurs plus anciens Belsa. L’ancienne Beauce n’avoit pas les mêmes limites que la Beauce a présentement. Quelques uns la resserrent entre Etampes & l’Orléanois. D’autres la divisent en trois parties ; la Beauce Chartraine, Belsia Carnutensis ; la Beauce Dunoise, Belsia Dunensis ; la Beauce de Pluviers, ou Pithiviers, Belsia Pitivarensis. D’aures y comprennent le pays Chartrain, l’Orléanois, l’Anjou, le Maine & la Touraine ; c’est-à dire, tout ce qui est entre l’île de France, la Normandie, la Bretagne, & la rivière de Loire. Mérula la divise en trois. 1°. La Beauce supérieure, qui commence au bourg d’Ablys, & s’étend vers Chartres & au-delà. 2°. La Beauce moyenne s’étend à droite & à gauche de la Loire, depuis Remorentin jusqu’à Vendôme, & depuis Châteaudun jusqu’à la Touraine. 3°. La Beauce inférieure qui n’est qu’une grande & vaste plaine, occupe la partie orientale depuis Etampes jusqu’au Sénonois du côté de l’Orient, & du côté du Midi jusqu’à Orléans. Aujourd’hui la Beauce, en la prenant en général, comprend le pays Chartrain, le Dunois, le Vendômois, & la partie de l’Orléanois qui est au Nord de la Loire. Dans un sens plus particulier elle ne comprend que le pays Chartrain. Maty. La Beauce dans les Cartes de l’Académie des Sciences, a la figure d’un triangle, dont la base appuie sur la Loire, & dont la pointe aboutit entre le Perche & l’île de France, ayant le Gâtinois au Levant, la Sologne au Midi, une partie de la Touraine & du Maine avec le Perche au Couchant. La Beauce propre, ou particulière, est une petite Province dépendante du Gouvernement général d’Orléans ; elle est renfermée entre l’Orléanois propre, le Blaisois, le Perche & l’Île de France. Maty. Chartres en est la capitale. Quelques-uns y mettent même Etampes, & ils la confondent avec le pays Chartrain. Id. Ce mot est venu en usage dans la langue en ces proverbes. C’est un Gentilhomme de Beauce, qui se tient au lit quand on refait ses chausses ; pour marquer que la Noblesse de ce pays est fort pauvre. Des plaines de Beauce ; pour dire,