Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 1.djvu/275

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Et prenez soin de me tenir cet endroit proprement. Entendez-vous, Hunt ?

— Oui, monsieur.

— Et faites-moi penser à faire mettre un écriteau menaçant de pièges à loup, de chausse-trapes et tout cela, pour les petites gens qui se permettront de se promener sur mes terres. Entendez-vous, Hunt ? entendez-vous ?

— Je ne l’oublierai pas, monsieur.

— Pardon, excuse, monsieur, dit l’autre jardinier en s’avançant avec son chapeau à la main.

— Eh bien ! Wilkins, qu’est-ce qui vous prend ?

— Pardon, excuse, monsieur, mais je pense qu’il y a des gens qui sont entrés ici aujourd’hui.

— Ha ! fit le capitaine en jetant autour de lui un regard farouche.

— Oui, monsieur, ils ont dîné ici, comme je pense.

— Damnation ! c’est vrai, dit le capitaine en voyant les croûtes de pain étendues sur le gazon ; ils ont véritablement dévoré leur nourriture sur ma terre. Ha ! les vagabonds ! si je les tenais ici !… dit le capitaine en serrant son gros rotin.

— Pardon, excuse, monsieur, mais…

— Mais quoi, eh ? vociféra le capitaine ; et suivant le timide regard de Wilkins, ses yeux rencontrèrent la brouette et M. Pickwick.

— Qui es-tu, coquin ? cria le capitaine en donnant plusieurs coups de son rotin dans les côtes de M. Pickwick. Comment t’appelles-tu ?

— Punch ! murmura l’homme immortel, et il se rendormit immédiatement.

— Quoi ? » demanda le capitaine Boldwig.

Pas de réponse.

« Comment a-t-il dit qu’il s’appelait ?

— Punch[1], monsieur, comme je pense.

— C’est un impudent, un misérable impudent. Il fait semblant de dormir à présent, dit le capitaine plein de fureur. Il est soûl, c’est un ivrogne plébéien. Emmenez-le, Wilkins, emmenez-le sur-le-champ.

— Où faut-il que je le roule, monsieur, demanda Wilkins avec grande timidité.

— Roulez-le à tous les diables.

  1. Le polichinelle anglais s’appelle Punch. (Note du traducteur.)