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Et pendant tout ce temps-là, dira peut-être quelque lecteur sagace, où donc était Samuel Weller ? Nous allons dire où il était, dans le chapitre suivant.




CHAPITRE VIII.

Qui explique honorablement l’absence de Sam Weller, en rendant compte d’une soirée où il fut invité et assista ; et qui raconte, en outre, comment ledit Sam Weller fut chargé par M. Pickwick d’une mission particulière, pleine de délicatesse et d’importance.


« Monsieur Weller, dit mistress Craddock, dans la matinée du jour mémorable dont nous venons d’esquisser les aventures ; voici une lettre pour vous.

— C’est bien drôle, répondit Sam. J’ai peur qu’il n’y ait quelque chose, car je ne me rappelle pas un seul gentleman dans mes connaissances qui soit capable d’en écrire une.

— Peut-être est-il arrivé quelque chose d’extraordinaire, fit observer mistress Craddock.

— Faut que ça soit quelque chose de bien extraordinaire pour produire une lettre d’un de mes amis, répliqua Sam, en secouant dubitativement la tête. Ni plus ni moins qu’un tremblement de terre, comme le jeune gentleman observa, quand il fut pris d’une attaque. Ça ne peut pas être de mon papa poursuivit Sam, en regardant l’adresse, il fait toujours des lettres moulées parce qu’il a appris à écrire dans les affiches. C’est bien extraordinaire ! D’où cette lettre-là peut-elle me venir ? »

Tout en parlant ainsi, Sam faisait ce que font beaucoup de personnes lorsqu’elles ignorent de qui leur vient une lettre : il regarda le cachet, puis l’adresse, puis les côtés, puis le dos de la lettre, et enfin, comme dernière ressource, il pensa qu’il ferait peut-être aussi bien de regarder l’intérieur, et d’essayer d’en tirer quelques éclaircissements.

« C’est écrit sur du papier doré, dit Sam en dépliant la lettre, et cacheté de cire verte, avec le bout d’une clef ; faut voir ! » et avec une physionomie très-grave, il commença à lire ce qui suit :