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— Monsieur, continua Pott, en posant sa main sur le genou de M. Pickwick et en regardant autour de lui avec un sourire de supériorité intellectuelle, il a lu, pour la métaphysique, à la lettre m ; et pour la Chine, à la lettre c ; et il a amalgamé les fruits de cette double lecture, monsieur ! »

Les traits de M. Pott rayonnèrent de tant de grandeur additionnelle, au souvenir de la puissance de génie et des trésors de science déployés dans le docte travail en question, qu’il s’écoula quelques minutes avant que M. Pickwick eût la hardiesse de recommencer la conversation. Pourtant la contenance de l’éditeur étant retombée graduellement dans son expression ordinaire de suprématie morale, notre philosophe se hasarda à lui dire : « Me sera-t-il permis de demander quel grand objet vous a amené si loin de votre maison ?

— L’objet qui me guide et qui m’anime toujours, dans mes gigantesques travaux, répliqua Pott avec un sourire ; le bien de mon pays.

— Je supposais, effectivement, que c’était quelque mission politique.

— Oui, monsieur, vous aviez raison, répondit Pott. Puis, se courbant vers M. Pickwick, il lui murmura à l’oreille d’une voix creuse et lente : Il doit y avoir demain soir un bal jaune à Birmingham.

— En vérité ! s’écria M. Pickwick.

— Oui, monsieur ; et un souper jaune !

— Est-il possible ? »

Pott affirma le fait par un signe majestueux.

Quoique M. Pickwick fit semblant d’être atterré par cette communication, il était si peu versé dans la politique locale, qu’il ne pouvait pas comprendre suffisamment l’importance de l’affreuse conspiration dont il était question. M. Pott s’en aperçut, et tirant le dernier numéro de la Gazette d’Eatanswill, lui lut avec solemnité le paragraphe suivant :

réunion clandestine des jaunes.
« Un reptile contemporain a récemment vomi son noir venin dans le vain espoir de souiller la pure renommée de notre illustre représentant, l’honorable Samuel Slumkey ; ce Slumkey dont nous avons prédit, longtemps avant qu’il eût atteint sa position actuelle, si noble et si chérie, qu’il serait un jour l’honneur et le triomphe de sa patrie, et le hardi défen-