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ATT
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atticus testis, pour un témoin incorruptible, & de même une fidélité attique. Une Muse attique, est une excellente Muse, ou un bon Poëte. Le miel attique étoit estimé chez les Anciens. En françois, Athénien est plus en usage qu’Attique, sur-tout pour les choses animées. On dira beaucoup mieux, une Muse Athénienne, l’armée Athénienne, les troupes Athéniennes, que les troupes Attiques, l’armée Attique, une Muse Attique,

ATTIQUE. s. m. Terme d’Architecture. C’est un petit ordre d’architecture qu’on met au-dessus d’un plus grand pour le couronner, & terminer le bâtiment. Ce petit ordre n’a ordinairement que des pilastres d’une façon particulière. Il y en a un au Louvre qui forme le troisième étage. On en met aussi aux autels qui sont fort élevés. Il a été ainsi nommé, parce qu’il a été mis en usage par les Athéniens.

Attique continu, est celui qui environne le pourtour d’un bâtiment sans interruption, & suit les corps & retour des pavillons. Attique interposé, est celui qui est situé entre deux grands étages, quelquefois décorés de colonnes, ou de pilastres. Attique circulaire, c’est un exhaussement en forme de grand piédestal, souvent percé de petites croisées. Attique de comble, se dit de tout étage, ou piédestal de maçonnerie, ou de bois revêtu de plomb, qui sert de gardefou à une terrasse, ou plate-forme. Attique de cheminée, est le revêtement de plâtre, de bois, ou de marbre, depuis le chambranle, jusques sur la première corniche.

Attique faux. C’est dans les bâtimens très-élevés une espèce de piédestal que l’on met au-dessous de la base des colonnes, afin que la grande saillie des corniches ne les efface pas.

☞ On appelle colonnes attiques, celles qui sont carrées. Leur base est très-belle.

ATTIQUEMENT. adv. A l’Attique, d’une manière Attique. Atticè. Cicéron dans son Orateur établit l’idée du vrai atticisme, & montre que parler & écrire attiquement, c’est parler & écrire de la manière la plus parfaite : qu’à la vérité Lysias, Thucydide, Xenophon & Isocrate ont quelques parties du style attique, mais qu’ils ne le possèdent pas en entier… Qui faut-il donc imiter ? Demosthène, répond Cicéron. C’est le modèle le plus accompli que l’on puisse se proposer… l’Abbé Colin, p. 20 & 21 de la Préf. de sa traduction de l’Orateur.

☞ On a dit en latin, atticè loqui, parler le langage d’Athènes : mais on n’a jamais dit en françois parler attiquement.

☞ ATTIRAGE. Les Fileurs d’or appellent poids d’attirage les poids employés dans leur rouet ; & cordes d’attirage, les cordes qui soutiennent les poids d’attirage. Encyc.

ATTIRAIL. s. m. ☞ Terme collectif qui se dit d’une grande quantité de choses nécessaires pour certains usages. L’attirail de la chasse, du ménage, d’une imprimerie. Instrumentum. On le dit particulièrement en parlant de l’Artillerie & de la Marine. Exercitûs impedimenta. Le canon ne marche point sans un grand attirail. Le bagage & l’attirail de cette armée occupoient bien du terrain. Il faut bien des cordages, des voiles, un grand attirail pour équiper un vaisseau. ☞ On le dit par extension du bagage inutile que des gens mènent avec eux en voyage. Il traînoit un grand attirail après lui, il se dit aussi de la magnificence des grands, & des ajustemens recherchés des femmes. Ne t’enorgueillis point de ton équipage, car on écarte tout cet attirail qui t’est étranger, pour pénétrer jusqu’à toi. La Bruy. Une belle femme ne perd rien à être négligée ; il y auroit moins de péril à la voir avec tout l’attirail de l’ajustement & de la mode. Idem.

ATTIRANT, ANTE. adj. Qui a la force d’attirer. Il n’est d’usage qu’au figuré. Blandus, illecebrosus. Cette femme est flatteuse & attirante. Vous admirez l’attirante sévérité de Climène. Manières attirantes. Esprit attirant, insinuant, adroit.

