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« Vous serait-il arrivé quelque chose ? lui demanda à la fin M. Pickwick, lorsqu’il eut le bras fatigué de secousses.

— Non, non.

— Eh bien ! alors, bonsoir, reprit-il en essayant de dégager sa main.

— Mon ami, mon bienfaiteur, mon respectable mentor, murmura M. Winkle en le saisissant par le poignet ; ne me jugez pas sévèrement, et lorsque vous apprendrez à quelles extrémités des obstacles insurmontables…

— Allons donc ! dit M. Tupman, en reparaissant à la porte. Si vous ne venez pas, nous allons être enfermés ici !

— Oui, oui ; je suis prêt, » répliqua M. Winkle, et par un violent effort il s’arracha de la chambre de M. Pickwick.

Notre philosophe le suivait des yeux le long du corridor, dans un muet étonnement, lorsque Sam parut au haut de l’escalier, et chuchota un instant à l’oreille de M. Winkle.

« Oh ! certainement, comptez sur moi, répondit tout haut celui-ci.

— Merci, monsieur. Vous ne l’oublierez pas, monsieur ?

— Non, assurément.

— Bonne chance, monsieur, dit Sam, en touchant son chapeau. J’aurais beaucoup aimé aller avec vous, monsieur ; mais naturellement le gouverneur avant tout.

— Vous avez raison, cela vous fait honneur, dit M. Winkle ; » et en parlant ainsi, les interlocuteurs descendaient l’escalier et disparaissaient.

« C’est très-extraordinaire ! pensa M. Pickwick, en rentrant dans sa chambre et en s’asseyant près de sa table dans une attitude réfléchie. Qu’est-ce que ce jeune homme peut aller faire ?. »

Il y avait quelque temps qu’il ruminait sur cette idée, lorsque la voix de Roker, le guichetier, demanda s’il pouvait entrer.

« Certainement, dit M. Pickwick.

— Je vous ai apporté un traversin plus doux, monsieur, en place du provisoire que vous aviez la nuit dernière.

— Je vous remercie. Voulez-vous prendre un verre de vin ?

— Vous êtes bien bon, monsieur, répliqua M. Roker en acceptant le verre. À la vôtre, monsieur.

— Bien obligé.

— Je suis fâché de vous apprendre que votre propriétaire n’est pas très-bien portant ce soir, monsieur, dit le guichetier,