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sûr ! s’écria-t-elle. Entrez, jeune homme, et fermez d’abord la porte, s’il vous plaît. »

Sam saisit l’occasion aux cheveux, et se présentant dans le parloir, exposa, ainsi qu’il suit, sa commission à mistress Bardell :

« Très-fâché de vous déranger, madame, comme disait le chauffeur à la vieille dame en la mettant sur le gril ; mais comme je viens justement d’arriver avec mon gouverneur et que nous nous en allons incessamment, il n’y a pas moyen d’empêcher ça, comme vous voyez.

— Effectivement le jeune homme ne peut pas empêcher les fautes de son maître, fit observer mistress Cluppins, sur laquelle l’apparence et la conversation de Sam avaient fait beaucoup d’impression.

— Non certainement, répondit mistress Sanders, en jetant un regard attendri sur le petit poêlon, et en calculant mentalement la distribution probable des pommes de terre, au cas où Sam serait invité à souper.

— Ainsi donc, poursuivit l’ambassadeur, sans remarquer l’interruption, voilà pourquoi je suis venu ici : primo, d’abord, pour vous donner congé : le voilà ici ; secondo, pour payer le loyer : le voilà ici ; troiso, pour dire que vous mettiez toutes nos histoires en ordre, pour donner à la personne que nous enverrons pour les prendre ; quatro, que vous pouvez mettre l’écriteau aussitôt que vous voudrez. Et voilà tout.

— Malgré ce qui est arrivé, soupira mistress Bardell, je dirai toujours et j’ai toujours dit que, sous tous les rapports, excepté un, M. Pickwick s’est toujours conduit comme un gentleman parfait ; son argent était toujours aussi solide que la banque, toujours. »

En disant ceci, mistress Bardell appliqua son mouchoir à ses yeux… et sortit de la chambre pour faire la quittance.

Sam savait bien qu’il n’avait qu’à rester tranquille et que les deux invitées ne manqueraient point de parler ; aussi se contenta-t-il de regarder alternativement le poêlon, le fromage, le mur et le plancher, en gardant le plus profond silence.

« Pauvre chère femme ! s’écria mistress Cluppins.

— Pauvre criature !  » rétorqua mistress Sanders.

Sam ne dit rien ; il vit qu’elles arrivaient au sujet.

« Riellement je ne puis pas me contenir, dit mistress Cluppins, quand je pense à une trahison comme ça. Je ne veux