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nibus adire Corinthum : ou comme Erasme l’exprime, sur le grec de Suidas qui le rapporte, Non est cujuslibet Corinthum adpellere. Il se dit aussi des entreprises difficiles : il étoit fondé sur la difficulté qu’il y avoit à entrer dans le port de Corinthe.

☞ ALLÉ, ÉE. part.

ALLER. s. m. ALRE. s. f. Rivière de la basse-Saxe, en Allemagne. Allera, ou Alerus. Elle a sa source dans le duché de Magdebourg, traverse celui de Lunebourg, & se décharge dans le Weser, au-dessous de Ferden.

ALLEBURG. Ville de la Prusse ducale. Allerburgum. Elle est dans la Bartonie, sur la rivière d’Alla, près de son embouchure dans le Prégel.

ALLERIONS. Voyez Alerions.

ALLESPERG. Petite ville du Cercle de Franconie, en Allemagne. Allersperga. Elle est à quelques lieues au midi de Nuremberg.

☞ ALLESER. C’est ainsi qu’écrit l’Académie. Voyez Allezer.

ALLESFORD. Ville du comté de Hant, en Angleterre. Allesfordia. Elle est à l’orient de Wenchester.

ALLÈTES. s. p. Terme de coutumes. Alletes. Les Us & Coutumes de quelque canton de Normandie, citées par M. Du Cange, nous apprennent ce que c’est que le droit des allètes… Entre les autres coutumes, il est une coutume que l’on appelle les allètes, à laquelle coutume il appartient que de Pâque jusqu’à la Trinité, quiconque porte poisson d’eau douce à cou, il paye un denier, à cheval quatre deniers, en bouteille un denier ; mais qu’il ait mis le poisson de son cou en la bouteille, & si il y a mis autrement, il payera quatre deniers pour la bouteille.

ALLEU, ou ALEU, ou ALODES. s. m. Vieux mot gaulois. Fonds de terre, noble ou roturier, qui est exempt de tous droits Seigneuriaux. Allodium, Prædium immune, liberum, nihil pensitans. L’Auteur de la vie de S. Déicole, qui écrivoit dans le Xe siècle, dit alodus, qu’il fait féminin. Il est vrai que les deux manuscrits écrivent allodium. Bollandus T. II, p. 204, l’explique ainsi : Est allodium, prædium, seu quævis possessio libera, jurisque proprii, & non in feudum clientelare accepta. La Loi Salique dit Alode, aussi-bien que les Loix des Boïens, ou Bavarois, chap. 11, & les Formules de Marculphe. Après les conquêtes des Gaules, les terres furent partagées en deux manières à l’égard des particuliers, en bénéfices, & en alodes, ou alleuds. Les bénéfices consistoient en terres que le Prince donnoit aux gens de guerre, ou à vie, ou pour un temps fixé. Les alleuds étoient les terres qu’on laissoit en propriété aux anciens possesseurs. Le tit. 62 de la Loi Salique est des Alleuds, de Alodis, & ce terme y est pris pour les biens héréditaires, patrimoniaux, qu’on reçoit de ses peres ; & souvent alode & patrimonium sont employés comme synonymes. Voyez le Glossarium Salicum de Chifflet, au mot Alodes, & les Notes de M. Bignon, sur Marculphe, Liv. I, ch. 12. Liv. II, ch. 4, 6 & 9. Dans les Capitulaires de Charlemagne, de Louis le Débonnaire, & de Charles le Chauve, on trouve cette perpétuelle opposition entre bénéfice, & alleu. Le P. Sirmond en distingue de trois sortes, propres, acquêts, & ceux qui provenoient de la libéralité du Prince. Cette prérogative des alleuds sur les bénéfices, dura jusqu’à la décadence de la seconde race. Alors les alleuds changerent de nature. Les Seigneurs féodaux contraignirent les possesseurs des biens allodiaux de les tenir d’eux à l’avenir. Ce changement arriva en Allemagne aussi-bien qu’en France. Il n’y eut que les villes qui se conserverent un peu davantage contre l’oppression ; c’est pourquoi l’on y trouve encore plus de francs alleuds. Ainsi les alodes, ou les alleuds, dans leur naturelle signification, n’étoient autre chose qu’une propriété héréditaire. Mais présentement ce mot n’est plus en usage, qu’en y ajoutant le mot de franc ; & alors il signifie une terre, une seigneurie, ou héritage, soit noble, soit roturier, indépendant de tout seigneur, qui ne doit aucune charge ni redevance, & qui n’est sujet à aucuns droits ni devoirs seigneuriaux : il est seulement sujet à la juridiction. L’usurpation des féodaux sur les biens allodiaux alla si loin, que presque tous les alleuds, ou leur furent assujettis, ou furent eux-mêmes convertis en fiefs. De-là est venu la maxime, nulle terre sans Seigneur. Sur ce fondement la plûpart des Docteurs françois tiennent que le franc-alleu, étant un privilége, & une concession particulière contre le droit commun, tout héritage est présumé tenu d’un fief, à moins que le franc-alleu ne soit prouvé par un titre spécial. La présomption générale est pour le Seigneur ; sur-tout quand son territoire est continu & uniforme, ensorte qu’il ne s’y trouve point de terre en franc-alleu qui y soit enclavée. En ce cas, il faut que celui qui prétend posséder un franc-alleu, le justifie par un titre particulier. En quelques lieux on distingue entre un franc-alleu noble, & un franc-alleu roturier. Le franc-alleu noble est celui qui est érigé en fief, où il y a justice, censive & fief mouvant de lui. Le franc-alleu roturier, est celui qui n’a ni justice, ni fief relevant de lui ; il se partage roturièrement, & l’autre noblement. Voyez Du Moulin sur l’art 68 de la coutume de Paris. En latin allodium.

