Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 1.djvu/281

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui se retourne vers moi, avec un sourire agréable, et qui tire la déclaration de sa poche. — Monsieur Wicks, dit-il, prenez un cabriolet et allez au Temple, aussi vite que vous le pourrez, pour faire enregistrer cela. Les frais sont sûrs, car c’est un homme laborieux, avec une famille nombreuse, et qui gagne vingt-cinq shillings par semaine. S’il nous signe une procuration (et il faudra bien qu’il en vienne là), je suis sûr que ses maîtres payeront. Ainsi, monsieur Wicks, il faut tirer de lui tout ce que nous pourrons. C’est un acte de bon chrétien, monsieur Wicks, car avec une grande famille et un petit revenu, il sera heureux de recevoir une bonne leçon, qui lui apprenne à ne plus faire de dettes. N’est-il pas vrai ? n’est-il pas vrai ? — Et en s’en allant son sourire était si bienveillant que cela vous réjouissait le cœur. — C’est un fier homme pour les affaires, ajouta Wicks du ton de l’admiration la plus profonde, un fier homme, hein ?  »

Les trois autres clercs s’unirent cordialement à cette admiration et parurent charmés de l’anecdote.

« Jolis gars, ici, monsieur, murmura Sam à son maître. Bonne idée qu’ils ont sur les farces, monsieur. »

M. Pickwick fit un signe d’assentiment et toussa, pour attirer l’attention des jeunes gentlemen qui étaient derrière la cloison. Ayant rafraîchi leurs esprits par cette petite conversation entre eux, ils eurent la condescendance de s’occuper de l’étranger.

« M. Fogg est peut-être libre maintenant, dit Jackson.

— Je vais voir, reprit Wicks en se levant avec nonchalance. Quel nom dirai-je à M. Fogg ?

— Pickwick, » répliqua l’illustre sujet de ces mémoires.

M. Jackson disparut par l’escalier et revint bientôt annoncer que maître Fogg recevrait M. Pickwick dans cinq minutes. Ayant fait ce message, il retourna derrière son bureau.

« Quel nom a-t-il dit ? demanda tout bas M. Wicks.

— Pickwick, répliqua Jackson. C’est le défendeur dans Bardell et Pickwick. »

Un soudain frottement de pieds, mêlé d’éclats de rires étouffés, se fit entendre derrière la cloison.

« Monsieur, murmura Sam à son maître, voilà qu’ils vous mécanisent.

— Ils me mécanisent, Sam ! Qu’est-ce que vous entendez par me mécaniser ?  »

Pour toute réplique, Sam passa son pouce par-dessus son