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— Voici une vieille qui monte les escaliers, monsieur, répliqua Sam. Peut-être qu’elle sait où nous pourrons trouver quelqu’un. Ohé ! vieille lady, où est les gens de M. Perker ?

— Les gens de M. Perker, dit une vieille femme maigre et misérable, en s’arrêtant pour respirer après avoir monté l’escalier ; les gens de M. Perker est parti et moi je vas pour faire le bureau.

— Êtes-vous servante de M. Perker ? demanda M. Pickwick.

— Je suis sa blanchisseuse.

— Ah ! dit M. Pickwick, pour l’édification exclusive de son domestique, c’est une curieuse circonstance, Sam, que, dans ces inns[1], ils appellent les femmes de ménage des blanchisseuses. Je ne comprends pas pourquoi.

— Je me figure, monsieur, que c’est parce qu’elles ont une aversion mortelle à laver quelque chose.

— Cela ne m’étonnerait pas, » répondit M. Pickwick en regardant la vieille femme. En effet, son apparence, comme la tenue du bureau, qu’elle venait d’ouvrir, indiquait une antipathie enracinée contre l’emploi du savon et de l’eau.

« Ma bonne femme, reprit M. Pickwick, savez-vous où je puis trouver M. Perker ?

— Non, je n’en sais rien, répliqua-t-elle d’une voix aigre ; il est hors de la ville, maintenant.

— Cela est bien malheureux ! Et où est son clerc, savez-vous ?

— Oui, je le sais, mais i’ me remercierait drôlement de vous le dire.

— J’ai des affaires très-particulières avec lui.

— Ça ne peut pas se faire demain matin ?

— Pas aussi bien.

— Eh bien, si c’est quelque chose de très-particulier, je puis dire où il est. Ainsi je suppose qu’il n’y a pas de mal à le dire. Si vous allez à la Souche et la Pie et que vous demandiez au comptoir M. Lowten, ils vous introduiront, et c’est le clerc de M. Perker. »

Avec ces instructions, et ayant appris de plus que l’hôtellerie en question était au fond d’une cour, heureusement située

  1. C’est le nom des maisons garnies, habitées ordinairement par les hommes de loi ou les étudiants. (Note du traducteur.)