Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 2.djvu/316

Cette page a été validée par deux contributeurs.

meubles étaient un bureau, un lavabo, un miroir à barbe, un tire-botte et des crochets, un tabouret, quatre chaises, une table et une vieille horloge.

Sur le manteau de la cheminée se trouvait un coffre-fort en fer fixé dans le mur ; enfin un almanach et une couple de tablettes chargées de livres et de papiers poudreux décoraient les murs.

« Je suis bien fâché de vous avoir fait attendre à la porte, monsieur, dit la jeune fille en allumant une lampe et en s’adressant à M. Pickwick avec un gracieux sourire ; mais je ne vous connaissais pas du tout, et il y a tant d’aventuriers qui viennent pour voir s’ils peuvent mettre la main sur quelque chose que réellement…

— Il n’y a pas le moindre besoin d’apologie, ma chère enfant, répliqua M. Pickwick avec bonne humeur.

— Pas le plus léger, mon amour. » ajouta Bob en étendant plaisamment les bras, et sautant d’un côté de la chambre à l’autre, comme pour empêcher la jeune fille de s’éloigner immédiatement. Mais elle ne fut nullement attendrie par ces gracieusetés, car elle exprima tout haut son opinion que M. Bob Sawyer était un polisson, et lorsqu’il voulut l’amadouer par des moyens encore plus pressants, elle lui imprima ses jolis doigts sur le visage, et bondit hors de la chambre, avec force expressions d’aversion et de mépris.

Privé de la société de la jeune bonne, M. Bob Sawyer chercha à se divertir en regardant dans le bureau, en ouvrant les tiroirs de la table, en feignant de crocheter la serrure du coffre-fort, en retournant l’almanach, en essayant, par-dessus ses bottes, celles de M. Winkle senior, et en faisant sur les meubles et ornements diverses autres expériences amusantes, qui causaient à M. Pickwick une horreur et une agonie inexprimables, mais qui donnaient à M. Bob Sawyer un délice proportionnel.

À la fin, la porte s’ouvrit, et un petit vieillard, en habit couleur de tabac, dont le visage et le crâne étaient exactement la contre-partie du crâne et du visage appartenant à M. Winkle junior (si ce n’est que le petit vieillard était un peu chauve), entra, en trottant, dans la chambre, tenant d’une main la carte de M. Pickwick, de l’autre un chandelier d’argent.

« Monsieur Pickwick, comment vous portez-vous, monsieur ? dit le petit vieillard en posant son chandelier et tendant sa