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damine, le cresson, la cochléaria, &c. Journ. des Sav. p. 295.

☞ Il est aussi substantif. Ce malade fait usage des antiscorbutiques.

ANTISCOTI. Voyez Anticosti.

ANTISCRIPTURAIRE. s. m. & f. Contraire à l’Ecriture. Antiscripturarius. Nom de secte. Voyez Antinome.

Ce mot est partie grec & partie latin, ἀντὶ, contrà, & scriptura, écriture.

ANTISPASE. s. f. Antispasis. Terme de Médecine. Révulsion, retour d’humeurs, cours qu’on leur fait prendre vers la partie opposée à celle sur laquelle elles se jetoient. On s’en sert à l’égard des humeurs qui sont déjà en mouvement, pour les jeter sur une partie opposée ; car une humeur qui est déja fixée dans une partie, ne peut point être évacuée par révulsion, mais par dérivation, à cause qu’on ne peut l’attirer que vers les parties voisines. D’ἀντὶ, contre, & σπάω, tirer.

ANTISPASMODIQUES, ANTISPASMATIQUES, ou ANTISPASMIQUES. s. m. pl. Terme de Médecine. Remèdes contre les convulsions. Tels sont la thériaque, les sels volatils, le sel sédatif, l’eau impériale, l’esprit de succin, la liqueur de corne de cerf succinée, les parégoriques, les narcotiques. Ce mot vient du grec ἀντὶ, contre, & σπάσμα, convulsion. Col. de Villars. Il est aussi adj. Remède antispasmodique.

ANTISPASTIQUE. adj. Epithète générale des remèdes qui opèrent par révulsion.

☞ Il est aussi substantif. Les antispastiques opèrent par révulsion, c’est-à-dire, en détournant les humeurs sur des parties différentes de celles où elles s’étoient fixées.

ANTISPODE. s. m. Faux spode que les Médecins mettent en usage à la place du vrai spodium, qui est difficile à recouvrer. Voyez dans le Dictionnaire des Arts la manière dont Dioscoride faisoit les médicamens supplétifs, que l’on appelle Antispodes. Voyez aussi Spode.

☞ ANTISTICHON. s. m. C’est ainsi qu’on a appelé le changement d’une lettre en une autre. olli, par exemple, pour illi.

ANTISTROPHE. s. f. Antistrophe, alterna conversio. Figure grammaticale, qui se dit quand de deux termes ou choses conjointes & dépendantes l’une de l’autre, on fait la conversion, ou le renversement réciproque : comme le serviteur du maître, & le maître du serviteur. Cette dernière phrase est une antistrophe.

Antistrophe. ☞ Terme de poësie chez les Grecs. C’est ainsi qu’on appeloit une des stances des chœurs dans les poësies dramatiques, L’Antistrophe étoit une des trois parties de l’ode, dont les deux autres se nommoient strophe & spode. La strophe & l’antistrophe contenoient toujours le même nombre de vers, tous de même mesure, & pouvoient conséquemment être chantées sur le même air. L’épode comprenoit des vers plus longs & plus courts. Le chœur chantoit la strophe en se tournant à droite du côté des spectateurs, & l’antistrophe étoit la stance suivante que ce même chœur chantoit en se tournant à gauche. Le mot d’antistrophe n’est pas connu dans notre poësie françoise.

Ce mot vient d’ἀντὶ, contre, & de στροφή, strophe, qui vient de στρέφω, je tourne.

ANTITACTE. s. m. & f. Antitacticus, Antitactæ. Nom de secte ; Hérétiques sortis des Gnostiques. Les Antitactes avouoient que le Dieu Créateur de l’univers étoit bon & juste ; mais ils soutenoient qu’une de ses créatures avoit créé la nature du mal, & nous y avoit engagés pour nous opposer au Dieu créateur, & qu’il falloit nous opposer à cet Auteur du mal pour venger Dieu. C’est de là que leur vient leur nom, formé du grec ἀντιτάττω, qui signifie opposer, être contraire : desorte que Antitacte signifie, celui qui est opposé, qui est contraire. Clément Alexandrin parle des Antitactes, Strom. Liv. III. & c’est de lui que nous tirons ceci. S. Augustin en parle aussi, hæres. 18.

