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BAN

qu’on bâtit au milieu du bateau, pour le même dessein.

On appelle de même banne, la pièce de toile que les Rouliers mettent sur les marchandises qu’ils voiturent, pour les conserver.

Banne, est aussi une pièce de grosse toile, longue de cinq aunes, que les lingères attachent sous l’auvent de leur boutique.

Banne, ou Benne, est aussi une petite cuve, ou tinette oblongue, qu’on met des deux côtés d’une bête de somme, pour transporter plusieurs sortes de marchandises. Benna, cista. C’est presque la même chose que banneau. Elle contient environ un minot de Paris.

On appelle aussi du charbon en banne, celui qu’on amène par charroi. En ce sens le mot de banne signifie une espèce de grande manne faite de branchages.

Banne, dans le Languedoc signifie, Corne.


☞ BANNE, ou BANOW. Petite ville d’Irlande, dans la province d’Alster, au Comté de Wexford.

☞ Il y a une rivière & une baye qui portent le même nom.

BANNEAU, ou BENNEAU. s. m. Petite tine, vaisseau de bois qui sert à contenir les liquides, à les transporter sur des bêtes de somme, & aussi à les mesurer. Il ne se dit pas tant à Paris, que dans les Provinces, comme en Normandie, Picardie, Lyonnois, &c. où on dit un banneau de chaux, un banneau de blé, un banneau de vendange.

Ce mot signifioit autrefois un tombereau, & vient comme croit Ménage, de benellus, diminutif de benna, qui est un mot celtique, signifiant une espèce de chariot à deux roues, selon le témoignage de Festus. Benna, dit Festus, linguâ gallicâ genus vehiculi appellatur ; undè vocantur combennones, in eâdem bennâ sedentes. Ce mot de benna est fort ancien, car il se trouve dans Varron : en quelques lieux de Normandie & de Picardie, le peuple dit beneau pour tombereau, & il appelle par raillerie benal de cuir un vieux carosse.

BANNÉE. s. f. Terme de Coutume. Indictivum jus dominicum. C’est le droit qu’a un Seigneur de contraindre ses sujets de moudre à son moulin : & de la part des sujets c’est l’obligation qu’ils ont de moudre au moulin du Seigneur. Voyez les Coutumes d’Amiens & Ponthieu.

BANNER. v. a. Couvrir d’une banne. Velare, operire. Banner un bachot. Banner des sacs de blés.

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BANNERET. adj. m. Seigneur dominant, qui a droit de porter bannière pour faire assembler ses vassaux, quand l’arrière-ban est convoqué, & qui en peut faire une compagnie de gens de cheval. Justi vexilli as scuti Dynastes, Banneretus, Bannerarius, Vexillaris minor. Cambden, p. 124, remarque que ceux-là se trompent qui les nomment Baroneti. Ainsi ce nom s’est formé de celui de bannière, ou plutôt de ban, ou bande, qui autrefois signifioit bannière. C’est le sentiment de Loiseau & de Justianiani, qui néanmoins justifie ceux qui appelle les bannerets, baronets, parce qu’il étoient au-dessous des Barons. Il y avoit de grands & de petits Chevaliers. Les grands s’appeloient Bannerets, les petits s’appeloient Bacheliers. Les premiers composoient la haute Noblesse, & les seconds n’étoient que de la moyenne. Il falloit que le Banneret fut Gentilhomme de nom & d’armes, c’est-à-dire, d’ancienne noblesse ; qu’il eût droit de mettre sur pied une certain nombre d’hommes d’armes, & du bien pour en défrayer au moins 28 ou 30. C’étoit une grande dépense, parce que chaque homme d’armes avoit outre ses valets deux cavaliers pour le servir, armés l’un d’une arbaléte, l’autre d’un arc & d’une hache, se sorte que cent hommes d’armes faisoient au moins 300 chevaux. Le Gendre. Un jour de bataille le Gentilhomme qui désiroit être fait Banneret, présentoit son pennon roulé au Roi, ou au Général, qui en faisoit une bannière en coupant la queue du pennon. Id. En effet du Tillet rapporte que le Comte de Laval débattit que Messire Raoul de Couequen n’étoit Baron, mais seulement Banneret, & qu’il avoit levé bannière, dont on se moquoit, & l’appeloit-on le Chevalier au drapeau carré. Ce qui montre la forme de la bannière du Banneret. P. de S. Julien, qui sans ses Antiquit. des Bourg. C. XXVI, remarque la même chose, que la bannière du Banneret étoit différente de celle des Barons, en ce qu’elle étoit carrée ; & non à pennons & queue, ajoute que nuls hors les Bers, Sires & Barons, ne doivent mettre sur leurs tours, & poteaux de leurs châteaux, & places fortes, bannières, banderolles, ou pennons, mais seulement des penonceaux, qui sont girouettes carrées ; & que l’enseigne a retenu la forme de bannières des anciens Barons, & la Cornette celles des anciens Bannerets. Voy. encore Favin, Hist. de Navarre, Liv. XI, p. 620 & suiv.

