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d’aller. Incessus, ingressus. On connoît bien des gens à leur allure.

Allure, se dit du train, de la façon d’aller du cheval. Gradus. Ce cheval a l’allure froide ; pour dire, qu’il ne leve pas assez le genou, ni la jambe, & qu’il rase le tapis. Ce barbe a de belles allures ; pour dire, qu’il a la marche belle. Il n’y a personne qui puisse parfaitement dresser un cheval, qu’il ne sache exactement toutes les allures naturelles, & les actions des jambes. Newcast. Les allures naturelles sont le pas, ou petit trot, le trot, l’amble, le galop. Si le cheval continue à falsifier son allure, donnez-lui de l’éperon dans la volte. Id.

Allures de Cerf. Ce sont les endroits par où il passe. Cervi viæ.

Allures, se dit aussi au figuré, en parlant de la conduite, & des intrigues de quelqu’un. Agendi ratio, Consilia, Artes. J’ai bien reconnu à ses allures qu’il briguoit secrétement cet emploi. Il se prend ordinairement en mauvaise part. Un homme qui a des allures, veut dire, un homme qui voit mauvaise compagnie, ou qui a quelque mauvais commerce qu’il cherche à cacher. En ce sens il est du style familier.

Ce mot a la même étymologie que son verbe aller.

ALLUSA. Voyez Allath.

ALLUSION. s. f. Terme de Rhétorique. ☞ C’est une figure par laquelle on fait sentir le rapport que des choses ou des personnes ont entre elles. Si c’est un simple jeu de paroles, elle est toujours froide & insipide. Annominatio, Lusus in verbis. L’affectation des allusions est extrêmement vicieuse en France. Et même sans affectation, elles passent pour froides, à moins qu’elles ne soient fort heureuses. Mais on peut élégamment faire allusion à quelque apophthegme, à quelque histoire, à quelque coutume, lorsqu’on dit quelque chose qui y a du rapport, & qu’on veut faire entendre au lecteur, ou à l’auditeur, qu’on y a pensé en l’écrivant. Rei alterius ex altera notatio.

ALLUVION. s. f. Accroissement de terrain qui se fait le long des rivages de la mer, ou des grandes rivières, par les terres que les eaux y apportent, ou qu’elles laissent à découvert lorsqu’elles se retirent, & qu’elles prennent leur cours d’un autre côté. Alluvio. Le Droit Romain met l’alluvion entre les moyens légitimes d’acquérir par le droit des gens. Il définit l’alluvion, un accroissement lent & caché ; parce qu’il faut que cela arrive presqu’imperceptiblement. Car si un débordement subit de la rivière détachoit une portion considérable d’un fonds pour le joindre à un héritage voisin, en ce cas cette portion n’est point censée acquise par le droit d’alluvion, & le premier propriétaire la peut reclamer. Les alluvions ont éloigné Aigues-mortes de la mer, où il y avoit un port du temps de Saint Louis. Cette île s’est faite par alluvion ; le Seigneur voisin prétend qu’elle est à lui par droit d’alluvion. Ce mot vient du latin alluo, baigner.

ALLYRE. s. m. Illydius. Voyez Alire.

ALM.

ALMA. Rivière de la presqu’île de la petite Tartarie. Alma. Elle se nomme aussi Baciesarey, & prend ces deux noms de deux villes qu’elle arrose. Samion l’appelle aussi Krabara.

☞ ALMAÇAREN. Petite ville d’Espagne, au royaume de Murcie, sur le rivage de la mer, à six lieues de Carthagène.

ALMACHARANA, ou ALMACHARAMA. Ville de l’Arabie-Heureuse. Almacharana, Almacharama. Elle est dans la principauté de Moca, entre les villes d’Aden & de Saada. On juge que c’est l’ancienne Saphar.

ALMADE. Ville de l’Estramadure Portugaise. Almada. Elle est à l’embouchure du Tage, vis-à-vis de Lisbonne.

ALMADIE. s. f. Terme de Marine. Ce sont de petites barques de quatre brasses de long, faites souvent d’écorce de bois, dont usent les sauvages de la côte d’Afrique. Cymbulæ. C’est aussi un vaisseau des Indes, long de 80 pieds, & large de six ou sept, qui ressemble à une navette, à la réserve de son derrière, qui est carré. Voyez Almodia.

