affaires d’abord, les plaisirs après, comme dit le roi Richard quand il poignarde l’autre dans la tour, avant d’étouffer les moutards. »
Après avoir débité cette adresse, Sam s’occupa à polir son chapeau avec son coude droit, et fit d’un air bénin un signe de tête à M. Jinks, qui l’avait entendu d’un bout à l’autre avec une indicible terreur.
« Quel est cet homme, Grummer ? balbutia le magistrat.
— Un malfaiteur très-dangereux, Votre Vin-à-ration. Il a voulu délivrer les prisonniers et il a attaqué les agents de l’autorité. Com’ça nous l’avons empoigné.
— Vous avez bien fait, Grummer. C’est évidemment un bandit audacieux.
— C’est mon domestique, monsieur, dit M. Pickwick, avec un peu d’irritation.
— Ah ! c’est votre domestique ? — Conspiration pour arrêter le cours de la justice et pour assassiner ses officiers. Domestique de Pickwick. Écrivez cela, monsieur Jinks. »
M. Jinks écrivit.
« Comment vous appelez-vous, drôle ? poursuivit le magistrat.
— Weller, répondit Sam.
— Un excellent nom pour le calendrier de Newgate, » observa M. Nupkins.
C’était une plaisanterie ; aussi Grummer, Dubbley, tous les spéciaux, et Muzzle éclatèrent-ils de rire, avec des convulsions qui durèrent pendant cinq minutes.
« Écrivez son nom, monsieur Jinks, reprit le magistrat
— Mettez deux l, vieux pigeon, dit Sam. »
Ici, un malheureux spécial se mit à rire encore et le magistrat le menaça de le faire empoigner sur-le-champ. Il est dangereux, quelquefois, de rire mal à propos.
« Où vivez-vous ? demanda le magistrat.
— Où je me trouve, répondit Sam.
— Notez cela, monsieur Jinks ! cria le magistrat, dont la colère s’augmentait rapidement.
— Et n’oubliez pas de souligner, poursuivit Sam.
— C’est un vagabond, monsieur Jinks ! c’est un vagabond d’après son propre aveu. N’est-ce pas vrai, monsieur Jinks, que c’est un vagabond ?
— Certainement, monsieur.
— Hé bien ! s’écria M. Nupkins en frappant la table de son