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BAL

BALISEUR. s. m. Celui qui est chargé de veiller aux terres des riverains, qui sont tenus de laisser dix-huit pieds sur les bords de la rivière pour faciliter la navigation.

BALISIER. s. m. ou CANNE D’INDE. s. f. Cannacorus, canna indica. Plante qui vient des Indes, & qui a de ses racines composées de gros nœuds ou tubercules fibreux & chevelus, d’où partent quelques tiges hautes de quatre à cinq pieds, enveloppées de feuilles, qui forment d’abord des cornets très-bien roulés, & qui peu-à-peu se deploient & ont souvent un pied & demi de longueur sur demi-pied ou huit pouces de large : elles sont rayées de plusieurs nervures transversales qui partent de la côte qui sépare la feuille en deux. Ses fleurs occupent le sommet des tiges ; elles sont d’un beau rouge ; chaque fleur est un tuyau découpé profondément en cinq ou six pièces inégales : la pièce du milieu représente une languette, qui est chargée d’un sommet. Le calice, qui est un autre petit tuyau qui enveloppe la fleur dans sa naissance, a à sa base un embryon, qui après que la feuille est passée, devient un fruit qui contient dans ces trois cellules membraneuses des semences brunes, rondes, dures & grosses comme de petits pois : on en fait des chapelets. Il y a plusieurs espèces de balisiers qui different entr’elles par la couleur de leurs fleurs, par la grandeur & par la largeur des feuillets. Comme les feuilles de balisiers sont fermes, elles servent aux Indiens à envelopper plusieurs drogues, & même quelquefois à couvrir leurs cabanes. Les Auteurs Botanistes ont parlé de cette plante sous le nom de canne d’Inde, canna Indica, & de Flos Caneri. Voyez Dalechamp & le P. Du Tertre. Hist. des Antil. T. II, p. 126.

BALISTAIRE. s. m. Balistarius. Nom d’un Officier de guerre de l’Empire Romain et de l’empire Grec. Les Balistaires étoient répandus dans les villes de l’empire, & ils avoient soin d’entretenir en bon état les armes & les machines qui étoient dans les arsenaux. Voyez Guther.

BALISTE. s. f. Balista. Machine de guerre, espèce de fronde dont se servoient les Anciens pour jeter des pierres. La baliste différoit de la catapulte, en ce que les catapultes servoient à lancer des javelots & des dards, au lieu qu’avec les balistes on le lançoit que des pierres. Du reste, elles se bandoient de la même manière. On peut voir les figures dans Juste-Lipse, Vegece, Liv. IV, ch. 22, & autres. Ammien Marcellin l’a décrit fort exactement, Liv. XXIII, ch. 4. On l’appeloit en vieux françois magnonneau. Sanulus, Liv. II, P. IV, chap. 8, en rapporte les différentes espèces. Un Historien contemporain de Philippe auguste, remarque à l’occasion du siège de Boves, que la baliste n’étoit point alors en usage en France, quoique cette machine fut fort ancienne, & assez commune ailleurs. C’étoit une machine avec laquelle on jetoit dans les places assiégées de grosses pierres, des fléches & des feux d’artifice. On se servoit en France de la mine & du belier, pour renverser les murailles, & de quelques autres machines qui approchoient de la baliste. P. Dan.

☞ BALISTIQUE. s. f. Science du mouvement des corps pesans jetés en l’air suivant une direction quelconque. Ce mot vient du grec βάλλω, jacio, je jette. L’art de jetter des bombes est une partie considérable de cette science.

BALIVAGE. s. m. Terme des Eaux & Forêts. Marque des baliveaux qu’on doit laisser sur chaque arpent des bois qu’on a coupés, ou qui sont à couper, pour les laisser croître en haute futaie. Designatæ ad propagationem arbores, relictæ post cæsuram arbores. Les Officiers des Eaux & Forêts font le balivage des bois avant que d’en faire l’adjudication.

BALIVEAU. s. m. Terme des Eaux & Forêts. Jeune arbre au-dessous de 40 ans, qu’on est obligé de reserver dans les coupes. Relicta ad propagationem quercus. Il est enjoint par les Ordonnances des Eaux & Forêts, de laisser seize baliveaux de l’âge du bois danq chaque arpent de taillis qu’on coupe, outre tous les anciens & modernes.