☞ ATTIRER. v. a. Tirer à soi. Attrahere. L’aimant attire le fer. L’ambre attire la paille. Certains onguens attirent les matières des abcès. Ce mot a une signification particulière en Physique, sur-tout dans la Physique Newtonienne, où l’on dit qu’un corps en attire un autre & en est attiré, que les corps s’attirent mutuellement. Voyez Attraction.

Attirer, dans le sens figuré, a différentes acceptions. Attirer l’ennemi dans une embuscade, dans un défilé, le faire tomber, l’engager. Pellicere. Il a mis tout en œuvre pour l’attirer dans le piège. In fraudem illicere. Son mérite lui avoit attiré l’amitié de tout le monde, c’est-à-dire, gagné. Conciliare. Le mérite qui fait adorer les Princes, attire aux particuliers la haine & l’envie. Bourd. Rien n’est plus capable d’attirer le mépris & l’aversion des hommes, que de faire le brave contre Dieu. Pasc. Les grâces attirent tous les cœurs, charment. Allicere. Attirer les yeux, les regards de tout le monde sur soi, fixer. Omnium occulos in se convertere. Attirer par flatterie, par de belles paroles, par des promesses. Allectare, prolectare. Les crimes des hommes avoient attiré la colère de Dieu quand le déluge arriva. Concitare.

Attirer, se dit avec le pronom personnel tant au propre qu’au figuré. Dans le sens propre, on dit dans les principes de Newton que tous les corps qui composent l’univers, s’attirent réciproquement. Au figuré, on dit s’attirer l’amitié, la bienveillance de tout le monde, sibi conciliare, la gagner. S’attirer une méchante affaire. Ablanc. On ne s’arrête pas aux plaintes d’un fou, parce qu’on présume toujours qu’il s’est attiré l’insulte dont il se plaint. Fonten. Les personnes vaines s’attirent l’envie & le mépris, & irritent la médisance. Concitare, commovere in se invidiam , odium. Bell.

ATTIRÉ, ÉE. Il a les significations de son verbe, en latin comme en françois.

☞ ATTISE. s. f. Terme de Brasseries. C’est ainsi qu’on appelle le bois qu’on met dans les fourneaux sous les chaudières.

ATTISER. v. a. Raccommoder le feu, approcher les tisons les uns des autres pour les faire mieux brûler. Il ne se dit au propre qu’en parlant du feu. Admotis titionibus ignem alere, excitare. Le vulgaire dit qu’il faut être Philosophe pour bien attiser le feu ; c’est-à-dire, qu’il lui faut donner de l’air pour le faire brûler. Régnier a dit :

Quand on se brûle au feu que soi-même on attise ;
Ce n’est point accident, mais c’est une sottise.

Attiser, se dit figurément, en parlant de la haine, de la colère, de la sédition. Attiser le feu dans ce sens signifie aigrir des esprits déjà irrités les uns contre les autres. Excitare, accendere, incendere, ciere. C’est cet ambitieux qui a attisé le feu de la guerre civile ; je suis bien éloigné d’attiser moi-même par mes discours la fureur de votre emportement. Rac.

ATTISÉ, ÉE. part. Excitatus, incensus, accensus. On l’a dit autrefois pour attiré. Guillaume de S. André, dans son Poëme sur Jean IV. Duc de Bretagne, dit

Pour ce beau fils veux raisonner....
Afin que mieux soit avisé,
Si en tel fait est attisé.

ATTISONNOIR. s. m. C’est un outil, ou instrument crochu, dont les Fondeurs se servent pour attiser le feu. Instrumentum ad excitandum ignem comparatum, uncus ferreus ad excitandum ignem comparatus, aptus, idoneus.

ATTITRER. v. a. ☞ Charger quelqu’un d’un emploi, d’une commission, & il s’emploie ordinairement au participe. Commissionnaire attitré. Marchand attitrée Acad. Fr. Il se prend plus souvent en mauvaise part pour corrompre quelque personne, pour nuire à quelqu’un. Corrumpere, subornare. Il avoit attitré des gens dans une embuscade pour assassiner son ennemi. Il attitra de faux témoins pour venir déposer.

☞ Ce verbe s’emploie mieux au participe. Assassin attitré. Avoir des témoins attitrés