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BAN

BANDON. s. m. vieux mot. Enseigne sous laquelle on se doit ranger.

Et de mener à son bandon,
Si comme bêtes en langon.

BANDOULIER. s. m. Sorte de vagabond. Voleurs de campagne qui volent en troupes, ou avec armes à feu. Latroner, grassatores. S’étant écartés pour aller au fourrage, ils furent chargés par des Bandouliers qui descendirent des montagnes. Vaug. Les montagnes des Pyrenées sont pleines de Bandouliers, & ce sont les voleurs de ce lieu-là qui ont donné le nom à tous les autres. Ils sont nommés ainsi, de ce qu’ils vont en bandes, comme qui diroit ban de voliers, ban de voleurs.

BANDOULIÈRE. s. f. Espèce de baudrier qu’on met sur le corps de gauche à droite ; qui sert à ceux qui combattent avec des armes à feu, soit pour porter des carabines, soit pour porter le fourniment de poudre & de balles. Baltheus. La bandoulière est la marque d’un Cavalier, d’un Mousquetaire, d’un Garde : mais avec cette différence, que les bandoulières des Mousquetaires & des Gardes du Corps, sont d’ordinaire enjolivées, couvertes de velours, bordées d’un galon, & attachées avec un crochet ; au lieu que les bandoulières des simples soldats ne sont garnies que de leurs charges.

On dit donner la bandoulière à quelqu’un ; pour dire, l’établir Garde dans une terre. Porter la bandoulière ; pour dire, être Garde ; & ôter la bandoulière à un Garde ; pour dire le casser.

☞ Ce mot vient originairement de ces bandits qui infestoient les Pyrenées ; qui étoient distingués par cette pièce de fourniture & nommés eux-mêmes Bandouliers.

BANDURE. s. f. Bandura. Plante qui ressemble à la Gentiane par ses semences & par son fruit ; mais elle est particulièrement remarquable par une gaine ou follicule qui a la figure d’un pénis, laquelle a quelquefois plus d’un pied de long, & est beaucoup plus grosse que le bras d’un homme : elle est attachée à l’arbre par une feuille, & est à moitié remplie d’une liqueur fort agréable à boire. Sa racine a une qualité astringente ; ses feuilles rafraîchissent.

BANG. s. m. Arbre du pays des Négres en Afrique, fort semblable au palmier. On en tire du vin rouge, appelé Makensy. Ses feuilles ont plus de quatre pieds de long, & son écorce est propre à faire des nattes, des sacs, & des cordes. Ses rameaux sont longs & épais, & servent aux Négres de toises pour mesurer. Dapper.

BANGAR. Lieu des Indes, dont l’eau passe pour la plus excellente eau des Indes. Bouh. Xav. Liv. VI.

BANGE de Bourgogne. s. f. Etoffe qui se fabrique dans cette Province, & dont il se fait un assez grand commerce à Lyon.

BANGMER. s. m. Espèce de camelot façonné, qui se fabriquoit autrefois à Amiens.

☞ BANGOR. Ville d’Angleterre, au pays de Galles, au comté de Caernawan, avec un évêché suffragant de Cantorbery.

Bangor. Petite ville d’Irlande, dans la province d’Ulster, au comté de Downe.

BANGUE, ou BENGE, ou plutôt BENGHE, s. m. est une plante presque semblable au chanvre, quoique pourtant d’une espèce fort différente. M. Herman, Professeur de Leyde, veut qu’elle soit une espèce de guimauve des Indes. Sa tige est carrée, & a cinq paumes de longueur. Elle est de couleur verte & difficile à rompre, & n’est pas si creuse que celle du chanvre : son écorce peut se filer aussi bien que celle du chanvre ; ses feuilles sont semblables à celles du chanvre, vertes par-dessus, & couvertes par-dessous de duvet, d’un goût terrestre & insipide. Les Indiens s’en servent pour exciter leur appetit, & pour se rendre plus propres au plaisir des femmes. Les grands Seigneurs & les Chefs d’armées, pour oublier leurs travaux, & pour dormir plus tranquillement, prennent de la poudre de la graine & des feuilles avec de l’areca verte, un peu d’opium & du sucre. S’ils veulent rever agréablement, ils y ajoutent du camphre, des clous de girofle & du macis. S’ils veulent être gais & enjoués, & sur-tout plus disposés à l’amour, ils y mêlent du musc & de l’ambre, & en font un électuaire.

