Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 2.djvu/255

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Eh ben ! Tommy, dit Mme Cluppins ; comment va c’te pauv’ chère femme de mère ?

— Oh ! elle va très-bien. Elle est dans le parloir de devant, toute prête. Je suis tout prêt aussi, moi. En parlant ainsi, Master Bardell fourrait ses mains dans ses poches et s’amusait à sauter de la première marche du perron sur le trottoir, et vice versa.

— Y a-t-il encore quelqu’un qui vient avec nous ? reprit Mme Cluppins, en arrangeant sa pèlerine.

Mme Sanders y va aussi ; et moi aussi, j’y vas aussi, moi.

— Peste soit du moutard, il ne pense qu’à lui seul. Dites donc, Tommy, mon petit homme ?

— Hein ?

— Qu’est-ce qui vient encore, mon amour ? continua Mme Cluppins d’une manière insinuante.

— Oh ! Mme Rogers, elle vient aussi, elle, répondit Master Bardell, en ouvrant ses yeux de toutes ses forces.

— Quoi ! la dame qui a loué le logement ?. » s’écria Mme Cluppins.

Master Bardell enfonça ses mains plus profondément dans ses poches, et baissa la tête trente-cinq fois, ni plus ni moins, pour exprimer qu’il s’agissait bien de la dame du logement.

« Ah ça ! continua Mme Cluppins ; c’est une vraie noce.

— Qu’est-ce que vous diriez donc, si vous saviez ce qu’il y a dans le buffet ? ajouta Master Bardell.

— Qu’est-ce qu’il y a donc, Tommy ? reprit Mme Cluppins d’un air séduisant. Je suis sûre que vous allez me le dire.

— Non, je ne veux pas ; rétorqua l’intéressant héritier, en secouant sa tête un nombre indéterminé de fois, et en recommençant à sauter sur l’escalier.

— Quel petit mâtin embêtant murmura Mme Cluppins. Allons, Tommy, contez la chose à votre chère Cluppy.

— Maman ne veut pas. Si je ne dis rien, j’en aurai, moi, j’en aurai, moi ! » Réjoui par cette agréable perspective, le jeune prodige s’appliqua avec une nouvelle vigueur à son manège enfantin.

Cette espèce d’interrogatoire avait lieu tandis que M. Raddle, Mme Raddle et le cocher se disputaient sur le prix de la course. L’altercation s’étant terminée à l’avantage de l’automédon, Mme Raddle entra dans la maison, affreusement agitée.