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ACH

gère. Terminer, ne se dit guère que pour les discussions, les différens & les courses.

Achever, au figuré, synonyme de perfectionner, donner à une chose toutes les perfections, toutes les bonnes qualités de son genre. Perficere. Souvent les auteurs ne se donnent pas la peine d’achever leurs ouvrages. L’étude commence un honnête homme, & le commerce du monde l’acheve. S. Evr. Dans ce sens il est plus souvent employé comme adjectif. Voyez Achevé.

☞ On dit, achever les jours, achever sa carrière, pour dire mourir. Vitam finire, supremum diem obire.

Achever quelqu’un, signifie quelquefois le tuer, lui donner le dernier coup. Conficere. Le Commandant se jeta des Tours en bas, où le Général le fit achever en sa présence. Mém. de M. de la Rochef. Il trouva son ennemi blessé à mort, & il eut la cruauté de l’achever.

Quelquefois il est synonyme de ruiner. Il ne falloit plus que ce malheur pour m’achever, ou pour m’achever de peindre.

Bientôt pour m’achever, un homme à mine austère.
Un exploit à la main, entre en mon Presbytère.

☞ Quelquefois encore on l’emploie comme synonyme d’enivrer entièrement. Il ne falloit plus que cette santé pour l’achever.

☞ Dans ces acceptions il est du style familier, & s’emploie également avec le pronom personnel.

☞ On dit qu’un homme s’est achevé ; qu’il s’est achevé de peindre ; pour dire, qu’il s’est enivré, ou qu’il s’est ruiné.

☞ Il est inutile d’avertir que s’achever de peindre, & achever de se peindre, signifient des choses tout-à-fait différentes.

Achever un cheval (terme de Manége). Voyez Achevé.

Achever, terme de Potier d’étain, se dit de ce qui reste à faire depuis que l’ouvrage est tourné, jusqu’à ce qu’il soit fini.

☞ ACHEVÉ, ÉE. part. & adj. Dans le sens propre fini, conduit à son dernier période. Finitus, absolutus. Cet ouvrage, ce bâtiment n’est pas encore achevé.

Achevé, dans le sens figuré, synonyme de parfait, perfectus, numeris omnibus absolutus, s’applique à ce qui a toutes les bonnes qualités de son genre, sans aucun défaut. Une chose est achevée, quand elle ne peut pas être mieux. C’est une pièce achevée. Une beauté achevée. Il arrive souvent que les choses se présentent plus achevées à notre esprit, qu’il ne les pourroit faire avec beaucoup d’art. La Rochef.

☞ Ce terme appliqué aux choses, ne se prend jamais en mauvaise part. Appliqué aux personnes, il se prend ordinairement en bonne part. C’est un Prince achevé, qui a toutes les perfections requises, auquel il ne manque aucune des bonnes qualités qu’il doit avoir.

☞ Mais quelquefois aussi on s’en sert pour désigner ce qui est extrêmement mauvais dans son espèce. C’est un fou achevé, un sot achevé, c’est-à-dire, auquel il ne manque rien pour être ce qu’il est.

☞ Les Auteurs du grand Vocabulaire prétendent qu’achevé au figuré désigne ce qui est parfait, accompli, & qui a toutes les qualités requises pour être supérieur dans son espèce. Ces dernières paroles renferment une erreur évidente. Cela ne se dit que de ce qui excelle, parce qu’exceller suppose une comparaison, & met au-dessus de tout ce qui est de la même espèce : mais être achevé, suppose & désigne seulement le degré de perfection qui convient à la chose, sans faire de comparaison, & n’exclut point les égaux. L’Athalie de Racine est une Tragédie achevée, sans doute : mais on pourroit dire la même chose d’une autre Tragédie sur le même sujet. La Descente de croix de Rubens est un tableau achevé : mais on pourroit dire la même chose du tableau d’un grand Peintre qui auroit traité le même sujet, & l’on diroit de ces deux tableaux qu’ils sont achevés. Ainsi achevé ne suppose point de comparaison, ne met point une chose au-dessus de celles de son espèce, ou ne la rend point supérieure dans son espèce. Lorsqu’on se monte sur le ton critique, & qu’on s’érige en réformateurs, il faut avoir l’esprit de justesse & de distinction. On ne trouve pas dans cet exemple, ainsi que dans bien d’autres, cette gradation philosophique dont se vantent ces auteurs, qui fait apercevoir d’un coup-d’œil l’origine, la filiation, les sens différens, la vraie valeur, & le meilleur emploi d’un mot pris séparement ou réuni avec d’autres.

