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lique, qui regnoit sur la fin du VIIIe siècle. Camberlayne dit qu’en Angleterre leur droit étoit de porter une bannière, où étoient leurs armes. M. Larrey prétend que dans ce Royaume-là les Chevalier Bannerets étoient ainsi nommés de la bannière, ou étendard, qu’on déployoit à la tête de l’armée, lorsqu’on leur donnoit l’Ordre. Ils ne cédoient autrefois qu’aux Chevaliers de la Jarretière, mais ils déchurent peu-à-eu, & furent enfin abolis par l’Ordre des Chevaliers Baronnets institué par Jacques I. On ne faisoit Chevaliers Bannerets que ceux qui s’étoient signalés dans les batailles.

Quand à l’abolissement des Bannerets en France, voici ce qu’en dit M. le Gendre dans les Mœurs & Cout. des Fr. p. 204, 205. Les Seigneurs épuisés par la cruelle guerre qui duroit depuis si long-temps entre la France & l’Angleterre, ayant remontré à Charles VII, qu’ils ne pourroient de plusieurs années ni lever, ni entretenir leurs Compagnies de Gendarmes, qui n’avoient point d’autres Capitaines, que les Chevaliers Bannerets, Charles bien conseillé les en dispensa pour toujours. Par-là il les désarma. Depuis ce temps-là on n’a plus oui parler de Bannerets, ni de Bacheliers.

M. de Brieux a fait imprimer à Caen une petite pièce en vers françois composée par un Moine, il y a près de 400 ans, touchant l’ordre & l’origine des Bannerets de Bretagne. Elle commence par ces vers.

Banneret est moult grand honor,
Tant à Roi, Prince, que Signor,
Et sa fondation première
Vint d’Alexandre & sa Bannière,
Quand la Perse alloit conquérant
Et toute l’Asie querant.
L’Ordre de Banneret est plus que Chevalier,
Comme après Chevalier acconsuit Bachelier,
Puis après Bachelier, Escuyer, de manière
Qu’après le Duc ou Roi est toujours la bannière.

Voyez aussi Pasq. Reche. Li. II, ch. 16. Faucher, de l’Origine des Dignités, la Colombière dans sa Science Héroïque, Franc. Mennenio. Delicio de gli Ord. Eq. & Justiniani, Hist. di tutti gl Ord. mil. T. I. C. XII, p. 132. Du Tillet, Recueil des Rois de France, p. 432, 433, les Titles of honour de Selden ; la Britannia de Cambden, & Thomas Smith, L. de Reb. Angl. c. 18.

Banneret. En termes de Blason on appelle vol banneret, celui qui se met sur le cimier, & qui est fait en bannière, le dessus coupé en carré, comme l’écu des anciens Chevaliers.

Banneret, est encore le nom de certains Officiers ou Magistrats de Rome. Sur la fin du XIVe siècle, les Romains s’étoient faits dans Rome, & dans tout le territoire de l’Eglise, une espèce de gouvernement républicain. Toute la puissance étoit entre les mains d’un Magistrat qui prenoit la qualité de Sénateur, & de 12 Chefs de quartiers, qu’on appeloit du nom de Bannerets, à cause des bannières, dont chacun avoit la sienne dans son district. P. Dan. T. II, p. 107. Le Sénateur & les Bannerets voyoient avec plaisir cette division des François. Id. Le Sénateur & les Bannerets entrerent dans le Conclave, obligerent les Cardinaux à s’assembler, &c. Id.

BANNERIE. s. f. Office de Bannier. Ce nom n’est en usage qu’en Dauphié. Bannerii munus. Le Dauphin Jean donna des provisions en 1311, à Hugues de Commiers, Chevalier de la Mistralie & Bannerie de Saint Laurent du Lac : elles contiennent un détail exact des fonctions qui y étoient attachés. Valbonnays, p. 123. Ces fonctions sont de faire exécuter les sentences des Juges, de contraindre les taillables, & les gens taxés à payer leur taille, ou leur taxe ; de saisir, ajourner, citer, imposer des peines & des amendes, en faire le recouvrement & les lever, faire payer les dettes. Voyez les provisions dont nous venons de parler au même endroit, p. 149.

BANNETON. s. m. Terme de Pêche, qui se dit d’une espèce de coffre que les Pêcheurs construisent dans les rivières, fermant à clef, dont ils font des réservoirs pour y garder leur poisson. Cistula piscatoria. Il est percé dans l’eau, comme sont les boutiques dans lesquelles on le transporte.

