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réputation de richesse dont vous jouissiez, par vos assurances réitérées, que vous me donneriez pour mes avances un intérêt triple, quadruple même, que j’eusse continué, même aujourd’hui, à faire des sacrifices en me contentant de votre simple billet, si je n’avais eu tout à coup une révélation inattendue sur le mystère de votre vie secrète.

— Qui vous a instruit ? s’écria le vieillard désespéré. Qui, malgré mes précautions, a pu me trahir ? Le nom ! le nom de cette personne ! »

Le rusé nain, pensant à part lui que s’il nommait l’enfant ce serait mettre le vieillard sur la trace de l’artifice dont il s’était servi, et qu’il valait mieux n’en rien dire puisqu’il n’avait rien à y gagner, réfléchit un moment, puis demanda :

« Qui soupçonnez-vous ?

— C’est Kit, sans doute ; ce ne peut être que Kit ! … il m’aura espionné, et vous, vous l’aurez gagné !

— Comment avez-vous pu vous en douter ? dit le nain en affectant la commisération. Eh bien ! oui, c’est Kit. Pauvre Kit ! »

En disant ces mots, il inclina la tête d’une manière tout amicale et prit congé du vieillard. Quand il fut dehors, à quelques pas de la boutique, il s’arrêta, et ricanant avec un plaisir indicible :

« Pauvre Kit ! murmura-t-il. J’y songe, c’est lui qui a dit que j’étais le nain le plus laid qu’on pût montrer pour un penny Ha ! ha ! ha ! pauvre Kit ! »

Et, en parlant ainsi, il s’en alla comme il était venu, le visage épanoui de joie.






CHAPITRE X.


Si Daniel Quilp s’était glissé comme une ombre dans la maison du vieillard, s’il en était sorti de même, il n’avait pourtant pas échappé à tous les yeux. En face, sous une voûte ténébreuse menant à l’un des passages qui partaient de la rue, se tenait en observation un individu aposté en ce lieu depuis le commence-