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Il était nécessaire d’informer Mme Trundle des prodigieux préparatifs qui se faisaient à Londres ; et, comme sa situation était alors très-intéressante, cette nouvelle lui fut communiquée par M. Trundle, de peur qu’elle n’en fût bouleversée. Mais elle ne fut pas bouleversée le moins du monde, car elle écrivit sur-le-champ à Muggleton pour se faire faire un nouveau bonnet et une robe de satin noire, et elle déclara, de plus, sa détermination d’être présente à la cérémonie. M. Trundle, à ces mots, envoya immédiatement chercher le docteur. Le docteur décida que Mme Trundle devait savoir, mieux que personne, comment elle se sentait ; à quoi Mme Trundle répondit qu’elle se sentit assez forte pour aller à Londres et qu’elle y irait. Or, le docteur était un docteur habile et prudent. Il savait ce qui était bon pour lui-même aussi bien que pour ses malades ; son avis fut donc que si Mme Trundle restait chez elle, elle se tourmenterait peut-être de manière à se faire plus de mal que ne lui en ferait le voyage, et que, par conséquent, il valait mieux la laisser partir. Elle partit en effet, et le docteur eut l’attention de lui envoyer une douzaine de potions, pour boire le long de la route.

En addition à tous ses embarras, M. Wardle avait été chargé de deux petites lettres, pour deux petites demoiselles, qui devaient officier comme demoiselles d’honneur. En apprenant cette importante nouvelle, les deux demoiselles faillirent se désespérer de n’avoir rien à mettre dans une occasion aussi importante, et pas même le temps de rien faire faire, circonstance qui ne parut pas affecter aussi tristement les dignes papas desdites demoiselles. Cependant, de vieilles robes furent rajustées, on fabriqua à la hâte des chapeaux neufs, et les deux demoiselles furent aussi belles qu’il était possible de l’espérer. D’ailleurs, comme elles pleurèrent aux endroits convenables, le jour de la cérémonie, et comme elles tremblèrent à propos, tous les assistants convinrent qu’elles s’étaient admirablement acquittées de leurs fonctions.

Comment les deux parents pauvres atteignirent Londres ; s’ils y allèrent à pied, ou montèrent derrière des voitures, ou grimpèrent dans des charrettes, ou se portèrent mutuellement, c’est ce que nous ne saurions dire ; mais ils y étaient arrivés avant M. Wardle, et ce furent eux qui, les premiers, frappèrent à la porte de M. Pickwick, le jour du mariage. Leur visage n’était que sourires et cols de chemise.

Ils furent reçus cordialement, car la pauvreté ou la richesse