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ARE

lun en grain. On en trouve de différentes couleurs.

☞ ARDOISÉ, ÉE. adj. Qui se dit des choses qui tirent sur la couleur d’ardoise. Pierre ardoisée.

ARDOISIÈRE, s. f. Lieu d’où l’on tire l’ardoise. Lapidicina ardosiarum. Les plus fameuses ardoisières sont celles d’Angers.

ARDONA, Village de la Capitanate, au Royaume de Naples. Ardonia, Erdonia, Herdonia. Il est entre les villes de Troïa & de S. Marco. C’étoit autrefois une ville épiscopale.

ARDONES. Selon Borel ce sont des eaux qui s’écoulent ès prez sans qu’on le voie. Ce mot vient d’ἄρδϖ. Id.

ARDRA. Ville de Guinée, en Afrique. On la nomme aussi Andra, ou Arda. Ardra, Andro, Arda. Elle est capitale d’un royaume qui porte son nom. Regnum Ardranum. On la trouve entre la rivière de Volta & le lac de Curamo.

ARDRAGH. s. m. Petite Ville de la Lagénie, en Irlande. Ardaca, Ardacum. Elle est au sud-ouest de Longfort, ville capitale du comté de même nom. Il y a un évêché à Ardragh : il est suffragant d’Armach, & uni à celui de Kilmorc.

Ardragh, est aussi un bourg du comté d’East Meath, dans la même île. Ardracum. Il est à l’Occident de la ville d’Atherde.

ARDRE. v. a. Vieux mot françois & hors d’usage, qui signifioit autrefois, brûler. Ardere. Il y a long-temps qu’on fait ardre les hérétiques & les sorciers. Les Anglois condamnèrent la Pucelle d’Orléans à être arse & brûlée.

Ardre. Rivière de France, en Bretagne. Voyez Erdre.

ARDRES. Petite ville de France. Ardra, Arda, Ardea. Elle est dans le comté de Guines , en Picardie. Ardres est forte , & par ses fortifications, & par sa situation sur une colline environnée de marais.

Ardres. Rivière. Voyez Ardée.

ARDROSSEN, ou ARDROSEN. Bourg de l’Ecosse septentrionale. Ardrosa. Il est fur la côte du comté de Cuningham , vis-à-vis l’île d’Arren.

ARDSTIN. s. m. Rivière nommée autrement Stinchar. Ardistinus. Elle coule dans le comté de Carrick, en Ecosse, & se décharge dans le golfe de Cluy, au bourg d’Ardstinschar, vis-à-vis la pointe de la presqu’île de Cantyr.

ARDSTINCHAR ou ARDSTINSELL. Bourg dont on vient de parler. Il a un château.

☞ ARDTULLY. Voyez au mot Ardey.

ARDU, UE. adj. Pénible, difficile. Vieux mot. Arduus, a, um. Question fort ardue.

Tes dits tous d’or, tes termes azurés,
Voire si hauts, si ardus à tout prendre,
Que mon esprit travaille à les comprendre. Marot.

ARDURE. s. f. Vieux mot, qui veut dire colère. Borel.

Tant es Juno pleine d’ardure.

Borel ajoute qu’il signifie aussi amour, & il cite ces vers de Gautier d’Espinois sur l’Echo.

Ne la daigna Narcissus regarder,
Dont secha toute de ardure.

On pourroit dire que dans ces vers, ardure veut dire colère, indignation, dépit, amour. Enfin Borel ajoute que dans un troisième sens, ardure signifie quelquefois désir ; il cite ces vers du roman de la rose.

Et preste par la grande ardure
D’avoir conquerre & arrabler.

☞ ARDUSSON. (l’) Rivière de France, qui a sa source à S. Flavi, en Champagne, passe au Paraclet, & va se jeter dans la seine, entre Pont-sur-Seine, & Nogent-le-Roi.

ARE.