Baliveau sur souche, ou sur brin est le maître brin d’une souche qui est de belle venue, qu’on a réservé dans les coupes pour croître en haute futaie. Les baliveaux doivent être de chêne, ou de châtaignier, ou de hêtre. Ils prennent le nom d’arbre en quittant celui de taillis, & s’appellent arbres baliveaux, ou lais, ou arbres réservés ; plusieurs les appellent étalons, parce qu’ils repeuplent les ventes, par analogie aux chevaux : ce sont ceux qu’on appelle de l’âge du bois. Primi cæsuræ superstes quercus.

On appelle perots, ceux qui sont laissés de deux coupes, & tayons, les baliveaux ou lais de trois coupes, comme qui diroit, fils, pere & aïeul. Tertia ex cæsura superstes quercus. Les baliveaux modernes sont les réservés des coupes précédentes jusqu’à 60 ou 80 ans. Ensuite ce sont des arbres de haute futaie. Les particuliers ont permission d’en disposer après 40 ans, & non auparavant.

Quelques-uns dérivent ce mot de bacillus, qui signifie bâton. Il y a plus d’apparence qu’on a dit de baliveaux pour boisviaux, & boisviaux pour boisvieux, par opposition aux taillis. On trouve boisviaux dans les chartres. Item, il donnera à l’Empereur au parc de Pisons cent arpens de bois de huit ans, & les boisviaux qui demeureront au parc.

Baliveaux de Tailleurs de pierre. Voyez Echasses.

☞ BALIVERNE. s. f. Discours frivole, inutile, de peu d’importance. Nugæ. Il n’est que du style familier. Je n’entends rien à toutes ces balivernes. Mol. Conter des balivernes. Diseur de balivernes. Ce que vous dites là est une baliverne.

De plus ici n’ai mal’heureusement
Que quelques fous ; mais n’ai point de Poëte
Pour vous rimer baliverne ou sornette. Chaul.

BALIVERNER. v. n. Dire des balivernes, ou s’occuper de balivernes. Nugari, ineptire. Il ne fait que baliverner.

☞ Pris activement, il signifie railler, se mocquer de quelqu’un. Cavillari, illudere. Dans la troisième scène du second acte des Ménechmes de M. Regnard, Finette n’a pas plutôt lâché ces mots :

Voulez-vous de bon sens me dire une parole ?

Que Ménechme répond :

Mais vous-même, ma mie, êtes-vous ivre ou folle,
De me baliverner avec vos contes bleus,
Et me faire enrager depuis une heure ou deux ?

☞ Il est, de même que baliverne, du style familier.

☞ BALKHE, BALCH, BALCK. Ville d’Asie, dans le Corasan ou Korasan, à l’extrémité de cette province.

BALLADE. s. f. Terme de Poësie. On prononce BALADE. La ballade se rapporte au chant royal, comme le triolet au rondeau. Elle n’a que trois couplets, & l’envoi où l’on met quatre ou cinq vers, selon que le couplet est un huitain ou un dixain. Il faut que les mêmes rimes regnent dans tous les couplets chacune à la place qui lui a été réglée dans le premier. Les vers de huit syllabes y viennent fort bien, quand le sujet en est un peu sérieux ; autrement on doit s’en tenir à ceux de dix syllabes comme dans les rondeaux. Les ballades ont été fort en vogue ; elles n’y sont plus tant, mais ce goût ancien peut revenir. Le P. M. Mourgues. Les trois strophes de la ballade sont de huit ou dix vers chacune, dont le dernier vers est répété toujours de même. Genus odes versibus in eosdem rythmos ex euntibus compositæ : Rythmus Gallicus similiter desinens. Dans l’envoi composé de quatre ou cinq vers, on répète encore le refrain. Il y a des exemples de ballades dans Marot, & chez les Poëtes anciens. Il y en a dans Sarasin entre les Modernes. Voyez Pasquier, Recherch. Liv. VII, ch. 5.

La Ballade asservie à ses vieilles maximes,
Souvent doit tout son lustre au caprice des rimes.

Boil.