En termes de Manège, on appelle un cheval achevé, celui qui est bien dressé, & qui ne manque point à faire un certain manège. On dit, un cheval commencé, acheminé, & achevé ; pour exprimer les diverses dispositions & états d’un cheval qui a de l’école.

Ces mots viennent de chef, comme qui diroit, mettre à chef, mettre à perfection.

ACHEVOIR. s. m. Terme de manufacture. En certains lieux, en parlant d’une toile ou d’une étoffe, on dit qu’elle est à l’achevoir, quand il n’en reste que peu d’aunes à faire. Finitio.

ACHIA. s. f. Sorte de canne qui croît dans les Indes orientales, que l’on confit en vert dans le pays avec de fort vinaigre, du poivre, quelques épices, & autres ingrédiens.

ACHIER. s. m. Vieux mot. C’étoit le lieu où l’on mettoit les ruches des abeilles. On trouve dans une ancienne Coutume : l’essain d’Aviettes est mien, & le vy partir de mon achier. Il vient d’apiarium, lieu où l’on entretient des abeilles, en le prononçant de quatre syllabes, apiarium, au lieu de cinq. De cette manière on a dit d’abord apchier, & par corruption achier. C’est ainsi que l’on dit S. Poange, de Sanctus Potamius. Ces étymologies & d’autres semblables, font voir que nos anciens Gaulois prononçoient i devant une voyelle, de la manière que nous prononçons ge, gi, & justifient en même temps plusieurs étymologies qui paroissent ridicules aux ignorans.

ACHILLE. s. m. Achilles. Nom propre d’un Prince Grec, fils de Pelé & de Thétis, & que sa mère, en le plongeant dans le Styx, rendit invulnérable, excepté par le talon, par lequel elle le tenoit, & par où il fut tué d’un coup de flèche que lui tira Pâris. Un ancien Poëte, nommé Euphorien, & cité par l’Etymologiste, dit que ce nom lui fut donné par les Myrmidons, parce qu’il n’avoit point été nourri comme les autres de pain, qu’il appelle en Grec χιλὸς. Eustasius, au contraire, veut qu’il soit formé d’ἄχος, tristesse, douleur, parce qu’il en causoit beaucoup aux ennemis qu’il attaquoit. D’autres le tirent de ἄχος, douleur, & λύω, je résous, je dissous, parce qu’il ôtoit la douleur, étant habile en Médecine, qu’il avoit apprise du Centaure Chiron, qui eut soin de son éducation. D’autres enfin disent qu’il vient de l’α privatif, & χεῖλος, lèvre, parce qu’il avoit une lèvre brûlée. Tout cela n’a pas grande apparence.

Des héros de Roman fuyez les petitesses,
Toutefois aux grands cœurs donnez quelques foiblesses.
Achille déplairoit, moins bouillant & moins prompt :
J’aime à lui voir verser des pleurs pour un affront

Boil

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La Thessalie entière ou vaincue, ou calmée,
Lesbos même conquise en attendant l’armée,
De toute autre valeur éternels monumens,
Ne font d’Achille oisif que les amusemens.

Rac.

Achille, est encore le nom de quelques autres personnages connus dans l’Histoire. S. Irénée envoya un Achille à Valence en Espagne, pour y prêcher l’Evangile. Un Achille Statius, ou Statio, Portugais. Un Achille Tatius, ou Tatii, qui avoit écrit une histoire mêlée, un traité de la Sphère, un roman des amours de Leucippe & de Clitophon, & un ouvrage sur les phénomènes d’Aratus, dont il nous reste un fragment, que Victorius a imprimé le premier sur un manuscrit de la Bibliothèque de Florence, & que le P. Petau a traduit & réimprimé. Photius parle de cet Auteur dans sa Bibliot.