ARE. Conjonct. & adv. dont on se sert en Dauphiné pour signifier enfin, & maintenant ; d’ἀρα, qui signifie la même chose, & qui souvent ne signifie rien, & n’est qu’un ornement. Nos paysans s’en servent aussi comme faisoient les Grecs, en des récits où il ne signifioit rien. Chorier, Hist. de Dauph. Tom. I, liv. II, p. 100. C’est ce qu’on appelle une particule explétive. C’est aussi une interjection fort en usage dans la haute Normandie, & sur-tout à Rouen, où les Juifs l’ont portée : elle signifie vois, vois tu, voilà ; de l’hébreu rabbinique רה׳, ecce. Huet.

Are. Petite rivière du comté d’Yorck, en Angleterre. Arus. Elle sort des confins du comté de Lancastre, & se décharge dans l’Humbre, au-dessous de la ville d’Yorck.

ARÉA. s. f. Terme de Médecine. C’est une sorte de maladie qui fait tomber les cheveux. Area est une dépilation générale, qui renferme deux espèces, l’alopécie & l’ophiasis. Degori.

AREB. s. m. Monnoie de compte, dont on se sert dans les états du grand Mogol, particulièrement à Amadabath. Quatre arebs font un crou ; un crou vaut cent laes ; & un laes 100000 roupies.

AREBBA. Ville de la tribu de Juda, dans la Terre-Sainte. Arebba. Elle étoit dans la partie occidentale de cette tribu.

☞ AREBICO. Autrefois ville, présentement village de l’Amérique septentrionale , dans l’ile de Portoricco.

☞ AREC, ou ARECQ. Ville des Indes, au royaume de Decon, selon Mandeslo ; au royaume de Visapour, selon Delisle, sur la route de Dabul à Visapour.

AREC, ARÉCA, ou FAUFEL. s. m. Palma arecifera. C’est une espèce de palmier commun dans les Indes Orientales. Il ressemble au palmier cocotier, & s’élève de même fort haut. Ses feuilles font néanmoins plus étroites ; d’entre ses feuilles sort une masse longue & qui termine sa tige. Les gaines qui renferment les fleurs & les fruits sont faites en forme de nacelle, & naissent des aisselles des feuilles. Lorsque ces gaines sont parvenues à un certain degré de maturiré, elles s’ouvrent, & laissent appercevoir dans leur intérieur un balai dont la plupart des brins, sur-tout ceux du milieu, sont chargés de jeunes fruits : ceux d’à-côté qui sont les plus grêles, sont garnis de deux rangs de fleurs qui ressemblent à des épis. Chaque fleur est composée de trois petits pétales blanchâtres, anguleux, pointus, & de dix étamines jaunes. Trois filets d’un jaune plus pâle forment le pistil. Le fruit jeune est oblong, anguleux blanchâtre & luisant ; il devient ensuite jaunâtre ; & lorsqu’il a acquis une certaine maturité, il n’est plus si anguleux, ni si pointu à son extrémité. Son écorce devient ferme, ferrée & épaisse ; sa pulpe est d’un roux tirant fur le rouge, tendre & astringente au goût ; son amande est blanche. C’est dans cet état qu’on la mange avec des feuilles de bétel ; car pour lors il est plus plein de jus, & il teint en rouge la bouche & la salive. Rien n’est plus ordinaire dans les Indes, que de mâcher de l’aréca & du bétel. Les Indiens croient que cette feuille & ce fruit mêlés ensemble empêchent la puanteur de la bouche : quelquefois ils frottent les feuilles de bétel avec la chaux des coquilles. Ils composent aussi des pastilles avec la noix d’aréca, le suc de cate, le camphre, le bois d’aloès & l’ambre. Il y a beaucoup d’apparence que ce que nous nommons cachou, catechu, terra Japonica, est une préparation ou un mélange de noix d’aréca, du suc de cate, ou lycium Indicum, avec quelque chaux de coquille. Ce mélange cuit en morceaux de différente figure & grosseur, nous est apporté des Indes Orientales. On s’en sert en Europe pour arrêter les diarrhées, les vomissemens, pour empêcher les progrès des fluxions commençantes. Voyez Acosta. Il y a dans l’Hortus Malabaricus, vol. I, une bonne figure de l’aréca sous le nom de Caunga.

ARECIUM. s. m. Plante propre contre la rétention d’urine & le mal de dents. Cela ne nous apprend rien.