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BAN

ch. 11. Antoine Guevara, Paul Maurigia, Lib. II. Orig. Monast. cap. 9. Justiniani, Tom. II, ch. 52, p. 634, & ceux qui ont traité des ordres militaires en général, & que nous indiquerons au mot Ordre.

Dom Jean I, Roi de Castille & de Léon, prit soin d’agrandir l’Ordre de la Bande, & donna l’écharpe à cent Chevaliers le jour de son couronnement, qui se fit dans la ville de Burgos l’an 1379. Cet Ordre fut ensuite aboli, & a été renouvelé de nos jours, depuis que Philippe V, de la maison de Bourbon, & petit-fils de Louis le Grand Roi de France, est monté sur le trône d’Espagne. P. Hélyot, T. VIII. C. 42.

BANDÉ. s. m. Nom que l’on donna sous Charles VI, à ceux de la faction d’Orléand. Aurelianensis factionis homo. Voyez ci-dessus, faire bande à part.

BANDEAU. s. m. Bande que l’on met sur le front, ou sur les yeux. Fascia, velum. On met un bandeau à ceux qui reçoivent la Confirmation. Il y a 50 ou 60 ans, que les veuves portoient un bandeau, comme les Religieuses. M. tel est mort : pouvez-vous représenter sa femme affligée avec un bandeau ? Mad. de Sév. Le bandeau que l’on met à ceux qui sont confirmés, doit être de linge : autrefois on devoit le porter durant sept jours : dans la suite on se contenta de le porter trois : enfin, le Concile de Chartres en 1526, ordonna qu’on le garderoit au moins pendant vingt-quatre heures, au bout desquelles après avoir ôté le bandeau, on laveroit avec de l’eau & du sel le front de la personne qui auroit été confirmée, & on brûleroit le bandeau. Les Auteurs Ecclésiastiques appellent ce bandeau, vitta, linea, chrismale, bandellus. Voyez le P. Martène Bénédictin.

Bandeau de Religieuse. C’est une bande de toile que les Religieuses portent sur le front, pour signifier quelles ferment volontairement les yeux, pour ne plus voir les folies du monde, auxquelles elles ont renoncé.

Bandeau, en termes d’Architecture, se dit d’un architrave ou moulure qui s’étend depuis une imposte à l’autre, en se courbant en arc par-dessus une porte ou fenêtre. On le dit aussi des chambranles des portes carrées.

On appelle le Diadème, un bandeau royal, parce que la marque de la Royauté étoit autrefois un bandeau, que les Rois mettoient sur leur front. Fascia candida.

☞ On appelle proprement bandeau, la partie de la couronne qui la termine par en-bas, & qui ceint le front.

☞ On appelle aussi bandeau, une bande qu’on met sur les yeux de quelqu’un pour l’empêcher de voir. Les Poëtes & les Peintres représentent l’amour avec un bandeau sur les yeux.

On dit figurément, qu’un homme a un bandeau sur les yeux ; pour dire, qu’il est aveugle, qu’il est préoccupé de quelque passion, qui l’empêche de voir la vérité. L’amour-propre est comme un bandeau épais qui nous empêche d’appercevoir nos défauts. Bell. La discorde avoit mis un bandeau fatal sur tous les yeux. Racin.

On met aussi un bandeau aux figures qui représentent la Justice ; pour signifier que les Juges ne doivent connoître, ni favoriser personnes, & qu’ils sont obligés de rendre également la Justice, & sans distinction.

Bandeau, se dit aussi d’un médicament externe, qu’on applique sur le front, composé de fleurs, de semences concassées, de décoctions de plantes, ou d’huiles & d’onguens pour apaiser les douleurs de tête, & faire dormir.

Bandeau, en menuiserie, est une planche mince & étroite qu’on met au pourtour des lambris par le haut, qui tient lieu de corniche.

BANDÉE. s. f. Terme de Coutume. C’est l’ouverture des vendanges dont la proclamation se fait par ordonnance de Justice. Vindemiæ denunciatio. Ce mot vient apparemment de ban, qui se dit dans le même sens, comme on le peut voir en son lieu ; & l’on a dit bandée pour bannées ; c’est-à-dire, proclamation du ban des vendanges.

