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traire des marchandises dont il peut s’emparer pour ses besoins ou pour satisfaire sa cupidité ; qui peut les retenir pour son compte, y mettre le prix qu’il veut et les payer quand bon lui semble ; qui, s’il a la pudeur de ne pas mériter le reproche de spoliation peut soumettre les marchandises qui sont mises sous sa sauve-garde à de nouveaux impôts et en retenir une partie quand il ne peut pas s’approprier la totalité. Ou je me trompe fort, ou un commerçant sage et prudent ne s’exposera pas à de semblables risques.

L’entrepôt fictif lui offrirait-il plus de garanties et de confiance ? Pas davantage.

Si l’entrepôt réel met le commerce à la merci du pouvoir absolu, l’entrepôt fictif expose les commerçans à toutes les vexations, à toutes les tracasseries, à toutes les avanies de ses agens. Obligés de représenter à toute réquisition les produits qu’ils ont en entrepôt fictif, les commerçans ne peuvent échapper à l’avidité de leurs surveillans que par la corruption, résultat déplorable qui rend l’entrepôt fictif tout aussi périlleux que l’entrepôt réel, et le rend également impossible dans les gouvernemens absolus.

Cet avantage des gouvernemens libres et constitutionnels sur les gouvernemens absolus, dans une des principales branches de la richesse, explique pourquoi ils sont restés à une si grande distance les uns des autres dans la carrière de la richesse et de l’opulence ; pourquoi les gouver-