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avances au gouvernement qu’ils y trouvent un nouveau gage de la conservation de leurs emplois, et la certitude de l’accroissement de leurs bénéfices.

Il n’est pas facile en effet de révoquer des préposés qui sont créanciers de sommes considérables qu’on est hors d’état de leur rembourser, et qui ne pourraient être évincés avec quelque justice sans assurer leur remboursement.

La conséquence de ces sortes, d’emprunts est que lorsqu’ils se sont accumulés au point d’absorber la plus grande partie du revenu et de laisser en souffrance la plus grande partie du service public, on s’en débarrasse par une banqueroute directe ou indirecte. Un ministre audacieux ou pressé par le besoin ne craint pas de frapper sur les, traitans qui lui refusent les secours dont il a besoin. Il les remplace par des spéculateurs plus hardis ou plus confians, qui ne comptent pour rien les risques de ceux qui les ont précédés, et qui ne craignent pas de s’exposer à la banqueroute, parce qu’ils se flattent de trouver de riches équivalens dans les bénéfices que dévore leur cupidité. Pendant deux siècles et demi le gouvernement français pressura les traitans par des anticipations et des banqueroutes, et, cependant c’est parmi les traitans que se formaient ces fortunes scandaleuses qui excitaient l’indignation des peuples et le mépris des gens de bien. Preuve certaine que