BANDÉGE. s. m. C’est ce qu’on appelle autrement cabaret, plateau, ou espèce de table à petits rebords, & ordinairement sans pieds, sur laquelle on met des tasses à café, des soucoupes, un sucrier, & des cuilliers lorsqu’on prend du thé, du café, ou du chocolat. Quatre grands bandéges garnis d’argent, ouvrage du Japon. Vingt-six sortes de bandéges du plus beau vernis du Japon. De Chaumont. Un bandége garni d’une cafetière & de tout le petit meuble qu’il faut pour prendre du café. Merc. de Juin 1720. On apporte ensuite des tasses de thé sur un bandége. A la Chine, au commencement du second service, chaque convié fait apporter par un de ses valets un bandége, où sont divers petits sacs de papier rouge, qui contiennent un peu d’argent pour le cuisinier, pour les maîtres d’hôtel, pour les comédiens (car dans les festins il y a toujours une comédie qu’on représente pendant le repas) & pour ceux qui servent à table. Les bandéges se portent devant le maître du logis. Observ. sur le Ecrits Mod. M. Dellon, c. 46, p. 353, du I tome de ses Voyages, dit que les Indiens appellent bandeja un grand bassin de bois vernis.

BANDELETTE. s. f. Petite bande avec laquelle on lie, on entoure quelque chose. Tænia, tæniola, vitta. On tient les cheveux retroussés avec des bandelettres. Les victimes des Païens étoient ornées de bandelettes. Les Pontifes se couvroient aussi la tête de bandelettes qu’on appeloit sacrées, pour faire des sacrifices, ou des prières publiques dans les cérémonies extraordinaires. Les Dames Romaines se coiffoient avec de petites bandelettes, qui étoient la marque de la pudeur & de la chasteté, & que les courtisannes n’osoient porter ; Ovide le dit : Este procul vittæ tenues, onsigne pudoris.

Bandelette, est aussi un ornement d’Architecture, qu’on appelle aussi règle, qui est plus petite que la platebande, & plus grande que le liteau. C’est comme la moulure plate qui couronne l’architrave Dorique.

Bandelette, ou ruban, terme de conchyologie, est une espèce de fascie très-étroite, qui se distingue sur la superficie d’une coquille.

BANDER. v. a. Lier avec une bande. Fasciis vincire, astringere, alligare, obligare. Il faut bander une plaie, afin d’empêcher que le sang ne se perde. On bande la tête de ceux qui ont la migraine.

Bander, signifie aussi mettre un bandeau sur les yeux de quelqu’un, pour l’empêcher de voir. ☞ On bande les yeux d’un criminel qu’on va exécuter. On bande le colin-maillard. Alicujus velum adbucere.

Bander, en parlant des choses qui font ressort, c’est les tendre avec effort. Intendere, contendere. On bande un arc, un ressort, un arbalête. On le dit aussi des autres choses. Bander une corde. Bander la corde d’une grue, d’un cabestan, bander un cable, pour élever un fardeau. Il faut bander davantage la corde de ce théorbe. Il faut bien bander cette toile sur ce châssis.

☞ On dit proverbialement & figurément, bander son esprit, avoir l’esprit bandé ; pour dire, s’appliquer fortement à une chose avec une grande contention d’esprit. Nervos omnes, ou omnibus nervis contendere. Il faut bander son esprit pour jouer aux échecs.

bander une balle, au jeu de peaume, ou simplement bander. C’est enlever avec la raquette, & jeter dans les filets une balle qui roule sur le pavé. Pilam extrà sphœristerri parietes mittere. Jouer à bander, ou bander à l’acquit, jouer à qui payera les fraisn en enlevant les balles de cette sorte.

Bander, en termes d’Architecture, c’est assembler les voussoirs & claveaux sur les cintres de charpente, & les fermer avec la clef.

Bander, en termes de Pâtissier, c’est mettre de petites bandes de pâte sur des tourtes & autres pièces de four. Il faut bander cette tourte, ce godiveau.

Bander les dames au trictrac. C’est les charger, en mettre trop sur la même flèche.

Bander une voile, en termes de marine. C’est coudre à une voile des morceaux de toile pour la fortifier.

Bander, dans le sens propre, se dit aussi au neutre. Cette corde bande trop. Elle est trop tendue. Le vent faisoit bander les voiles. Acad. Fr. Ce ressort bande trop.

☞ En Fauconnerie, on dit qu’un oiseau bande au vent,