Page:Dictionnaire analytique d’économie politique.djvu/88

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne se faisaient aucun scrupule de l’altérer dans leurs pressans besoins, et se laissaient peu toucher par les réclamations, les clameurs et les séditions des peuples. Le droit de battre monnaie emportait dans leur pensée le droit d’en user et d’en abuser selon leur bon plaisir. À leur exemple les faussaires regardaient la monnaie comme de bonne prise, et consommaient l’iniquité dont ils n’étaient que les complices. Dans un tel ordre de choses, la monnaie trompait tous les calculs du commerce, menaçait toutes ses spéculations et compromettait sa fortune. Cet écueil causait plus d’un naufrage.

Ce fut donc une grande vue que celle de mettre la monnaie à l’abri des nécessités du pouvoir, de la cupidité des faussaires et des abus de l’ignorance. Les banques en eurent la gloire et le service qu’elles rendirent au commerce, sous ce rapport, n’eut pas peu de part à ses prodiges.

Leur plan fut simple : elles arrêtèrent qu’elles ne donneraient et ne recevraient la monnaie, qu’au titre et au poids qu’elles fixèrent ; et dès lors la monnaie locale eut pour le commerce une fixité certaine. Il lui suffit de stipuler dans tous ses marchés, qu’il effectuerait ses paie-mens en monnaie de banque, mesure qui lui garantissait qu’il ne paierait que ce qu’il devait payer et qu’il recevrait ce qu’il devait recevoir. Ses intérêts furent, par conséquent, parfaitement à couvert de tous les désordres de la monnaie et