Page:Dickens - Magasin d Antiquités, trad Des Essarts, Hachette, 1876, tome 1.djvu/194

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pouvions entendre, parce que nous étions en train de rattraper le poney. »

Kit en était à se demander ce que cela signifiait ; mais, comme il ne pouvait rester là à faire des questions, il remit sa malle sur son épaule et suivit la jeune fille dans la cour d’entrée où, par une porte de derrière, il aperçut M. Garland ramenant triomphalement du jardin le poney volontaire qui, durant une heure trois quarts (à ce qu’on lui dit plus tard) s’était amusé à faire courir après lui toute la famille dans un petit enclos situé à l’extrémité de la propriété.

Le vieux monsieur le reçut très-cordialement ; il en fut de même de la vieille dame : la bonne opinion qu’elle avait déjà conçue de lui se fortifia encore lorsqu’elle vit avec quel soin il frottait ses bottes sur le paillasson pour bien ratisser les semelles. On l’introduisit dans le parloir où il passa l’inspection dans son nouveau costume ; après avoir subi à plusieurs reprises cet examen d’une manière que sa bonne tenue rendit tout à fait satisfaisante, il fut conduit à l’écurie, où le poney lui fit un accueil des plus gracieux ; de là, dans la petite chambre très-propre et très-commode qu’il avait déjà remarquée ; de là, dans le jardin, où le vieux gentleman lui dit qu’il aurait de la besogne, énumérant en outre tous les avantages qu’il retirerait de sa position si l’on trouvait qu’il s’en montrât digne. À toutes ces marques de bienveillance, Kit répondit par mille protestations de reconnaissance, et il souleva si souvent son chapeau, que le bord en souffrit considérablement. Quand le vieux gentleman eut épuisé le chapitre des recommandations et des promesses, et Kit celui des remercîments et des protestations, notre garçon fut conduit de nouveau vers Mme Garland qui, appelant sa petite servante nommée Barbe, lui recommanda de mener Kit à la cuisine et de lui donner à manger et à boire pour le reposer de sa course.

Cette cuisine, jamais Kit n’en avait vu de semblable, si ce n’est dans quelque image : tout y était aussi propre, aussi luisant, aussi bien rangé que Barbe elle-même. Kit s’y assit à une table aussi blanche qu’une nappe ; Barbe lui servit de la viande froide et de la petite bière ; mais Kit était bien embarrassé. Il fallait voir avec quelle maladresse il maniait sa fourchette et son couteau, en pensant qu’il y avait là une demoiselle Barbe, une inconnue, qui le regardait et l’observait.

Il n’y a pas lieu cependant de croire que Barbe fût bien