☞ BANI. Province d’Afrique dans la Nigritie, au midi de la province de Moco.

☞ BANIALUCA, BANIALUCH, BAGUALUC, ou ULAMMELUCCA. Capitale du royaume de Bosnie, sur les frontières de Dalmatie, résidence du Beglierbey de Bosnie.

BANIANES, ou BANIANS. s. m. pl. Banianes. Osorius les appelle Baneanes en latin, & son Traducteur Baneanes en françois ; & Ludolph, Baneani en latin. Ce sont des Idolatres des Indes qui croient à la Métempsychose, & qui sont si supersticieux, qu’ils ne mangent d’aucun animal qui ait vie. Ils ne veulent pas même tuer des pous ; au contraire, ils les rachetent, quand ils les voient entre les mains des étrangers. Ils ont tant de peur d’avoir quelque communication avec d’autres nations, qu’ils cassent leurs pots, si quelqu’un d’une autre religion y a bu, ou y a seulement touché. Ils font écouler toute l’eau d’un étang, s’il s’y est lavé. S’ils se touchent même entr’eux, il faut qu’ils se lavent, & se purifient avant que de boire ou manger, ou rentrer seulement dans leur maison. Osorius dit, L. IV, de Reb. gest. Emman. qu’il portent pendue au cou une pierre de la grosseur d’un œuf, percée par le milieu, d’où sortent trois filets ; qu’ils disent que cette pierre représente leur grand Dieu ; que pour cela ils sont fort respectés de tous les Indiens, & que cette pierre si révérée se nomme Tambarane. On a imprimé un livre de la Religion des Banianes, traduit de l’anglois de Henri Loyd.

☞ Les Banianes Baneasnes, Banians, ou Banjans ont beaucoup d’adresse. Ils se mêlent ordinairement de trafic. Les Hollandois & les Anglois s’en servent pour courtiers & pour truchemens dans le commerce qu’ils font aux Indes. On leur donne souvent le nom de Cherafs, c’est-à-dire Banquiers ; parce qu’ils facilitent le négoce, en faisant la fonction d’Agens de change. Il n’y a point de métier qu’ils n’exercent, ni de marchandises qu’ils ne vendent, excepté la chair des animaux & le poisson, & en général tout ce qui a eu vie ; parce que, croyant à la métempsychose, ils craignent de vendre un corps dans lequel pouroit avoir passé l’ame de leur pere. Ils portent le scrupule jusqu’à avoir des valets qui agitent l’air avec un éventail, pendant qu’ils mangent, afin d’éloigner les moucherons qui sont en grand nombre dans les Indes. Ils sont divisés en plusieurs sectes principales, qui se multiplient presqu’à l’infini, chaque famille ayant ses superstitions & ses cérémonies particulières. Mor. qui cite Mandesso, t. 2.

☞ Tavernier dit qu’on trouve en Perse beaucoup de Banianes qui y vont trafiquer. Il paroît donner ce nom aux Indiens qui trafiquent en Perse, de quelque secte qu’ils soient.

Arbre des Banianes. C’est un arbre de l’Inde & de la Perse, qui d’un seul tronc fait une petite forêt, parce que ses branches pendant jusqu’à terre, elles y prennent racine, & produisent un nouveau tronc, dont les branches en produisent d’autres de 15 pas en 15 pas, jusqu’à 300 pas à la ronde. Les Anciens, & entr’autres Quint-Curce, ont parlé de cet arbre. Il porte un fruit de la grosseur d’une noix ; la peau en est rouge, & renferme une graine semblable au millet. Il y a de grosses chauvesouris qui en mangent, & qui font leurs nids sur ces arbres. Elles ne branchent point, mais elles s’accrochent à ces arbres, & s’y pendent par le pied ayant la tête en bas. Les Persans appellent cet arbre lul, les Portugais, arbol de Reves, arbre des Rois, & les François, arbre des Banianes, parce que les Banianes se retirent dessous, & y bâtissent des Pagodes & des Caravanseras. Voyez Tavernier, Voyage de Perse ; & Lifl.

☞ BANIE. Vieux mot, qui signifioit ban, publication. Banier, le sergent qui dénonçoit le ban.