ANTITAURUS. Chaîne de montagnes de l’Anatolie. Antitaurus. C’est une branche du mont Taurus ; elle s’en sépare à la source du Cidne, & s’avance vers le nord est jusqu’à l’Euphrate. Ces montagnes ont au couchant les Beglierbeglicks de Caramanie & de Siwar, & au levant celui de Marasch. On les appelle Antitaurus, parce qu’elles sont opposées au mont Taurus, qui est situé de l’ouest à l’est, & sépare le Beglierbeglich de Marasch de celui de Chypre, & d’une partie de celui d’Alep. On dit que les habitans de ces montagnes les appellent Rohan-Taur. Au reste, il faut dire le Mont Taurus, & l’Antitaurus, & non point Taur & Antitaur.

ANTITHÉES. s. m. pl. C’étoient de mauvais génies, dit Arnobe, qui invoquoient les Magiciens, & qui n’étoient propres qu’à faire du mal. Arnobe est le seul qui en ait parlé.

ANTITHÉNAR. s. m. Terme d’Anatomie. C’est un petit muscle composé, placé obliquement sous les os du métatarse. Il est attaché postérieurement à la partie inférieure du second, du troisieme & du quatrième os du métatarse près de leurs bases, au ligament voisin du premier & du second de ces os, aux ligamens voisins des os du tarse, & enfin à une aponévrose latérale du muscle, qu’on appelle communément Hypothénar. Toutes ces portions se concentrent, & s’attachent au côté externe de l’os sésamoïde externe, & à la partie voisine de la première phalange du pouce. Winslow. Il prend son origine de l’os du métatarse, qui soutient le petit orteil, & passant obliquement sur les autres os, va s’insérer par un fort tendon à la partie interne du premier os du pouce, qui tire en dehors vers les autres orteils. Dionis. Il est nommé Anthiténar, parce qu’il est l’antagoniste de l’adducteur, qui se nomme Thénar. Le pouce de la main a aussi son Antithénar, qui a de même son adducteur. Le muscle antithénar s’appelle autrement le demi-osseux du pouce, le demi-interosseux du pouce.

ANTITHÈSE. s. f. Figure de Rhétorique, qui consiste dans l’opposition des pensées ou des mots. Antithesis, Contentio. Grand dans le petit, petit dans le grand. Ceux qui font des antithèses en forçant les mots, imitent ceux qui font de fausses fenêtres pour la symétrie. Pasc. S. Augustin, Salvian, & plusieurs autres Ecrivains, ont fort aimé les antithèses. Aujourd’hui les antithèses sont fort décriées. Desmarêts fait dire à son Poëte des Visionnaires : « Puis j’aimai l’antithèse au sortir de l’école. Jettez-vous sur les injures, & presque toujours sur les antithèses, vous êtes appelé à ce style, il faut que chacun suive sa vocation. » Racine. Si on ne bannit pas absolument l’antithèse des discours, au moins ne doit-on la permettre que dans des discours d’appareil.

Antithèse, est aussi une figure de Grammaire, par laquelle on change une lettre pour en substituer une autre : comme on dit olli pour illi. ☞ C’est ce qu’on appelle antistichon. M. du Marsais rapporte cette figure au métaplasme. Voyez ce mot.

Ce mot vient du grec ἀντίθεσις c’est-à-dire, opposition.

ANTITHÉTIQUE. adj. Qui tient de l’antithèse. Le style de S. Augustin est antithétique. Le style antithétique est aujourd’hui fort décrié ; cependant quand les antithèses sont bien justes & à propos, elles jouent agréablement dans un discours. Le style antithétique du P. d’Orléans a ses agrémens que je lui passe volontiers. La Chapelle.

☞ ANTITRAGUES. s. m. Terme d’Anatomie. Partie de l’oreille externe opposée au tragues.

ANTITRINITAIRE. s. m. & f. Antitrinitarius, SS. Trinitatis hostis. Hérétique, qui nie la Sainte Trinité, qui enseigne qu’il n’y a point trois personnes en Dieu. Ainsi les disciples de Paul de Samosate, les Photiniens, qui ne croioient point la distinction des personnes en Dieu, les Ariens, qui nioient la divinité du Verbe ; les Macédoniens, qui nioient celle du S. Esprit, étoient tous de vrais Antitrinitaires. On dit plus particulièrement ce mot des Sociniens, qu’on appelle aussi Unitaires. La Bibliothèque des Antitrinitaires, Bibliotheca Antitrinitariorum, est un ouvrage posthume de Christophe Sandius, Antitrinitaire lui-même, dans lequel, en suivant l’ordre des temps, il fait une liste de tous les Auteurs Sociniens, ou Antitri-