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« Sam, dit M. Pickwick en lui serrant la main, vous êtes un garçon précieux, inestimable. Vous allez le poursuivre, Sam.

— Certainement, monsieur.

— Aussitôt que vous le découvrirez, écrivez-moi. S’il essaye de vous échapper, empoignez-le, terrassez-le, enfermez-le. Je vous délègue toute mon autorité, Sam.

— Je ne l’oublierai pas, monsieur.

— Vous lui direz que je suis fort irrité, excessivement indigné de la démarche extraordinaire qu’il lui a plu de faire.

— Oui, monsieur.

— Vous lui direz que, s’il ne revient pas dans cette maison, avec vous, il y reviendra avec moi, car j’irai le chercher.

— Je lui en glisserai deux mots, monsieur.

— Vous pensez pouvoir le trouver ? poursuivit M. Pickwick en regardant Sam d’un air inquiet.

— Je le trouverai s’il est quelque part, répliqua Sam avec confiance.

— Très-bien. Alors plus tôt vous partirez, mieux ce sera. »

M. Pickwick ayant ajouté une somme d’argent à ses instructions, Sam mit quelques objets nécessaires dans un sac de nuit et s’éloigna pour son expédition. Pourtant il s’arrêta au bout du corridor, et, revenant doucement sur ses pas, il entr’ouvrit la porte du parloir, et, ne laissant voir que sa tête :

« Monsieur ? murmura-t-il.

— Eh bien ! Sam.

— J’entends-t-il parfaitement mes instructions, monsieur ?

— Je l’espère.

— C’est-il convenu pour le terrassement, monsieur ?

— Parfaitement. Faites ce que vous jugerez nécessaire. Vous aurez mon approbation. »

Sam fit un signe d’intelligence ; et, retirant sa tête de la porte entre-bâillée, se mit en route pour son pèlerinage le cœur tout à fait léger.