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man que notre maître a envoyé en bas pour être fait aussi confortable que possible.

— Et votre maître s’y connaît. Il m’a envoyé au bon endroit pour ça, ajouta Sam en jetant un regard d’admiration à la jolie bonne ; si j’étais le maître de cette maison ici, je serais toujours où Mary serait.

— Oh ! monsieur Weller ! fit Mary en rougissant.

— Eh bien ! et moi, donc ! s’écria la cuisinière.

— Ah ! cuisinière, je vous avais oubliée, dit M. Muzzle. Monsieur Weller, permettez-moi de vous présenter.

— Comment vous portez-vous, madame ? demanda Sam à la cuisinière. Très-enchanté de vous voir, et j’espère que notre connaissance durera longtemps, comme dit le gentleman à la banknote de cinq guinées. »

Après les cérémonies de la présentation, la cuisinière et Mary se retirèrent dans leur cuisine pour chuchoter pendant dix minutes, et lorsqu’elles furent revenues toutes minaudantes et rougissantes, on s’assit pour dîner.

Les manières aisées de Sam et ses talents de conversation eurent une influence si irrésistible sur ses nouveaux amis, qu’à la moitié du dîner il était déjà avec eux sur un pied d’intimité complète, et les avait mis en pleine possession des perfidies de Job Trotter.

« Je n’ai jamais pu supporter cet homme-là, dit Mary.

— Et vous ne le deviez pas non plus, ma chère, répliqua Sam.

— Pourquoi cela ?

— Parce que la laideur et l’hypocrisie ne va jamais d’accord avec l’élégance et la vertu. C’est-il pas vrai, monsieur Muzzle ?

— Certainement. »

À ces mots Mary se prit à rire et assura que c’était à cause de la cuisinière, et la cuisinière, assurant que non, se prit à rire aussi.

« Tiens, je n’ai pas de verre, dit Mary.

— Buvez avec moi, ma chère, reprit Sam, mettez vos lèvres sur ce verre ici, et alors je pourrai vous embrasser par procuration.

— Fi donc ! monsieur Weller !

— Pourquoi fi, ma chère ?

— Pour parler comme ça.

— Bah ! il n’y a pas de mal. C’est dans la nature. Pas vrai, cuisinière ?