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sentation qui, comme on se l’imagine, accabla le maître des cérémonies de délices et d’honneur.

« Bantam, dit M. Dowler, M. Pickwick et ses amis sont étrangers ; il faut qu’ils inscrivent leurs noms. Où est le livre ?

— Le registre des visiteurs distingués de Ba-ath sera à la salle de la Pompe aujourd’hui à deux heures. Voulez-vous guider nos amis vers ce splendide bâtiment et me procurer l’avantage d’obtenir leurs autographes.

— Je le ferai, répliqua Dowler. Voilà une longue visite. Il est temps de partir. Je reviendrai dans une heure. Allons.

— Il y a bal ce soir, monsieur, dit le maître des cérémonies en prenant la main de M. Pickwick, au moment de s’en aller. Les nuits de bal, dans Ba-ath, sont des instants dérobés au paradis, des instants que rendent enchanteurs la musique, la beauté, l’élégance, la mode, l’étiquette, etc…, et par-dessus tout, l’absence des boutiquiers, gens tout à fait incompatibles avec le paradis. Ces gens-là ont, entre eux, tous les quinze jours, au Guidhall, une espèce d’amalgame qui est, pour ne rien dire de plus, re-marquable. Adieu, adieu. »

Cela dit, et ayant protesté tout le long de l’escalier qu’il était fort satisfait, entièrement charmé, complètement enchanté, immensément flatté, on ne peut pas plus honoré, Angelo-Cyrus Bantam, esq., m. c. monta dans un équipage très-élégant qui l’attendait à la porte et disparut au grand trot.

À l’heure désignée, M. Pickwick et ses amis, escortés par Dowler, se rendirent aux salles d’assemblée et écrivirent leur nom sur le livre, preuve de condescendance dont Angélo Bantam se montra encore plus confus et plus charmé qu’auparavant. Des billets d’admission devaient être préparés pour les quatre amis ; mais, comme ils ne se trouvaient pas prêts, M. Pickwick s’engagea, malgré toutes les protestations d’Angelo Bantam, à envoyer Sam les chercher, à quatre heures, chez le M. C., dans Queen-Square.

Après avoir fait une courte promenade dans la ville et être arrivés à la conclusion unanime que Park-Street ressemble beaucoup aux rues perpendiculaires qu’on voit dans les rêves, et qu’on ne peut pas venir à bout de gravir, les pickwickiens retournèrent au Blanc-Cerf et dépêchèrent Sam pour chercher les billets.

Sam Weller posa son chapeau sur sa tête d’une manière nonchalante et gracieuse, enfonça ses mains dans les poches