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& les arts libéraux avec réputation, se crut en état de passer à la théologie. Il aimoit les opinions qui frappent par leur singularité & leur nouveauté. Il forma une secte assez ressemblante à celle des Albigeois. Il ne fut pourtant attaqué juridiquement pendant sa vie que sur une proposition, dans laquelle il enseignoit que tout Chrétien, pour être sauvé, doit se croire aussi fermement membre de Jesus-Christ, qu’il est obligé de croire que Jesus-Christ est né & a opéré pour lui le mystère de la rédemption. Ce nouvel article de foi souleva tous les docteurs de Paris, contre la doctrine d’Amauri. Ils le condamnerent dans une assemblée solennelle, tenue en 1204. La sentence en fut confirmée à Rome, & Amauri en mourut de chagrin. On le trouva après sa mort coupable de bien d’autres erreurs, que ses disciples semerent. Voyez l’Histoire de l’Église Gallic. L. XXIX. Voyez encore Aymeric.

AMAUROSE. s. f. Terme de Médecine. C’est une privation entière de la vue, qui arrive sans qu’il y ait aucun vice sensible dans les yeux. Oculorum obscuritas. Elle est causée par l’obstruction des nerfs optiques. Ce mot vient du grec ἀμαύρωσις, & signifie obscurcissement. C’est le gutta serena des latins. Voyez Goutte-sereine.

☞ AMAUTAS. s. m. Philosophes du Pérou, fondés, à ce qu’on croit, par l’Inca Rocca, pour enseigner à Cusco les Sciences aux Princes & aux Gentilshommes. Ils étoient chargés d’apprendre à leurs disciples les cérémonies & les préceptes de leur religion, les lois, la politique, l’art militaire, l’histoire, la chronologie, la poësie, même la philosophie, la musique & l’astronomie. Ils composoient avec facilité des tragédies & des comédies qu’ils représentoient devant leurs Rois & les Seigneurs de la cour, aux fêtes solennelles. Les sujets de leurs tragédies étoient des actions militaires, les triomphes de leurs Rois, ou d’autres hommes illustres. Dans leurs comédies ils parloient de l’agriculture, des affaires domestiques, & des divers événemens de la vie humaine. Tout y étoit grave, honnête & sententieux. Les acteurs étoient des personnes qualifiées, & quand la pièce étoit jouée, ils venoient s’asseoir à leurs places, chacun selon son rang & sa dignité. Ceux qui avoient mieux joué leur rôle, recevoient pour prix des joyaux ou d’autres présens considérables. Leur poësie étoit composée de vers courts & longs, où ils observoient la mesure des syllabes. On dit qu’ils n’avoient pas encore l’usage de l’écriture, & qu’ils se servoient de signes ou d’instrumens sensibles pour expliquer ce qu’ils entendoient dans les sciences qu’ils apprenoient. Mor. qui cite Garcilasso de la Véga.

AMAXOBIEN, ENNE. s. m. & f. Amaxobius. Ancien peuple de Sarmatie, qui n’avoit point de maisons, ni de tentes, mais qui vivoit dans des charriots, dans lesquels il erroit sans cesse çà & là. Ce nom est grec, & vient de ἄμαξα, charriot, & βίος, vie.

AMAYA. Bourg du Royaume de Léon, en Espagne. Amagia, Aregia. Il est entre la ville de Léon & celle de Burgos.

AMAZONE. s. f. Femme ou fille courageuse, & guerrière. Amazon. C’étoit autrefois des femmes de Scythie qui habitoient près du Tanaïs, & du Thermodoon, qui ont conquis une partie de l’Asie, qui vivoient sans hommes, & qui s’abandonnoient aux étrangers ; mais elles faisoient périr tous les enfans mâles, & elles brûloient la mammelle gauche des filles pour les rendre plus propres au combat : d’où on dit qu’est venu leur nom, de α privatif, & de μάζος, qui signifie Mammelle. Dans les médailles, le buste des Amazones est ordinairement armé d’une petite hache d’armes qu’elles portoient sur l’épaule, avec un petit bouclier fait en croissant, que Les Latins nomment pelta.

