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le-champ, dit l’homme. Il n’est pas bien grand, mais on y dort comme une douzaine de marmottes. Par ici, monsieur. »

Ils traversèrent la porte intérieure et descendirent un court escalier ; la serrure fut refermée derrière eux, et M. Pickwick se trouva, pour la première fois de sa vie, dans une prison pour dettes.




CHAPITRE XII.

Ce qui arriva à M. Pickwick dans la prison pour dettes ; quelle espèce de débiteurs il y vit, et comment il passa la nuit.


Le gentleman qui accompagnait notre philosophe et qui avait nom Tom Roker, tourna à droite au bas de l’escalier, traversa une grille qui était ouverte, et, remontant quelques marches, entra dans une galerie longue et étroite, basse et malpropre, pavée de pierres et très-mal éclairée par deux fenêtres placées à ses deux extrémités.

« Ceci, dit le gentleman en fourrant ses mains dans ses poches et en regardant négligemment M. Pickwick par-dessus son épaule, ceci est l’escalier de la salle.

— Oh ! répliqua M. Pickwick en abaissant les yeux pour regarder un escalier sombre et humide, qui semblait mener à une rangée de voûtes de pierres au-dessous du niveau de la terre. Là, je suppose, sont les caveaux où les prisonniers tiennent leur petite provision de charbon de terre ? Ce sont de vilains endroits quand il faut y descendre, mais je parie qu’ils sont fort commodes.

— Oui, je crois bien qu’ils sont commodes, vu qu’il y a quelques personnes qui s’arrangent pour y vivre et joliment bien !

— Mon ami, reprit M. Pickwick, vous ne voulez pas dire que des êtres humains vivent réellement dans ces misérables cachots ?

— Je ne veux pas dire ! s’écria M. Roker avec un étonnement plein d’indignation, et pourquoi pas ?

— Qui vivent ! qui vivent là ?

— Qui vivent là, oui, et qui meurent là aussi fort souvent.