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ASC — ASE

rentes sortes, mais il a le goût du poivre ; les Américains en assaisonnent leurs mets, & les Européens en usent aussi. Il pousse des espèces de gaines rouges, & creuses, qui sont longues comme le doigt, dans lesquelles sont enfermées les semences. On en éleve en France. Il y en a encore d’autres sortes dont parle Gonzalve d’Oviédo dans son Histoire des Indes, Liv. VII, ch. 7.

ASCIEN. s. m. Terme de Géographie & d’Astronomie. Nom que les Astronomes donnent à ceux qui habitent la zone torride, & qui n’ont point d’ombre à midi, parce que le soleil est a leur zénith. Il vient du grec α & σκιὰ, qui signifie sans ombre.

ASCITE. s. m. Ascita. Nom d’une secte Montaniste, qui parut au IIe siècle. Ce nom vient du grec ἀσκός, qui signifie un outre, une peau de bouc. Les Ascites furent ainsi nommés, parce qu’ils introduisoient des espèces de bacchanales dans leurs assemblées, dansant autour d’un outre enflé, disant qu’ils étoient ces outres neufs pleins de vin nouveau, dont parle Jésus-Christ en S. Matth. IX. ch. 17, &c. S. Aug. hér. 62. Il ne faut pas dire Ascile, comme quelques Dictionnaires, qui ne font que copier celui d’Hoffman & toutes ses fautes.

Ascite. s. f. Terme de Médecine, qui se dit d’une des espèces d’hydropisie. Ascites. C’est l’hydropisie dans laquelle l’eau est renfermée dans le ventre, en sorte que quand le malade remue le corps, l’eau se meut aussi, & que l’on peut remarquer son mouvement & sa fluctuation. C’est la définition que Celse en donne dans son IIIe Livre, C. 21. Intus in uterum aqua contrahitur, & moto corpore, ita movetur, ut impetus ejus conspici possit. Nos Médecins se servent de ce mot en notre langue. Elle étoit morte d’une espèce d’hydropisie ascite, qui avoit duré cinq ans. Littre, Mém. de l’Acad. des Sc. 1703, p. 90. Un enfant de 14 à 15 ans, après avoir beaucoup souffert, étant dans une grande nécessité, & attaqué d’une fièvre lente, qui le jeta dans une ascite, fut rétabli & guéri par la ponction, aidée d’une méthode particulière que M. Duverney le fils décrit. Acad. des Sc. 701. Mém. p. 191. Voyez encore Hydropisie. Ce mot est grec, ἀσκίτης, & vient de ἀσκός, uter, utris, outre.

ASCITIQUE. adj. m. &. Terme de Médecine. Malade d’une hydropisie ascite. Asciticus, a, um. Une femme devint ascitique par une suppression de vidanges, arrivée quelques jours après être accouchée, & causée par un grand chagrin. Duverney, fils, Acad. 1702. Mém. p. 214. Une fille ascitique fut guérie après une seule ponction, par l’usage d’une tisane faite avec la racine d’iris, d’orties piquantes, & d’oseille ronde. Id. p. 132, 133. Il se rencontre quelquefois des ascitiques où la fluctuation & le contre-coup ne sont pas sensibles en frappant sur les côtés opposés, soit à cause d’une tension extraordinaire, soit par l’épaisseur des tégumens. Alors, pour s’en assurer, il faut mettre la main sur l’ombilic, & avec l’autre frapper de bas en haut. Id. p. 162.

ASCLÉPIADE. adj. Terme de Poësie latine & grecque. Asclepiadæus. Le vers asclépiade est composé de quatre pieds, dont le premier est un spondée, le second un coriambe, & les deux derniers deux dactyles :

Mœcenas atavis edite Regibus.

Ou bien de quatre pieds & une césure, le premier spondée, le second dactyle, après lequel vient la césure, puis deux dactyles. Il tire son nom d’Asclépiade, Poëte grec, qui en fut l’inventeur.

ASCLÉPIAS. s. m. Plante qui croît dans les montagnes. Ses branches sont longues, & ses racines menues & odorantes. Ses feuilles ressemblent à celles du lierre. Elle a tiré son nom d’un fameux Médecin qui la mit en usage. On la nomme aussi vincetoxicum, du mot latin vincere, vaincre, & du grec τοξικὰ, les venins auxquels elle résiste. Ses feuilles sont plus longues & plus étroites que celles du lierre : on les emploie entre les vulnéraires.

