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— Pas du tout, répondit M. Winkle.

— Oh ! vous avez raison, reprit M. Pickwick, en reposant ses yeux sur Arabella, avec un sourire fort expressif. Vous avez raison ; cela n’est pas extraordinaire, après tout. »

Quoi qu’il en soit, on n’eut pas le temps de penser davantage à cette petite aventure, car les violons et la harpe commencèrent pour tout de bon. M. Pickwick s’élança aussitôt : Les mains croisées, promenade jusqu’à l’extrémité de la chambre, et au retour, jusqu’au milieu de la cheminée ; poussée, de tous les côtés, de bruyants frappements de pieds sur le plancher. Au tour de l’autre couple. En route sur nouveaux frais. Toute la figure se répète, les frappements de pieds recommencent pour marquer la mesure. Un autre couple, et un autre, et un autre encore ! Jamais on ne vit une danse aussi animée ; et enfin, lorsque la vieille lady épuisée eut été remplacée par la femme du bénévole ecclésiastique, lorsque quatorze couples eurent fait la figure, lorsque M. Pickwick et sa nouvelle partner se trouvèrent à la queue des danseurs, on vit cet illustre savant, quoiqu’il n’eût aucun motif quelconque de faire tant d’efforts, continuer de danser perpétuellement à sa place, en souriant tout le temps à sa compagne, avec une douceur angélique et qui défie toute description.

Longtemps avant que M. Pickwick fût fatigué de danser, les nouveaux mariés s’étaient éclipsés de la scène. Il y eut cependant, au rez-de-chaussée, un glorieux souper, et à la suite une longue séance autour de la table. Aussi M. Pickwick s’éveilla-t-il assez tard le lendemain. Il lui sembla alors se rappeler, d’une manière confuse, qu’il avait invité particulièrement et confidentiellement environ quarante-cinq personnes à dîner chez lui, au George et Vautour, la première fois qu’elles viendraient à Londres ; ce qui, comme lui-même le pensa avec raison, indiquait d’une manière à peu près certaine, qu’il ne s’était pas contenté de danser la nuit précédente.

Cependant la journée s’écoula joyeusement, et lorsque le soir fut venu, « Eh ! bien, ma chère, demanda Sam à Emma, votre famille a donc des histoires dans la cuisine, à cette heure ?

— Oui, monsieur Weller, répondit Emma. C’est toujours comme cela la veille de Noël : notre maître ne négligerait pas les vieilles coutumes pour un empire.

— Votre maître a une idée fort judicieuse, ma chère. Je