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« Drôle de corps que mon empereur ! Faire la cour à cette Mme Bardell, une femme qui a un petit moutard ! Toujours comme ça qu’ils sont ces vieux garçons qui ont l’air si sage. Quoique ça, je n’aurais pas cru ça de lui, je n’aurais pas cru ça de lui ! » Tout en moralisant de la sorte, M. Weller était arrivé au bureau des voitures.





CHAPITRE XIX.

Un jour heureux, terminé malheureusement.

Les oiseaux saluèrent la matinée du 1er septembre 1831 comme l’une des plus agréables de la saison, car ils ignoraient, heureusement pour la paix de leur cœur, les immenses préparatifs qu’on faisait pour les exterminer. Plus d’une jeune perdrix, qui trottait complaisamment dans les prés, avec toute la gracieuse coquetterie de la jeunesse ; et plus d’une mère perdrix, qui, de son petit œil rond, considérait cette légèreté avec l’air dédaigneux d’un oiseau plein d’expérience et de sagesse, ignorant également le destin qui les attendait, se baignaient dans l’air frais du matin, avec un sentiment de bonheur et de gaieté. Quelques heures plus tard, leurs cadavres devaient être étendus sur la terre ! Mais silence ! il est temps de terminer cette tirade, car nous devenons trop sentimental.

Donc, pour parler d’une manière simple et pratique, c’était une belle matinée, si belle qu’on aurait eu peine à croire que les mois rapides d’un été anglais étaient déjà presque écoulés. Les haies, les champs, les arbres, les coteaux, les marais, se paraient de mille teintes variées. À peine une feuille tombée, à peine une nuance de jaune mêlée aux couleurs du printemps, vous avertissaient que l’automne allait commencer. Le ciel était sans nuage ; le soleil s’était levé, chaud et brillant ; l’air retentissait du chant des oiseaux et du bourdonnement des insectes ; les jardins étaient remplis de fleurs odorantes, qui étincelaient sous la rosée comme des lits de joyaux éblouissants ; toutes choses enfin portaient la marque de l’été, et pas une de ses beautés ne s’était encore effacée.

Malgré le charme de la saison, M. Snodgrass ayant préféré