ALMAGESTE. s. m. Terme qui se dit d’un livre fameux composé par Ptolémée, où il a recueilli un grand nombre de problèmes des Anciens, servant à la Géométrie & à l’Astronomie. Almageste Ptolemæi. Il est intitulé en grec, σύνταξις μέγιστη ? Ce dernier mot joint avec l’article arabe al, lui a fait donner le nom d’Almageste par les Arabes, quand il fut traduit par l’ordre de Maimon, Calife de Babylone, vers l’an 800. Almagesthi est le nom arabe ; & nous en avons fait Almageste. Le Pere Jean-Baptiste Riccioli a fait aussi une Astronomie réformée, qu’il appelle Almageste nouveau, où il a compilé toutes les observations des Astronomes anciens & modernes, & en a conféré les hypothèses.

ALMAGRO. Ville de la Manche, contrée de la Castille nouvelle, en Espagne. Almagrum. Elle est au levant de Ciudad-Réal.

ALMAGUER & ALMAGRO. Ville du royaume de Popayo, dans l’Amérique méridionale. Almagrum, Almagra. Elle est sur une montagne, d’où sort la rivière de Cauca.

☞ ALMALIG. Ville d’Asie, dans le Turquestan. Les Géographes Arabes lui donnent 102 d. 30 m. de long. & 44 d. de lat. sept.

ALMANACH. s. m. Calendrier ou table où sont écrits les jours, & les fêtes de l’année, le cours de la lune, les éclipses, les signes du zodiaque dans lesquels le soleil entre, & des pronostics sur la diverse disposition de l’air. Ephemeris, Lunarium motuum Ephemeris, Calendarium. Cardan a fait un Traité de supplemento Almanach.

Ce mot est arabe, compose de l’article al & de mana, qui signifie compter. Nicod. C’est aussi l’opinion de Saumaise dans ses prolégomènes sur Solin. Covarruvias dit, que selon quelques-uns, ce mot vient de manach, qui signifie, selon eux, Calendrier. Il ajoute que Diégo Durréa assure que la terminaison arabe de ce mot est manaquebu, du verbe necaba, qui signifie, prédire l’avenir. Cependant il soutient que ces deux sentimens ne reviennent qu’à une même chose. Car l’hébreu manach signifie nombrer, supputer. Or tout le monde sait que les Almanachs ne consistent qu’en supputations Astronomiques. Scaliger dit qu’il a été fait de l’article al, & de Μὴν, mot grec, qui signifie mois. Scaliger, sur le Culex de Virgile, prétend que les Arabes l’ont pris du grec μονακὸς, qui signifie cours des mois, en préposant leur article al, comme alambic, almageste, alchimie. D’autres croient que ce mot vient des Egyptiens, long-temps avant les Arabes. Du Cange. Ménage dit que les Arabes l’ont fait du Persan salmaha, qui signifie, la période de la lune. M. Chastelain, dans ses Notes sur le Martyrologe, au I. Janvier, dit qu’il vient du mot hébraïque manha, (il falloit dire minhha) avec l’article al des Arabes. Manha, ajoute-t-il, signifie, présent, ou don. Et le savant Golius, en ses Notes sur les Elémens Astronomiques d’Alfragan, dit, que presque dans tout l’Orient, les sujets font des présens aux Rois au commencement de l’année, & entre autres les Astrologues, qui leur donnent les éphémérides de l’année qui commence ; d’où, dit-il, ces éphémérides ont été nommées Almanha, c’est-à-dire, Etrennes. Cornélius Kiliam croit que le mot Almanach est un mot Allemand, & que Almanach est comme si l’on disoit almaen acht, Omnium lunarum totius anni consideratio, Considération de toutes les lunes de l’année.

L’Almanach du Palais est celui où sont marqués les jours où le Parlement ne s’assemble pas. Fori ephemeris, Calendarium. Almanach historial, est un journal où on marque quelques histoires mémorables au jour où elles sont autrefois arrivées. Fasti. On appelle ordinairement Almanach de l’Observatoire, le petit livre intitulé, Connoissance des temps, qui paroît tous les ans, & qui contient plusieurs supputations Astronomiques : on l’attribuoit à Messieurs de l’Observatoire, ou de l’Académie des Sciences, quoique M. le Févre ou M. Lieutaud, ou quelque autre particulier en fût seul l’Auteur, & que les autres n’y eussent d’autre part que d’y avoir fourni quelques mémoires, sans garantir tout le reste. En 1703, on a donné une nouvelle forme à cet