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sera jamais son fouet tranquille ; jamais les chevaux n’iront assez vite pour elle. Si les chevaux ont bien leur charge, vous ne persuaderez jamais à une femme qu’ils ne peuvent pas encore porter quelque chose de plus. Pourquoi donc me demandez-vous cela ?

— Si nous prenions avec nous ces deux voyageurs, cela ferait-il une grande surcharge pour les chevaux ? dit la maîtresse sans répondre à la tirade philosophique de Georges et en montrant Nelly et le vieillard, qui se disposaient tristement à reprendre leur marche.

— Dame, ce serait toujours une surcharge tout de même, dit Georges mal satisfait.

— Cela ferait-il une grande surcharge ? répéta la maîtresse Ils ne doivent pas être bien lourds.

— Leur poids à tous deux, madame, dit Georges, les mesurant du regard comme un homme qui calcule en lui-même, à une demi-once près, leur poids vaudrait à peu de chose près celui d’Olivier Cromwell. »

Nelly fut très-surprise de ce que cet homme pouvait si exactement calculer le poids d’un personnage qui, d’après ce qu’elle avait lu dans les livres, avait vécu à une époque si éloignée ; mais elle ne tarda pas à oublier ce sujet, toute joyeuse d’apprendre que son grand-père cheminerait avec elle dans la caravane ; elle en remercia la dame de tout son cœur. Elle l’aida vivement à ranger les tasses et tout ce qui avait servi à leur repas ; car tout cela était encore sur l’herbe. Pendant ce temps, on avait attelé les chevaux. Nelly et son grand-père, ravis de cette bonne aubaine, montèrent dans la voiture. Leur protectrice ferma la porte et s’assit près de son tambour à une fenêtre ouverte ; Georges releva le marchepied et s’installa sur son siège. La caravane partit avec un grand bruit de ressorts, de grincements de roues et d’essieux ; et le brillant marteau de cuivre, que personne n’avait peut-être jamais soulevé pour frapper à la porte, se dédommageait à chaque cahot en se donnant le plaisir de se frapper lui-même tout le long de la route.