Page:Dickens - Magasin d Antiquités, trad Des Essarts, Hachette, 1876, tome 1.djvu/137

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

temps en temps ils trouvaient un groupe de pauvres chaumières ayant, pour la plupart, un siège ou une balancelle devant la porte ouverte, pour empêcher les enfants d’aller sur la route ; les autres étaient hermétiquement fermées, tandis que la famille entière travaillait aux champs. C’était souvent le commencement d’un petit village. Puis venait le hangar d’un charron ou la forge d’un maréchal ; ensuite une ferme opulente avec ses vaches couchées nonchalamment sur l’herbe, avec ses chevaux regardant par-dessus le mur à hauteur d’appui, et décampant lestement, comme pour faire parade de leur liberté, lorsque d’autres chevaux attelés passaient sur la route. On y voyait encore d’épais pourceaux fouillant le sol pour trouver quelque mets friand, et poussant leur grognement monotone, tandis qu’ils rôdaient seuls ou se croisaient dans leurs poursuites ; des pigeons dodus effleurant le toit dans leur vol circulaire, ou s’y posant avec grâce ; des canards et des oies, qui se croyaient sans doute bien autrement gracieux, se dandinant lourdement le long des bords de la mare, ou glissant à la surface de l’eau. Après la ferme, se présentait une modeste auberge ; puis le cabaret plus modeste encore ; puis la maison du marchand forain, puis celle du procureur et celle du curé, deux noms qui font trembler le cabaretier ; puis l’église, qui s’élevait modestement derrière un bouquet d’arbres, puis quelques autres chaumières ; puis la fourrière[1], et çà et là, au bord du chemin, un vieux puits couvert de poussière. Enfin, après avoir passé entre des champs bordés de haies, ils revirent la grande route.

Ils marchèrent toute la journée, et s’arrêtèrent la nuit dans une chaumière où on louait des lits aux voyageurs. Le lendemain matin ils recommencèrent leur course pédestre, et, bien qu’exténués de fatigue, ils ne tardèrent pas à se remettre et à s’avancer d’un pas vif et soutenu.

Souvent ils faisaient halte pour se reposer, mais ce n’était que durant quelques minutes, puis ils repartaient, n’ayant pris, depuis le matin, qu’une légère collation. Il était près de cinq heures de l’après-midi quand, arrivée à un nouveau hameau, l’enfant se mit à regarder attentivement dans chacune des chaumières, avant de se décider à solliciter quelque part la per-

  1. Presque dans chaque village est un endroit particulier, destiné à garder les animaux perdus ou égarés qui n’ont pas encore été réclamés