— J’en ai pris soin à cause de vous ; autrement je suis bien sûre qu’elle aurait été perdue depuis longtemps. En vérité, c’est plus que vous ne méritez. »
Tout en parlant ainsi et en exprimant avec une petite coquetterie charmante des doutes, des craintes, de l’espoir, sur la conservation de la lettre, Mary la tira de la plus jolie petite guimpe qu’on puisse imaginer, et la tendit à Sam, qui la baisa aussitôt avec beaucoup de galanterie et de dévotion.
« Tiens, tiens, dit Mary en ajustant sa collerette avec une feinte ignorance ; vous avez l’air d’être devenu bien amoureux de cette écriture-là tout d’un coup ? »
Sam ne répondit que par une œillade, dont l’expression brûlante ne pourrait être rendue par aucune description ; puis s’asseyant auprès de Mary, sur l’appui de la fenêtre, il ouvrit la lettre et en examina le contenu.
« Ohé ! s’écria-t-il, qu’est-ce que ça veut dire ?
— Pas de malheur, j’espère ? dit Mary en regardant par-dessus son épaule.
— Que Dieu bénisse vos jolis yeux ! s’écria Sam en se retournant.
— Ne vous occupez pas de mes yeux et pensez à votre lettre. » rétorqua la charmant bonne.
Mais en parlant ainsi, elle lui décochait un regard où brillait tant de malice et de vivacité qu’il était absolument irrésistible.
Sam se rafraîchit donc d’un baiser, et lut ensuite ce qui suit :