L’origine de ce mot est fort controversée. M. de Caseneuve, dit qu’elle n’est guère moins inconnue que celle du Nil. Budée & Alciat le dérivent de a, & de laudare, parce que celui qui tient en franc-alleu, n’est point tenu de louer, ni de reconnoître aucun Seigneur : Bodin, de aldius, ou de aldia ; qui dans les lois des Lombards signifie un affranchi : Volsius, de l’allemand al-oudt, qui signifie, ce qu’on possede en propre d’ancienneté, sans aucun bienfait de Seigneur : Caseneuve, de a, & de loz, ou de an lodt, après Rhénatus, vieux mots allemands, qui signifioient sort, croyant que ces terres en franc-alleu étoient venues d’un ancien patrimoine, & n’avoient point passé par le sort qu’avoient jeté les Conquérans des Gaules, quand ils avoient partagé entre eux les terres qu’ils avoient usurpées. Hauteserre, après Dominicus, le dérive de l’allemand ohn leiden, qui veut dire sans sujétion. Quelques-uns le dérivent de l’hébreu halal, qui signifie, laudare, quasi possessionem laudatam habere. Lipse le dérive de Aleudi, île d’Allemagne : Borelli du grec ἄλυτος, c’est-à dire, libre ; car en effet, alleu signifie franchise. Le P. Ménestrier dans son Histoire de la ville de Lyon, p. 94, veut que ce nom vienne du mot alauda, mot gaulois, qui selon lui signifie franc, ou libre ; d’où vient qu’il appelle Légion libre, celle que César avoir appelée Alauda, ainsi que Suétone le rapporte ; mais il se trompe sur la signification du mot celtique. Voyez Allouette. Du Cange prétend que alodium tout seul signifie un héritage sans charge : mais qu’en général alodis & alodum s’est dit de tout héritage, ou fonds, ou immeuble propre ; & qu’on disoit Transire in alodum ; pour dire, donner en propriété. Outre les origines ci-dessus, il dit que Spelmanus le dérive du mot saxon leod, qui signifie héritage populaire, opposé à seigneurie. Wendelinus le dérive de alder, qui signifie majeur, comme étant une chose qui advient par succession légitime des ancêtres. Ménage rapporte toutes les différentes opinions des Auteurs là-dessus, & ne se détermine point. Mais après toutes ces incertitudes, il y a plus d’apparence de s’arrêter à ce que dit Galand, que leud est un vieux mot françois, d’origine gauloise, dont Pasquier dit que sont dérivés lots, & lotir. Ce dernier observe dans ses Recherches Liv. VIII, Ch. 2, que Leudes dans Grégoire de Tours & Aimoin est pris pour sujet ; que Plodoart les nomme Allodes, & que de ce mot est venu alleud, qui est la reconnoissance censuelle, que nous faisons à nos Seigneurs, en conséquence de quoi nous disons tenir des terres en franc-alleud, quand nous n’en payons aucune redevance. Pasq. Chifflet, dans son Glossaire salique, p. 128, le dérive de l’Allemand ael, qui signifie, ingenuum, legitimum, légitime, franc ; & de lod, qu’il interprète : Onus meum quod porto & mihi aufero : Ma charge, ce que je prends pour moi, & que j’emporte ; du verbe allemand ladem, qui veut dire, emprunter, enlever. De-là, dit-il, s’est formé Aellod, Allodium, allea ; pour dire, mon bien