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Le vieillard frissonna ; ses mains tombèrent sans force à ses côtés.

« Demain, je quitte l’Angleterre, poursuivit Heyling après une pause d’un instant. Cette nuit je vous dévoue à la mort vivante à laquelle vous m’aviez condamné, une prison sans espérance !… »

En cet endroit, jetant les yeux sur le vieillard, il cessa de parler ; il approcha la lumière de son visage décharné, la remit doucement sur la table, et quitta la chambre.

« Vous feriez bien de monter vers le vieux bonhomme, je crois qu’il se trouve mal, » dit-il à la femme en ouvrant la porte de la rue et faisant signe au garde de le suivre. La femme referma la porte, monta le plus vite qu’elle put l’escalier, et trouva le vieillard… mort !

Dans l’une des vallées les plus gracieuses du jardin britannique, dans un des cimetières les plus tranquilles du comté de Kent, où les fleurs sauvages se marient au gazon, où les oiseaux chantent sans cesse, sous une pierre simple et polie, reposent en paix la mère et l’enfant. Mais les cendres du père ne sont pas mêlées avec les leurs, et depuis sa dernière expédition l’avoué n’eut plus aucune nouvelle de son singulier client.


Lorsque le vieux clerc eut terminé son récit, il se leva, s’approcha d’une des patères, et décrochant son chapeau et sa redingote, il les mit avec beaucoup de tranquillité ; ensuite, sans ajouter un seul mot, il s’éloigna lentement. Le gentleman aux boutons de mosaïque s’était profondément endormi ; et tandis que la majeure partie des assistants étaient gravement occupés à faire tomber des gouttes de suif dans leur grog, M. Pickwick se retira sans être remarqué. Il paya son écot, aussi bien que celui de Sam, et tous deux quittèrent les domaines de la Souche et la Pie.