Strabon & Palæphatus, & d’autres encore, nient qu’il y ait eu autrefois des Amazones. On leur oppose Hérodote, Pausanias, Diodore de Sicile, Trogue-Pompée, & Justin son abréviateur, Plutarque, &c. Pline & Méla font mention de celles de Scythie. Hippocrate dit qu’il y avoit une loi chez elles qui condamnoit les filles à demeurer vierges jusqu’à ce qu’elles eussent tué trois hommes du pays ennemi. Il dit aussi qu’elles retranchoient la mammelle droite, afin que le bras droit en devînt plus robuste, en profitant de la nourriture que le teton auroit emportée. On dit aussi qu’elles tordoient les jambes à leurs enfans mâles, afin d’être toujours les maîtresses. On dit qu’en Afrique il y a un royaume composé de seules femmes, qui tuent les garçons qui naissent du commerce qu’elles ont avec les peuples voisins, comme témoigne Jean de Los Sanctos, Jacobin Portugais, dans la Description de l’Ethiopie orientale. Æneas Silvius rapporte qu’on a vu dans la Bohème pendant sept ans une république toute semblable à celle des Amazones, fondée par la valeur d’une fille nommée Valasca. M. Petit, Médecin, a fait une Dissertation latine pour montrer qu’il y a eu véritablement un état d’Amazones. Elle fut imprimée en 1685, chez Cramoisi. Il y fait plusieurs recherches curieuses sur leurs vêtemens, leurs armes, les villes qu’elles ont bâties ou habitées, &c.

La rivière des Amazones, Fluvius Amazonius, est une grande rivière qui arrose la partie méridionale de l’Amérique ; & la vaste région qui lui donne ce nom, est à deux degrés & demi de hauteur méridionale proche la nation des Topinambous. Cette région est bornée au nord de la Guiane, & la terre ferme, au couchant, par le Pérou, au midi par le Paraguay, & à l’orient, par le Brésil. Ce pays s’étend depuis le 1 degré de latitude nord, jusqu’au 15 de latitude sud, & depuis le 300e jusqu’au 327 ou 328e de longitude. Cette rivière a plus de 80 lieues de large à son embouchure ; & dans le reflux elle pousse son eau douce plus de 30 lieues dans la mer. Le P. Christophe d’Acunna en a écrit une Relation, & le sieur de Villarmond une autre. Voyez aussi le Pere Alfonse d’Ouaglie, dans son Historica relatione del Regno di Cile, Liv. IV, Ch. 12. Et le Pere Alfonse Rodriguès, dans son Livre intitulé, El Maranon y Amazonas. Les lettres édifiantes & curieuses des Jésuites missionnaires, Tome X, p. 241, portent qu’il y a en effet dans l’Amérique méridionale une nation de femmes belliqueuses ; qu’à certain temps de l’année elles reçoivent des hommes chez elles ; qu’elles tuent les enfans mâles qui leur naissent ; qu’elles ont grand soin d’élever les filles ; & que de bonne-heure elles les endurcissent aux travaux de la guerre. Le Pere Lamberti, dans sa Relation de la Mingrelie, dit, qu’en ce pays-là on voit encore à présent des Amazones. Les plus fameuses ont été Marthésie, Orythie, Pentésilée qui fut tuée par Achille, &c.

Amazone, se dit aussi en général d’une femme courageuse, & capable d’une entreprise hardie. La Pucelle d’Orléans a passé pour une Amazone. Vous êtes l’une & l’autre, deux franches Amazones. Scar. Ce mot se dit d’une Princesse courageuse, qui soutient ou entreprend des guerres pour la défense de ses états.

Amazones. (la pierre des) Que plusieurs confondent avec le jade, en a assez la couleur. On peut la distinguer en levantine, qui est verdâtre, & qui approche du jade. L’autre qui se nomme orientale, est plus bleue, & ressemble à l’émeraude. Venette, dans son traité des pierres, dit que le limon vert de la rivière des Amazones est fluide, & devient si dur, après avoir été exposé à l’air, que l’on en fait des haches dans le pays. On s’en sert effectivement pour faire des poignées de sabres, des manches de couteaux ; & en les perçant, on en fait des amulettes qu’on porte au cou, aux bras & sur les reins. La pensée où l’on est que c’est un reméde spécifique pour l’épilepsie, & pour chasser les sables des reins, occasionne ces usages.

AMB.

AMBA. C’est un fruit qui vient dans le Calécur sur un arbre appelé Manga. Il est vert, semblable à nos noix, plus gros qu’une pêche ; son écorce est amère, quand elle est mûre. Elle est jaune & lustrée. Elle renferme un os comme une amande ; ce qui est dedans est doux comme du miel. Quand ce fruit est mûr, on le met dans l’eau, & on le conserve comme nous fai-