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au gentleman que, depuis le moment où il avait perdu les traces de son cher petit dépôt, il avait perdu du même coup tout repos et tout bonheur.

« Bon Dieu ! dit le gentleman parcourant la chambre, ai-je donc enfin trouvé ces hommes pour découvrir seulement qu’ils ne peuvent me fournir de renseignements utiles ! Il eût mieux valu vivre au jour le jour avec l’espérance, sans jamais les rencontrer, que de voir ainsi tromper mon attente.

— Une minute, dit Short. Un homme nommé Jerry… Vous connaissez Jerry, Thomas ?

— Oh ! ne me parlez pas de Jerry, répliqua M. Codlin. Je me moque de Jerry comme d’une prise de tabac, quand je songe à cette charmante enfant. « C’est Codlin qui est mon ami, disait-elle ; cher, bon, tendre Codlin, qui invente toujours quelque chose pour me faire plaisir ! Je n’ai rien à dire contre Short, disait-elle, mais je corde avec Codlin. »

Il parut réfléchir et ajouta :

« Une fois elle m’appela « Papa Codlin. » J’ai cru que j’allais en pleurer de joie.

— Monsieur, dit Short passant de son égoïste associé à leur nouvelle connaissance, un homme nommé Jerry, qui conduit une troupe de chiens, m’a appris par hasard en route qu’il avait vu le vieillard en compagnie d’une collection de figures de cire qui voyage et qu’il ne connaît pas. Comme le vieillard et l’enfant nous avaient quittés furtivement, qu’on n’avait plus entendu parler d’eux, et qu’on les avait vus ailleurs que dans le pays où nous étions, je ne m’inquiétai pas davantage à ce sujet et je ne fis pas d’autres questions à Jerry. Mais il y aurait moyen, si vous voulez.

— Cet homme est-il à Londres ? dit impatiemment le gentleman. Parlez donc vite.

— Non, il n’y est pas, mais il y arrivera demain, répondit vivement Short. Il loge dans la même maison que nous.

— Eh bien ! amenez-le-moi. Voici un louis pour chacun de vous. Si par votre secours je réussis à retrouver ceux que je cherche, je vous en donnerai vingt fois plus. Revenez me voir demain, et réfléchissez entre vous sur ce sujet. Il est à peu près inutile que je vous le recommande, car vous agirez dans votre propre intérêt. Maintenant, donnez-moi votre adresse, et laissez-moi. »