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temps dans la rue des enfoncés. Plût à Dieu que mon noble ami eût été vivant pour voir comment j’ai conduit cette affaire ! Je ne dis pas cela par amour-propre, mais je pense… mais non, gentlemen, je ne vous fatiguerai pas de mon opinion à cet égard. On me trouve généralement ici, gentlemen ; mais si je ne suis pas ici, ou bien de l’autre côté de la rue, voilà mon adresse. Vous trouverez mes prix fort modérés et fort raisonnables. Il n’y a pas d’homme qui s’occupe plus que moi de ses clients, et je me flatte, en outre, de connaître suffisamment ma profession. Si vous pouvez me recommander à vos amis, gentlemen, je vous en serai très-obligé, et ils vous seront obligés aussi quand ils me connaîtront. À votre santé, gentlemen. »

Ayant ainsi exprimé ses sentiments, M. Salomon Pell plaça trois petites cartes devant les amis de M. Weller, et regardant de nouveau l’horloge, manifesta la crainte qu’il ne fût temps de partir. Comprenant cette insinuation, M. Weller paya les frais ; puis l’exécuteur, le légataire, l’homme d’affaires et les arbitres, dirigèrent leurs pas vers la cité.

Le bureau de Wilkins Flasher, esquire, agent de change, était au premier étage, dans une cour, derrière la Banque d’Angleterre ; la maison de Wilkins Flasher, esquire, était à Brixton, Surrey ; le cheval et le stanhope de Wilkins Flasher, esquire, étaient dans une écurie et une remise adjacente ; le groom de Wilkins Flasher, esquire, était en route vers le West-End pour y porter du gibier ; le clerc de Wilkins Flasher, esquire, était allé dîner ; et ainsi ce fut Wilkins Flasher lui-même qui cria : Entrez ! lorsque M. Pell et ses compagnons frappèrent à la porte de son bureau.

« Bonjour, monsieur, dit Pell en saluant obséquieusement. Nous désirerions faire un petit transfert, s’il vous plaît.

— Bien, bien, entrez, répondit M. Flasher. Asseyez-vous une minute, je suis à vous sur-le-champ.

— Merci, monsieur, reprit Pell ; il n’y a pas de presse. — Prenez une chaise, monsieur Weller. »

M. Weller prit une chaise, et Sam prit une boîte, et les arbitres prirent ce qu’ils purent trouver, et se mirent à contempler un almanach et deux ou trois papiers, collés sur le mur, avec d’aussi grands yeux et autant de révérence que si ç’avaient été les plus belles productions des anciens maîtres.

« Eh bien ! voulez-vous parier une demi-douzaine de vin de Bordeaux, » dit Wilkins Flasher, esquire, en reprenant la con-