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« J’espère que vous n’avez aucun motif d’être inquiet pour lui, monsieur, dit Nelly avec anxiété.

— Non, pas précisément, ma chère. Je comptais le voir ce soir sur la pelouse. Il était toujours le premier à prendre sa part du cricket. Mais il y sera sans doute demain.

— Est-ce qu’il a été malade ? demanda l’enfant avec la sympathie de son âge.

— Malade ! oui, un peu indisposé. On dit qu’il a eu du délire hier, ce cher enfant, et aussi la veille ; mais c’est inévitable avec ce genre de maladie : ce n’est pas un mauvais symptôme ; il n’y a pas là de mauvais symptôme. »

L’enfant se tut. Le maître d’école alla à la porte et regarda attentivement dehors. Les ombres de la nuit s’épaississaient, et tout était tranquille.

« S’il pouvait trouver quelqu’un pour lui donner le bras, il viendrait ici, bien sûr, dit-il en rentrant dans la chambre. Il ne manque jamais de venir au jardin me souhaiter le bonsoir. Mais peut-être sa maladie ne fait-elle que de prendre meilleure tournure, et il est sans doute trop tard pour qu’il vienne ; car il y a beaucoup d’humidité, et la rosée est très-abondante. Il vaut mieux qu’il ne vienne pas ce soir. »

Le maître d’école alluma une chandelle, assujettit le contrevent de la croisée et ferma la porte. Mais, après avoir pris ces soins et s’être assis en silence, au bout de quelques instants il décrocha son chapeau et dit à Nelly qu’il avait besoin de sortir pour aller aux nouvelles, qu’elle l’obligerait si elle voulait bien rester là jusqu’à ce qu’il fût de retour. L’enfant le lui promit, et le brave homme sortit.

Nelly resta assise et immobile durant une demi-heure et même davantage, toute seule, toute seule ; car elle avait déterminé son grand-père à aller se coucher, et elle n’entendait que le tic tac d’une vieille horloge et le sifflement du vent à travers les arbres.

Lorsque le maître d’école revint, il reprit sa place au coin de la cheminée, mais demeura silencieux pendant longtemps. Enfin il se tourna vers Nelly, et, d’une voix douce, il l’invita à vouloir bien, cette nuit, faire une prière pour un enfant malade.

« Mon élève favori ! dit le pauvre maître d’école, fumant sa pipe qu’il avait oublié d’allumer, et, regardant tristement les exemples collés sur les murs oui c’est sa petite main qui a fait