ASCLÉPIES. s. f. pl. Fêtes qu’on célébroit en l’honneur de Bacchus dans toute la Grèce, sur-tout à Epidaure où se faisoient les grandes Asclépiades, Megalosclepia.

ASCODROGITE, & non pas ASCRODROGILE, comme disent quelques Dictionnaires, après celui d’Hoffman. Ascodrogita. Philastrius appelle Ascodrogites, les hérétiques que S. Augustin appelle Ascites. Voyez ce mot.

Ascodrogite vient d’ἀσκός, outre, pour drogite : je ne fais pas trop où Philastrius l’a pris, ni d’où il l’a tiré.

ASCODROUTE, ou ASCODROUPITE. s. m. & f. Nom de secte. Les Ascodroutes, hérétiques du IIe siècle, rejetoient les Sacremens, disant que les choses incorporelles ne pouvoient être communiquées par des choses visibles & corporelles. Ils faisoient consister la rédemption parfaite dans la connoissance de l’univers, & ne baptisoient point. Voyez Théodoret, Lib. I. hæret. Fab. cap. 10.

ASCOLI. Ville d’Italie. Asculum Picenum, ou Anconitanum. Elle est dans la Marche d’Ancone, au confluent du Castellano & du Tronto. Ascoli est une ancienne ville.

ASCOLIES. s. f. pl. Ascolia, orum. C’est le nom d’une fête que les paysans de l’Attique célébroient en l’honneur de Bacchus. Ils lui sacrifioitnt un bouc, de la peau duquel ils faisoient un balon, qu’ils enfloient, & qu’ils flotoient de matière onctueuse. Les jeunes gens en jouoient en se tenant dessus d’un pied, & l’autre en l’air, & par leur chute divertissoient les spectateurs. C’est de-la que cette fête prit son nom. Car ἀσκός, signifie un outre, ou peau de bouc.

☞ ASCOLOTL. s. m. Nom d’un poisson sans écaille, qui se nourrit dans le lac, au milieu duquel est située la ville du Mexique. Il a la figure d’un lézard, & ses pieds lui servent de nageoires. Il est bon a manger, & son goût est le même que celui de l’anguille. Mais ce qui singularise cet animal, disent les Vocabulistes, c’est qu’il a une matrice semblable à celle d’une femme. Nous ne mettons ceci que pour faire remarquer la singularité de l’expression. Singulariser un animal.

ASCYRUM. s. m. Espèce de millepertuis, qui n’en diffère que par la grandeur, parce qu’il produit plus de rejetons. Ces rejetons sont de couleur rouge, & plus grands & plus branchus que ceux d’hypericcum, &c. Cette plante prise en breuvage en un setier d’eau mêlée, est bonne pour les sciatiques, à cause qu’elle évacue abondamment les superfluités bilieuses : mais il faut continuer d’en boire jusqu’à ce qu’on soit tout-à-fait guéri. Voyez Androsemum.

ASE.

ASECA. Voyez Apheca.

ASÉDOTH. Ville de la terre de Chanaan. Asedoth. Elle avoit son Roi sous les Chananéens. Elle étoit en-deçà du Jourdain. Josué la détruisit.

Il y avoit encore une autre Asédoth qui étoit aussi en-deçà du Jourdain. Il n’est pourtant pas certain qu’il faille distinguer ces deux villes, comme fait le P. Lubin. Je penche beaucoup plus à croire que c’est la même chose. Jos. X. 40, & Id. XII. 8, & plutôt un nom de contrée, qu’un nom de ville. Car ce mot en hébreu signifie les penchans des montagnes.

Et delà dans Josué, XII, 3. Asedoth Phasga, dont on fait encore une ville, n’est, à mon sens, que les croupes, les penchans de la montagne Phasga, qui étoit dans le pays des Moabites, & ensuite dans la tribu de Ruben, à l’orient du Jourdain, près de la mer Morte.

ASÉITÉ. s. f. Terme de Scholastique, dont on se sert pour exprimer l’indépendance de Dieu qui existe de lui-même à se, ou par lui-même per se ; ce qui fait qu’on dit encore dans le même sens perséité. Les Peres étoient persuadés que l’aséité étoit essentielle au bien moral ; de sorte que ne pouvant être dans nous par une aséité de nature, il faut qu’il y soit par une aséité de choix. Journ. de Trév. Mai 1736.

☞ Ces mots ne peuvent être employés que dans le langage barbare de l’école.

☞ ASELLE. s. m. Oniscus. Cloporte aquatique, qui ne diffère du cloporte ordinaire, que parce qu’il a, deux