Page:Dictionnaire analytique d’économie politique.djvu/375

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il en est tout autrement de la faculté productive de la terre, plus elle produit, moins elle est capable de produire, moins elle est productive. Elle s’épuise par le seul usage de ses forces, et s’anéantit par la continuité de leur emploi ; toutes les améliorations que lui prodiguent le génie et l’industrie de l’homme ne font qu’arrêter sa décadence, et ne peuvent tout au plus que lui conserver sa fécondité naturelle ; elle est toujours devancée par la faculté procréatrice de l’homme et dans l’impuissance de l’atteindre. Il faut pour qu’elles puissent marcher d’un pas égal que la faculté procréatrice de l’homme s’arrête et proportion ne sa marche à celle de la faculté productive de la terre, autrement la famine, la maladie et la mort rétablissent l’équilibre entre elles.

Vainement observe-t-on que la consommation est le mobile de la production ; que, dès que le nombre des consommateurs augmente la demande des subsistances, cette demande est toujours et nécessairement satisfaite.

S’il en était ainsi, il n’y a pas un seul état en Europe et dans le monde entier qui n’eût proportionné ses productions à sa faculté de produire, qui, s’il avait suffi de la demande des produits agricoles pour déterminer leur culture, eût laissé inculte un are de terre. La faculté illimitée de la procréation eût demandé continuellement à la terre de plus grands produits ; et si la demande eût été consentie, les états contiendraient dix fois