chauve et son visage. Il avait très-chaud, et certes il y avait bien de quoi ; car sans compter l’exercice violent qu’il avait pris en faisant gravir l’escalier à sa malle, il était tout emmitouflé dans des vêtements d’hiver, bien que durant toute la journée le thermomètre eût marqué dix-neuf degrés à l’ombre.
« Je pense, monsieur, dit Richard Swiveller retirant sa plume de sa bouche, que vous désirez voir cet appartement. Un très-bel appartement, monsieur. On y jouit sans interruption de la vue de… de la rue et au delà, et il est situé à une minute de… du coin de la rue. Dans le voisinage immédiat, monsieur, on trouve d’excellent porter, et d’autres agréments accessoires à l’avenant.
— Quel prix ? dit le gentleman.
— Vingt-cinq francs par semaine, répondit Richard, enchérissant sur les conditions de loyer que lui avait indiquées la servante.
— Je le prends.
— Les bottes et les habits sont à part ; et l’hiver, le feu coûte…
— Je consens à tout.
— On ne le loue pas à moins de deux semaines, dit Richard ; c’est…
— Deux semaines ! s’écria brusquement le gentleman en regardant Swiveller de la tête aux pieds. Deux années. J’y resterai deux années ; oui, deux années ici. Tenez, voici deux cent cinquante francs. Le marché est conclu.
— Pardon, dit Richard. Je ne me nomme pas Brass, et…
— Qui vous parle de cela ?« Je ne me nomme pas Brass. » Qu’est-ce que ça me fait ?
— C’est le nom du maître de la maison.
— J’en suis charmé, répliqua le gentleman. C’est un nom excellent pour un homme de loi. Cocher, vous pouvez partir. Vous aussi, monsieur. »
M. Swiveller était tellement confondu en voyant le gentleman agir d’un air aussi délibéré, qu’il restait là à le contempler avec autant de surprise que lui en avait causé la vue de miss Sally. Quant au gentleman, il ne témoignait pas la moindre émotion : bien plus, il se mit avec un calme parfait à dérouler le châle qui était noué autour de son cou et à tirer ses bottes. Dégagé de cet attirail, il défit successivement les autres parties de son ha-