BANNETTE. s. f. Espèce de panier fait de menus brins de bois de châtaignier, fendus en deux, & entrelacés les uns dans les autres, qui sert à mettre des marchandises, pour les pouvoir faire voiturer & transporter.

Les Boucaniers François de l’île de S. Domingue dans l’Amérique, se servent aussi de ce terme pour signifier un certain nombre de peaux de taureaux, de bouvarts & de vaches, dont ils composent ce qu’ils appellent une charge de cuirs.

BANNIE. s. f. Publication. Promulgatio. On appelle en termes de Coutumes, le temps des bannies, celui auquelles prairies sont défendues, où l’on n’y peut mener le bétail. On dit banon en Normandie. On dit aussi à l’adjectif, une terre bannie, une épave bannie, quand elle est criée & publiée en Justice.

BANNIER. s. m. Terme de Coutume qui a plusieurs sens. C’est dans la Coutume de Bresse celui qui est établi à la garde des vignes. Bannerius, vinearum custos, vinearum custodiæ præfectus. Il en est de même en Dauphiné. Il est ainsi appelé, parce qu’il dénonçoit les coupables au Châtelain, qui leur faisoit payer le ban, ou amende. Quelquefois le Bannier en faisoit lui-même la recette. A cette fonction de Garde des fruits & de Dénonciateur étoit jointe ordinairement celle de Sergent ; d’où vient peut-être que les noms de Bannier & de Meinier, se trouvent souvent ensemble. Il y a eu des Nobles qui n’ont pas dédaigné d’exercer ces offices en Dauphiné. Valbon, pag. 123, 149. Aux environs de Paris, & dans beaucoup d’autres endroits, on dit Messier, & non par Bannier. Le droit de nommer le Bannier appartient au Seigneur, ou au Châtelain en son absence.

Bannier, est aussi adjectif, & signifie la même chose que bannal. M. de la Mare, dans son Traité de la Police, dit fours bannaux, ou banniers. On dit aussi en quelques endroits, un taureau bannier, taurus admissarius, ou emissarius, dans le même sens que l’on dit, un moulin bannal, ou une boucherie bannière.

Bannier, Bannarius, Bannerius, se dit encore de ceux qui sont sujets au droit de ban. Les banniers sont obligés de se servir d’un four bannal.

BANNIÈRE. s. f. Vexillum. Terme de Marine. Etendard d’un vaisseau : drapeau qu’on arbore sur la poupe du vaisseau, qui marque de quelle nation il est. On navigue surement sur la Méditerranée sous la bannière de France. On dit ordinairement pavillon. Le mot bannière n’est en usage que dans quelques endroits de la Méditerranée. On dit, mettre le perroquet en bannière, lorsqu’on lâche la voile du perroquet, & qu’on la laisser voltiger au gré du vent.

On appelle bannière de partance, le pavillon que l’on met à la poupe du vaisseau, pour faire signal à l’équipage qui est à terre de venir s’embarquer.

Bannière de conseil, est la bannière blanche que l’amiral fait arborer en poupe, quand il veut prendre avis de ses Capitaines. C’est aussi la bannière de paix.

Bannière de combat, est le pavillon de gueules. Bannière d’aide & d’assistance. La bannière royale ne se doit jamais abaisser. Des vaisseaux de semblable bannière, c’est-à-dire, de même nation.

Bannière, se dit aussi de l’enseigne sous laquelle se rangent les vassaux d’un même fief, quand l’arrière-ban est convoqué. Bandum. C’est ainsi que la bannière est appelée par les Auteurs de la basse latinité. Vexillum. La bannière étoit autrefois de forme carrée, & c’étoit plus de porter ses armes en bannière qu’en écusson. On disoit autrefois relever bannière, pour être fait Banneret ; & relever quelqu’un en bannière, pour le faire Banneret. Issu d’ancienne bannière ; terre de bannière. Messire Olivier de la Marche, en son Histoire, met la façon ancienne de relever bannière, disant que le Roi d’armes présenta au Duc de Bourgogne étant en expédition de guerre le Seigneur de Sains, qui tenoit en une lance le pennon de ses pleines armes, en lui disant, M. voici le Seigneur de Sains qui est issu