D’autres disent que les Bannerets étoient ceux qui avoient eu en leur partage quelque portion d’une Baronie, pour en jouir, au titre de Baron près, avec les même prérogatives que le Baron. Quelques Auteurs attribuent l’institution des Bannerets à Conan Lieutenant de Maximus, qui commandoit les Légions Romaines en Angleterre sous l’Empire de Gratien en 383. Ce Général s’étant révolté, partagea le royaume d’Angleterre, & la Bretagne, qu’il avoit conquise, en 40 cantons, & distribua dans ces 40 cantons 40 Chevaliers, avec pouvoir de rallier sous leur bannière ceux de leur quartier qui pourroient porter les armes. De-là ils furent appelés Bannerets. Ce Conan établit sur les Bannerets trois Chefs, ou Lieutenans, qu’on appeloit Mathiberts. Le Docteur Camberlaine, dans son état présent d’Angleterre, prétent que l’origine des Bannerets est en effet très-ancienne dans l’île de la grande Bretagne. Ces premières dignités de la Bretagne passerent depuis en France ; ensorte qu’avant les Ordonnances des gens de cheval dressées par Charles VII, il y avoit deux sortes de Chevaliers. Le Banneret, qui avoit assez de vassaux pour lever sa bannières, & le Bachelier, qui combattoit sous la bannière de son Seigneur. Quoi qu’il en soit, l’on peut recueillir de Froissart & de Monstrelet, que les Chevaliers Bannerets étoient autrefois ceux d’entre les Chevaliers qui étoient assez riches & assez puissans pour obtenir du Roi la permission de lever la bannière ; c’est-à-dire, une compagnie de gens de pied, ou de cheval, ou, comme dit Loiseau, ceux qui avoient si grand nombre de vassaux relevant de leurs Seigneuries, qu’ils étoient suffisans pour faire une compagnie complette de gens de cheval, étoient appelés Chevaliers Bannerets ; non que pourtant ladite suffisance les rendit Chevaliers, mais Bannerets ; le mot de Chevaliers, y ayant été ajouté, parce qu’il étoient ou de haute noblesse, ou Chevaliers simples auparavant. Il ajoute que néanmoins les Bannerets ont été quelquefois appelés Chevaliers Bannerets, sans avoir été créés Chevaliers; mais seulement parce qu’ils servoient à cheval. Ainsi avant que les ordonnances des gens de cheval fussent dressées en ce royaume par Charles VII, dit du Tillet, il y avoit deux sortes de Chevaliers ; le Banneret, qui avoit assez de vassaux pour lever bannière ; & le Bachelier, qui marchoit sous la bannière d’autrui.

On commettoit des Hérauts d’armes pour vérifier si le Seigneur étoit assez puissant pour lever une bannière, & s’il avoit assez de vassaux pour la garder en guerre, c’est-à-dire, 24 Gentils hommes bien montés, avec chacun son Sergent & son Ecuyer. Voyez une création de Bannerets dans l’Hist. de Bret. T. II, p. 1147 & 1148, au mot Bannière.

Le chevalier Banneret à la guerre avoit double solde du Bachelier, Froiss. & Du Til. le Bachelier double de l’Ecuyer. La colde accoutumée étoit de ving-sols pour Banneret, dix pour simple Chevalier, & cinq sols pour Ecuyer par chaque jour. Du Tillet. Recueil des Rois de France, p. 432.

Banneret s’est dit aussi de ceux qui devoient servir avec bannière. Dans un Arrêt du Parlement de Paris du 23 Février 1585, le Chevalier Banneret est appelé miles vexillatus. Chez les Espagnols les Bannerets sont connus par le nom de Riccos hombres. Justiniani en rapporte l’origine en Espagne au regne de D. Silo, & d’Adosinde, fille d’Alphone I le Catho-