Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 2.djvu/266

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Demain à dix heures précises, j’y serai, dit-il, Sam a tout à fait raison : dites-le-lui de ma part. Voulez-vous prendre un verre de vin, Lowten ?

— Non, monsieur, je vous remercie.

— Vous voulez dire oui, je pense ? » reprit le petit homme en prenant une bouteille et des verres.

Comme effectivement Lowten voulait dire oui, il n’ajouta rien sur le même sujet, mais, s’adressant à Job, il lui demanda à voix basse, assez haut cependant pour être entendu de Perker, si son portrait, qui était pendu à côté de la cheminée, n’était pas étonnant de ressemblance ? Nécessairement Job répondit que oui ; puis, le vin étant versé, Lowten but à la santé de mistress Perker et des enfants, et Job à celle de M. Perker. Cependant le gentleman aux culottes de peluche, ne regardant pas comme une partie de son devoir de reconduire les gens de l’étude, et ne daignant pas répondre à la sonnette, nos deux messagers se reconduisirent eux-mêmes. L’avoué rentra dans son salon, le clerc dans sa taverne et Job dans le marché de Covent-Garden, pour y passer la nuit, dans un panier à légumes.

Le lendemain matin, ponctuel à l’heure dite, le brave petit avoué frappa à la porte de M. Pickwick. Sam l’ouvrit avec empressement. « Monsieur Perker, dit-il à M. Pickwick, qui était assis près de la fenêtre, dans une attitude pensive ; puis il ajouta : Je suis bien content, monsieur, que vous soyez venu par hasard. J’imagine que le gouverneur a quelque chose à vous dire. »

Perker fit comprendre à Sam, par un coup d’œil d’intelligence, qu’il ne parlerait pas de son message, et lui ayant fait signe de s’approcher, il lui chuchota quelques mots à l’oreille.

« Vraiment, monsieur ? c’est-il possible ! » s’écria Sam en reculant de surprise.

Perker sourit et fit un geste affirmatif. Sam regarda le petit avoué, puis M. Pickwick, puis le plafond, puis le petit avoué sur nouveaux frais ; il sourit, il éclata de rire tout à fait, et finalement, ramassant son chapeau, il disparut sans autre explication.

« Qu’est-ce que tout cela signifie ? demanda M. Pickwick en regardant Perker avec étonnement. Qu’est-ce qui a mis Sam dans un état aussi extraordinaire ?

— Oh ! rien, rien, répliqua le petit homme ; mais, mon cher monsieur, approchez votre chaise de la table, je vous prie, car j’ai beaucoup de choses à vous dire.